Publié il y a 2 h - Mise à jour le 22.09.2025 - Thierry Allard - 5 min  - vu 574 fois

FAIT DU JOUR Combien ça coûte de gagner (ou de perdre) une élection municipale ?

La Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) contrôle les comptes de campagne

- ©Christophe Petit Tesson/MAXPPP

En politique comme ailleurs, l’agent est le nerf de la guerre. Pour autant, à l'approche des élections municipales, combien faut-il dépenser pour avoir une chance de gagner ? Le candidat le plus dépensier est-il forcément le vainqueur à l’arrivée ? Pour le savoir, Objectif Gard et Arles s'est plongé dans les comptes de campagne des élections municipales de 2020 pour les principales villes du Gard et Arles.

En préambule, précisons que les comptes de campagne, tels que contrôlés et validés par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), sont publics et consultables sur le site de la Commission. Ne sont contrôlés que les comptes concernant une commune de plus de 9 000 habitants, ce qui donne Nîmes, Alès, Bagnols, Beaucaire, Pont-Saint-Esprit, Saint-Gilles, Vauvert et Villeneuve, et donc Arles. Ils nous serviront de base, rapprochés des résultats des municipales de 2020, à cette analyse.

Première question : le gagnant est-il forcément celui qui a le plus dépensé ? La réponse est : globalement, oui. Avec des exceptions, situées dans le Gard rhodanien, où les vainqueurs à Bagnols et à Pont-Saint-Esprit, respectivement Jean-Yves Chapelet et Claire Lapeyronie, n’étaient pas les candidats les plus dépensiers. Ainsi, le maire de Bagnols a dépensé 12 429 euros, une somme ramenée par la CNCCFP après réformation à 5 521 euros, là où la liste de Christian Roux a dépensé 13 881 euros en échouant de peu à se qualifier au second tour. Et à Pont-Saint-Esprit, Claire Lapeyronie a été réélue après avoir dépensé 14 443 euros, contre 17 732 pour Catherine Chantry.

Réformation ?

La CNCCFP contrôle et peut approuver, rejeter, moduler ou réformer les comptes. Concernant la réformation, il est précisé que « La commission modifie les éléments déclarés dans le compte de campagne en ajoutant des dépenses ou des recettes omises et/ou en retranchant des dépenses n’ayant pas de caractère électoral. » Une bonne partie des comptes de campagne étudiés ici ont été validés après réformation, comme ceux de Max Roustan, Julien Sanchez, Vincent Bouget ou encore Pascale Bories.

Dépenser pour gagner

Dans les autres communes, l’argent a fait le bonheur : à Alès, Max Roustan l’a emporté avec 41 826 euros, devant Paul Planque (35 380 euros) et Francis Bassier (9 852 euros). À Nîmes, Jean-Paul Fournier a dépensé nettement plus que la liste arrivée deuxième, conduite par Vincent Bouget (162 085 euros contre 77 289 euros), comme Patrick de Carolis à Arles (86 066 euros contre 66 846 euros pour Nicolas Koukas, arrivé deuxième). À Beaucaire aussi, Julien Sanchez termine en tête des suffrages et du montant dépensé, avec 15 910 euros, comme à Vauvert pour Jean Denat (15 609 euros). Si en général la différence entre le vainqueur et les autres est nette, quelques milliers d’euros, parfois elle est plus mince, comme à Villeneuve, où Pascale Bories, bien qu’élue au premier tour, ne devance Florent Lemont que de quelques centaines d’euros (17 511 euros contre 17 156 euros). À l’inverse, à Saint-Gilles, le très gros score d’Eddy Valadier dans les urnes, élu au premier tour avec 70,02 % des voix, se retrouve dans les comptes, avec une dépense de 16 558 euros contre 5 595 euros pour Christophe Lefèvre, arrivé deuxième.

