LA GRAND’COMBE Les dernières minutes d’Aboubakar Cissé...

Lors d’un point presse, ce vendredi, la procureure est revenue sur les circonstances dramatiques du meurtre d’Aboubakar Cissé, âgé de 22 ans à peine. Son meurtrier devrait être remis à la France la semaine prochaine.
Ce vendredi, à l’occasion d’un point presse, la procureure de Nîmes, Cécile Gensac, est revenue « sur ce que nous connaissons actuellement des faits ». Le vendredi 25 avril, vers 9h30 du matin, le jeune Aboubakar Cissé a été tué de 57 coups de couteau. Un assassinat commis dans la salle de prière de la mosquée Khadidja. C’est un fidèle qui, deux heures plus tard, a découvert le corps « en sang et au sol » alors qu’il venait préparer la salle pour la prière de midi.
L’analyse des caméras de surveillance a permis de voir les échanges entre l’auteur et sa victime. Aboubakar Cissé était là depuis 6h. La procureure raconte qu’à 8h45, l’agresseur, Olivier H., passe à vélo devant la mosquée. Il ne s’arrête pas. La rue est déserte. Pourquoi décide-t-il de revenir sur ses pas ? Le saura-t-on un jour ? Il pose son vélo et entre dans le lieu de culte. Il en ressort quelques minutes plus tard et s’assoit sur un banc pour consulter son téléphone portable. Il entre à nouveau. Déterminé.
C’est là que le drame se produit. Olivier H. semble donner des consignes à sa future victime. Il est 9h14. Aboubakar Cissé s’abaisse, front au sol. L’auteur se positionne à l’arrière : « Il sort un couteau d’une lame d’environ 10 cm et lui porte une vingtaine de coups, en commençant au niveau du cou, puis dans le dos. » Ce n'est malheureusement que le début. Il s’éloigne. Puis revient. Et assène une nouvelle salve. À 9h15, il positionne son téléphone en direction de la victime « plusieurs secondes » et lui porte encore des coups… L'horreur absolue.
« Il est noir, je vais le faire »
Olivier H. sort de la salle et quitte les lieux à vélo. Aucun des témoins interrogés n’a reconnu le meurtrier présumé : ce Français d’origine bosniaque, âgé de 20 ans et chrétien non pratiquant. Né à Béziers, il vit à La Grand’Combe. C’est le fils d’un couple ayant 11 enfants. Inconnu des services de police et de justice, Olivier H. s’est rendu la semaine dernière aux autorités italiennes. Il devrait être remis à la France la semaine prochaine.
Selon le parquet, Olivier H. avait été dénoncé à plusieurs reprises sur la plateforme Pharos. Il est décrit comme un « malade mental qui avait des fantasmes, des envies de viol de femmes, de cadavres, de meurtre ». L’un de ses oncles avait alerté sur ses troubles mentaux en lien avec son activité sur les réseaux sociaux. S’il avait été banni de certaines plateformes, Olivier H. créait de nouveaux profils, lui permettant de diffuser son passage à l’acte. Un témoin déclare que l’agresseur « avait annoncé, en amont, qu’il allait s’en prendre à quelqu’un », sans préciser la personne ni l’endroit, et « sans faire référence à une ethnie ou à une religion ».
Cécile Gensac relate une conversation que l’auteur présumé aurait eue juste avant son passage à l’acte : « Je vais m’attaquer à la mosquée ? Je n’ai pas trop d’idées. Il est noir, je vais le faire. » Sur le film des faits, un témoin entend la voix d’un homme dire : « Je l’ai fait, ton Allah de merde, je lui ai planté ses fesses… Je vais être arrêté, c’est sûr, il y a une caméra. » Interrogé, son frère a dit l’avoir entendu « qu’une seule fois dire ne pas aimer les musulmans parce qu’Allah était un faux Dieu ». Il aurait acheté un couteau, trois mois plus tôt. Hélas, il s'en est servi.