EXPRESSO Chute de Christophe Madalle : de l’admiration à la condamnation

Qui est cet ancien directeur général des services, jadis craint, mais respecté, que le maire de Nîmes vient de limoger ?
« La politique est cruelle, ce n’est pas un jeu d’enfant. » Cette phrase, dont Jean-Paul Fournier a la paternité, illustre bien les remous du monde public. L’éviction de son directeur général des services, la semaine dernière, a eu l’effet d’un petit tsunami dans le mundillo. Jadis craint, mais respecté, voilà le Nîmois vivement critiqué, vilipendé : « Il ne disait jamais bonjour… Il était sec, froid et tranchant », commente un élu de la majorité. Un autre balance : « Il disait souvent ‘non’ aux crédits demandés. Sauf que la politique, c’est certes faire attention à l’argent public, mais aussi conduire une action pour les Nîmois. On n’est pas élu sur la situation budgétaire saine de la commune ! »
L’une des pièces maîtresses de Jean-Paul Fournier
Pour Christophe Madalle, le mistral a tourné. Derrière ses lunettes épaisses, son visage fermé, « l’omnipotent » Madalle n’a-t-il, finalement, pas pris la place qu’on lui a donnée ? L’Audois a connu Jean-Paul Fournier lorsqu’il accompagnait son père, Alain Madalle, au conseil régional. « Les deux se sont opposés à Jacques Blanc lorsqu’il a voulu s’allier avec le Front national », se souvient un proche de Christophe Madalle. À l’époque, le jeune homme est attaché parlementaire de son père, puis directeur de cabinet du maire de Pézenas (1998-2001). Il part à Nîmes après la victoire de Jean-Paul Fournier, pour rejoindre Franck Proust, alors deuxième adjoint. Chargé de mission puis chef de cabinet ensuite directeur, il gravit tous les échelons… jusqu’à basculer, en 2011, dans l’administration, sous contrat de droit privé.
« Il a tellement voulu s’intégrer à l’administration qu’il a gommé toute sa fibre politique », poursuit un élu proche de Franck Proust. Vraiment ? Sur d’anciennes photos, on peut voir Christophe Madalle tracter pour Jean-Paul Fournier dans les ruelles nîmoises. On peut voir aussi le Nîmois trinquer avec Frédéric Escojido (actuel directeur de campagne de Franck Proust, ndlr), en short, petit rosé à la main, arborant des t-shirts à la gloire d’ex-figures de la droite. Le trio de l’époque « Fournier, Chieze et Madalle » aura permis de conduire la politique du maire de droite d’une main de fer. Alors, une source à droite réfléchit : « Sa prise de position pour Julien Plantier n’est finalement pas une véritable adhésion… C’est surtout qu’il était contre Franck Proust, adoubé, lui, par le maire. »
« Pendant son intérim à la mairie, Franck Proust a bien vu comment le responsable de l’administration fonctionnait… », poursuit un élu, rappelant l’énervement du directeur après le refus du président de Nîmes Métropole de ne pas mutualiser son poste avec les services avec l’Agglo. Une preuve - s'il en fallait encore une - de la fragilité des liens politiques. Éjecté six mois avant les élections, qu’est-ce que cela apporte aux « Proustiens » ? « En termes de confiance, ça commençait à devenir compliqué… Lors du dernier conseil municipal, on sait très bien que c’est lui qui a donné les informations au groupe Nîmes Avenir ! », poursuit notre source. Nul doute cependant que Christophe Madalle a encore quelques oreilles qui traînent à la mairie. Sa femme, Anne Calvini, y travaillant toujours, tout comme le directeur général des services techniques et "ami intime", Jean-Yves Wozniak. Les proches de Christophe Madalle, eux, déplorent : « Ceux qui ont mené des batailles avec toi pendant des années se retrouvent limogés à quelques mois des municipales. C’est suicidaire pour l’image de la ville. »
Et après ?
Que deviendra Christophe Madalle ? « Il a négocié sa sortie avec une grosse indemnité de départ… ! », poursuit un édile. À 57 ans, ses proches l’assurent : « Il rebondira. On en pense ce qu’on en veut, mais il a montré qu’il était loin d’être un branquignol. À l’issue des élections, il retrouvera un poste. » En attendant, son ombre pourrait bien planer sur le scrutin. D’une manière ou d’une autre. Mercredi dernier, le directeur déchu dînait à La Locanda avec ses proches, Sophie Roulle et Pascal Gourdel tous deux engagés dans la campagne de Julien Plantier.