Publié il y a 1 an - Mise à jour le 31.12.2022 - Anthony Maurin avec Pierre Séjalon de l'Inrap - 2 min  - vu 705 fois

GARD Doulouzargues, un passé bien présent

Empierrement de la voie antique (Photo Cécile Martinez Inrap)

Entre 2011 et 2013, différents diagnostics opérés sur la commune de Codognan, au lieu-dit Doulouzargues, avaient mis en évidence plusieurs pôles d'occupation humaine datés entre le Néolithique et le Moyen Âge.

La fouille menée fin 2013 a préférentiellement concerné, sur une surface de 1,3 hectare, des vestiges du Néolithique, de l'âge du Fer, et un axe de circulation antique. Les plus anciens témoins de la présence humaine remontent au Néolithique moyen. Plusieurs creusements, dont la plupart s'apparente à des silos destinés au stockage de céréales, ont en effet tardivement servi de dépotoirs. Au sein des couches de rejets de consommation qu'ils contenaient, la céramique modelée à la main est l'élément le plus souvent retrouvé. Quelques pièces en silex, des os d'animaux ainsi que des céréales carbonisées ont aussi été recueillis, permettant d'imaginer les productions artisanales et agricoles. Tous ces vestiges suggèrent un mode de vie surtout fondé sur l'agriculture et l'élevage.

Décapage du tronçon de la voie antique (Drone concept Inrap)

Des structures en creux du même type peuvent être datées du début du premier âge du Fer. Elles dessinent de petits ensembles, probablement liés à des installations agricoles espacées les unes des autres. Ces ensembles se composent pour l'essentiel de fosses d'extraction de matériau, qui laissent imaginer la construction de bâtiments en terre à proximité. Là encore, c'est la céramique qui permet d'avancer une datation pour cette occupation. La localisation géographique de ces découvertes est intéressante, car elles prennent place dans les espaces intercalaires entre les sites mieux connus installés sur les collines calcaires des garrigues et ceux mis au jour en bordure des lagunes.

Empierrement de la voie antique (Photo Cécile Martinez Inrap)

Après un hiatus d'occupation important, un petit groupe humain, probablement une cellule familiale, réinvestit les lieux au milieu du IIIesiècle avant notre ère. En témoigne un ensemble de fosses, parmi lesquelles la plus grande pourrait avoir accueilli un atelier lié à la confection de céramique.

Une petite fosse voisine contenait probablement la réserve de calcite destinée à « dégraisser » l'argile, tandis que trois autres devaient servir à la faire décanter avant son utilisation pour la confection des vases. Ces structures perdent leur fonction d'origine et servent de dépotoir.

L'étude de ce type d'occupation, très rare en plaine, est essentielle pour comprendre les activités qui se déroulaient à la périphérie des oppidums. Ici tous les indices poussent à estimer que l'activité artisanale en question était essentiellement dédiée à la production de céramique non tournée. Malheureusement, en l'absence de structures de cuisson avérées, il est impossible de valider totalement cette hypothèse. Il est à noter que cette occupation est contemporaine et toute proche des sépultures mises au jour à Vergèze sur le site de Saint-Pastour nord.

Serterce de Faustine la jeune, épouse de Marc Aurèle, frappée en 161 de notre ère (Photo Laure Métais Inrap)

Enfin, la fouille d'un tronçon de voie, orienté nord-sud et repris par l'actuelle route départementale reliant Vergèze au Cailar, a mis en évidence les étapes de son fonctionnement, dont l'origine se situe au IIe siècle avant notre ère. La voie se matérialise par des réseaux de fossés bordiers, dont les curages et creusements témoignent d'un entretien régulier.

Dans la partie nord du décapage, les bandes de roulement sont mieux conservées et il a été possible de distinguer plusieurs phases d'aménagement ainsi que de nombreuses ornières. Un passage au détecteur à métaux a permis une collecte intéressante d'objets appartenant aux équipements des charrettes et des montures. Trois belles monnaies découvertes dans les couches les plus récentes fournissent des éléments de chronologie pour dater les derniers moments de la voie au IIe siècle de notre ère.

Anthony Maurin avec Pierre Séjalon de l'Inrap

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