Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 24.05.2023 - Propos recueillis par François Desmeures - 2 min  - vu 3004 fois

CÉVENNES Max Roustan, à propos de la ressource en eau : "Ceux qui ont fait des efforts paient pour ceux qui n'ont rien fait"

Cevennes riviere Galezon carcasse voiture helicoptere (YP)

Max Roustan, maire d'Alès et président de l'Établissement public terriorial de bassin (EPTB) des Gardons

- Yannick Pons

Depuis l'extension de restriction des usages de l'eau dans le Gard, le 24 avril, le maire d'Alès et surtout président de l'Établissement public territorial de bassin (EPTB) Gardons est critique sur les mesures énoncées par la préfecture du Gard. Alors que la préfète organise, ce soir, une conférence de presse au sortir du comité de gestion de la ressource - avec des restrictions d'usage qui devraient être accentuées - Max Roustan défend une politique différenciée selon la ressource et les engagements de chacun et rechigne à payer les pots cassés d'intercommunalités qui n'ont pas agi. 

Cevennes riviere Galezon carcasse voiture helicoptere (YP)
Max Roustan, maire d'Alès et président de l'Établissement public terriorial de bassin (EPTB) des Gardons • Yannick Pons

Objectif Gard : On vous a senti critique sur les restrictions d'eau par la préfecture du Gard depuis fin avril. Qu'est-ce qui vous déplaît dans les mesures annoncées, qui risquent de se renforcer ?

Max Roustan : Je vais vous donner l'exemple du Gardon, que l'EPTB gère, qui va de la Lozère au Rhône. La situation est très différente selon là où on va. Autour d'Aramon, il n'y a pas de problème, la nappe du Rhône est sous le sol. Entre Nîmes et Saint-Chaptes, BRL alimente les réseaux. Les problèmes commencent au-dessus, entre Saint-Chaptes et Cendras. Et ce ne sont pas, non plus, les mêmes problèmes que de Cendras à la Lozère. Quand on met en place une mesure globale, elle est désolante parce qu'on traite tout le monde pareil, alors que ce ne sont pas les mêmes situations. 

Il faut pourtant prendre des mesures d'économie d'eau en situation de sécheresse...

Le problème, c'est que les mesures aboutissent au fait que ceux qui ont fait des efforts paient pour ceux qui n'ont rien fait. La préfète me répond qu'il faut de la solidarité, mais celle-ci coûte très cher, on paie les pots cassés pour les autres, alors que l'agglomération d'Alès met 200 millions d'euros, jusqu'en 2030, pour réparer les fuites. Il faut que les mesures soient mieux accompagnées, et qu'il y ait un peu de justice. Et ceci alors qu'on met en place un programme alimentaire territorial. Mais si on n'arrose pas les légumes, on va aller les chercher en Espagne ! Qu'est-ce qu'on peut manger quand on n'arrose pas ? Il y a du travail à faire sur de l'arrosage intelligent. Mais si on l'impose, il faut aider les agriculteurs. 

Les retenues collinaires et autres récupérations des eaux de pluie sont-elles un sujet à l'EPTB Gardons ?

On vit dans un territoire où il tombe 30 milliards de mètres cube d'eau. Et on crève de soif. On garderait ne serait-ce que 5 % de cette eau qui tombe, on n'aurait aucun problème de ressource, et sans besoin de pomper dans la nappe. Il faut qu'on puisse récupérer des eaux de pluie. On est obligés, désormais, de faire des bassins de rétention. Mais le problème aujourd'hui, c'est que bien souvent, les chercheurs et fonctionnaires sur la question sont des militants, avant d'avoir une analyse "normale" de la situation. La règle, c'est qu'il ne faut pas toucher le cours d'eau, c'est devenu sacré...

Propos recueillis par François Desmeures

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