Si on ramène ces sommes au nombre d’électeurs inscrits, on constate qu’il faut compter aux alentours d’1,70 euro par électeur inscrit pour l’emporter. Si on excepte Bagnols, où avec les 5 521 euros retenus pour Jean-Yves Chapelet par la CNCCFP, on trouve le chiffre famélique de 0,42 euro par inscrit, ce chiffre oscille entre 1,46 euro par inscrit pour Julien Sanchez à Beaucaire à 2,29 euros pour Patrick de Carolis à Arles. Comptez 1,59 euro par électeur inscrit pour Max Roustan à Alès, 1,83 euro pour Jean-Paul Fournier à Nîmes, 1,85 euro pour Eddy Valadier à Saint-Gilles, 1,74 euro pour Jean Denat à Vauvert et 1,68 euro pour Pascale Bories à Villeneuve. Seule ville du Gard à passer au-dessus des 2 euros : Pont-Saint-Esprit (2,05 euros par inscrit pour Claire Lapeyronie).

Quand on ramène les sommes dépensées au nombre de votants, c’est un peu plus cher, surtout avec l’abstention record de ces municipales marquées, souvenez-vous, par la pandémie de Covid-19. Si Jean-Yves Chapelet reste logiquement en tête, avec 2,54 euros par votant pour sa liste, la moyenne est bien plus élevée. Ainsi, Julien Sanchez a dépensé 4,93 euros par électeur, Eddy Valadier 5,73 euros, Jean Denat 6,16 euros, Pascale Bories 7,35 euros, Max Roustan 8,6 euros, autant que Patrick de Carolis, Claire Lapeyronie 8,7 euros et Jean-Paul Fournier décroche la victoire la plus chère, à 13,84 euros par suffrage en sa faveur.

87,94 euros, le bulletin de vote le plus cher du Gard

Reste que ce ne sont pas pour les vainqueurs que les voix sont les plus chères. À ce petit jeu, le vainqueur haut la main est le candidat malheureux de la République en marche à Alès, Éric Bouchité, qui a dépensé 17 941 euros pour récolter 204 voix (2,40 % des suffrages), soit 87,94 euros la voix, le bulletin de vote le plus cher du Gard. Et il n’a même pas pu compter sur le remboursement forfaitaire de l’État, n’ayant pas passé la barre des 5 %. Et dire que, juste derrière lui, le candidat Lutte ouvrière Jérôme Garcia a obtenu 174 voix en ayant dépensé seulement… 571 euros.

Le remboursement

Il est réservé aux candidats ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés au premier tour de scrutin dont le compte de campagne a été approuvé par la Commission. Ce montant est forfaitaire, et ne doit pas excéder 47,5 % du montant du plafond des dépenses électorales applicable au candidat. Ce montant varie pour chaque ville, et évolue si un second tour doit être organisé. En 2020, il était de 53 689 euros pour Alès, 271 899 euros pour Nîmes et 44 506 euros pour Bagnols, par exemple.

Mauvaise affaire aussi pour la candidate La République en marche à Arles, Monica Michel, qui a dépensé 41 850 euros pour réunir 836 voix, soit 4,92 % des suffrages et 50,06 euros par voix. Et, n’ayant pas franchi la barre des 5 %, elle n’a elle non plus pas été remboursée par l’État. D’autres, comme Yvan Lachaud à Nîmes, avaient aussi beaucoup dépensé pour ne pas y arriver à la fin. Ainsi, l’ancien député a dépensé 151 884 euros pour faire 5 195 voix (18 % des suffrages, 29,23 euros par voix), loin derrière Vincent Bouget qui a beaucoup moins dépensé (7 384 voix, 10,46 euros par suffrage). Idem pour Lionel Depetri à Beaucaire, qui talonne Julien Sanchez en termes de dépenses (12 069 euros) mais pas en termes de voix (467 voix, soit 25,84 euros par suffrage), ou Florent Lemont à Villeneuve, qui dépensé 10 000 euros de plus que la liste conduite par Anne Daniel pour finir avec seulement 43 voix d’avance sur elle. Mais ces candidats malheureux ont au moins pu se consoler en étant remboursés de la majorité de leurs dépenses par l’État.

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Thierry Allard

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