Publié il y a 13 h - Mise à jour le 05.09.2025 - Coralie Mollaret (avec Thierry Allard) - 3 min  - vu 1138 fois

FAIT DU JOUR Municipales 2026 : qui gouvernera les intercommunalités ?

Derrière l’élection des maires se joue aussi celle des président(e)s d’intercommunalités, devenues des lieux majeurs de pouvoir. 

Les communautés de communes ne passionnent pas vraiment les électeurs. Du moins, quand ils savent de quoi il s’agit… Dans les années 90, les « EPCI », établissements publics de coopération intercommunale, ont vu le jour. Il s'agit de regroupements de communes servant à mutualiser services et grands projets. Dans la capitale gardoise, Nîmes métropole accouche tardivement, en 2001. Sa présidence est accaparée par le maire nîmois, Jean-Paul Fournier. À Alès, même scénario avec Max Roustan, tout comme à Bagnols ou à Beaucaire. Principal argument de cette prédation ? Qui paie commande ! En clair : le pouvoir revient à la plus grosse localité, première pourvoyeuse de recettes fiscales.

Préparer sa succession

C'était il y a vingt ans. Aujourd'hui, la situation n’est plus tout à fait la même. Sur les 14 intercommunalités dont le siège est dans le Gard, seulement trois sont présidées par le maire de la ville-centre. Alès Agglo est tenue d'une main de fer par le maire Christophe Rivenq, successeur de Max Roustan. Au Pays de Sommières et au Grau-du-Roi, les maires des villes-centres monopolisent les pouvoirs, occupant d'ailleurs d’autres postes comme la présidence du PETR (Pôle d’équilibre territorial et rural, qui est un établissement public) ou la fonction de conseiller départemental, comme l'illustre le Graulen Robert Crauste.

Pour le reste, maire de la ville-centre ne rime pas forcément avec président d’interco. Et ce, pour plusieurs raisons. À Nîmes, Jean-Paul Fournier n’est plus président. Il a toutefois confié les rênes à son élu Franck Proust, aujourd’hui candidat aux municipales. Avec quatre mandats à son actif, l'édile a préféré conserver l’hôtel de ville pour y terminer ses projets. À Bagnols, troisième ville du département, la situation est inverse : Jean-Christian Rey a choisi de conserver l’Agglo qui, au fil des années, a piqué beaucoup de pouvoir aux mairies : gestion des transports, développement économique, eau… En outre, les électeurs sont différents. Les présidents des intercos doivent séduire les élus communaux et non l'ensemble des électeurs. D’où l’apparition des juteux fonds de concours... 

Alliance politique 

À Uzès, le « Duc », Jean-Luc Chapon, au pouvoir depuis 1983, n’a pas eu vraiment le choix : il a cédé la présidence du Pays d'Uzès au socialiste Fabrice Verdier… Celui-ci, ex-député, lorgnait le duché pour rebondir. Alors, pour conserver la mairie, Jean-Luc Chapon s’est uni à son rival, lui cédant son fauteuil communautaire. Arrangement aussi a été trouvé au Pays viganais : le maire d’Arrigas, Régis Bayle, gère l’interco et non la maire du Vigan, Sylvie Arnal, pourtant plus grande commune du territoire : « Les villages ont toujours regardé avec défiance Le Vigan, craignant qu’elle accapare tous les investissements. Avec Sylvie Arnal, nous essayons d’apaiser la situation. »

Si certains élus parviennent à s’arranger, d’autres capitulent… Une situation favorisée par la structure du territoire où le poids démographique des communes n’est pas très éloignée. À Rhony Vistre Vidourle, c’est une particularité : Vergèze, plus grande ville, n’a jamais eu la présidence. La localité a toujours fait face à une opposition qui, unie, l’a fait perdre. Au Piémont cévenol, suite au départ d’Olivier Gaillard à l’Assemblée nationale, c’est le maire du petit village de Cardet qui a succédé à son poste. Une alliance entre Quissac et Lédignan contre Saint-Hippolyte-du-Fort qui a fait perdre au maire cigalois sa vice-présidence au profit de son opposant municipal !

La fin du règne des villes-centres ?

À Vauvert, c’est dans la douleur que le maire PS et ex-président du Département, Jean Denat, a renoncé à se présenter, préférant soutenir le maire d’Aubord, André Brundu, pour barrer la route au maire d’Aimargues, qu’il juge trop proche du Rassemblement national. À Beaucaire, le maire RN, lui, est battu lors des élections communautaires depuis 2014. Le maire de Bellegarde, Juan Martinez, a réussi à faire alliance avec les villages, mais aussi avec les opposants beaucairois. Et au Grand Avignon, agglomération dont la moitié des communes est dans le Gard, Avignon est privée de la présidence depuis 2014 du fait d'arrangements contre la maire socialiste de la Cité des papes Cécile Helle, et la présidence est assumée par le maire de Vedène Joël Guin. La loi sur l’entrée de l’opposition municipale dans les intercommunalités rebat aussi les cartes… En politique, les ennemis de mes ennemis sont souvent mes amis.

À l’approche des prochaines municipales, les candidats conjuguent programme électoral et calcul politique. Si bien que l’identité du président ou de la présidente est, comme à Nîmes, une condition d’alliance politique.

Coralie Mollaret (avec Thierry Allard)

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