FAIT DU SOIR À Nîmes, les Souverainistes de Droite et de Gauche jouent l’union
C’est une image qui date, celle « du mythe de la rive droite et de la rive gauche des gens attachés à la souveraineté, mais qui ne se parlent pas », résume le président du mouvement Oser la France, l’ex-député Les Républicains Julien Aubert.
Alors avec son homologue de République souveraine, Georges Kuzmanovic, venu lui de la France insoumise, ils ont décidé d’organiser ces « Rencontres de la souveraineté » ce week-end à Nîmes, rencontres sous-titrées « Vive l’Europe des nations ! » De quoi acter une bonne fois pour toute ce qui se savait déjà dans les milieux souverainistes mais était largement passé inaperçu au-delà : un rapprochement entre ces deux formations.
Deux formations qui s’étaient déjà retrouvées le 27 mai dernier pour commémorer le 80e anniversaire de la première réunion du Conseil national de la Résistance. L’image plaît bien à Georges Kuzmanovic, quand on lui demande ce qui réunit un ancien lieutenant de Jean-Luc Mélenchon et le vice-président des Républicains : « il n’y avait pas non plus beaucoup de rapports entre le général De Gaulle et Maurice Thorez, pourtant ils ont trouvé. » Car si la situation d’aujourd’hui n’est pas celle de la création du CNR, « le risque si on ne se parle pas est d’avoir en 2027 un nouvel affrontement entre les macronistes et Marine Le Pen », estime Julien Aubert.
Dans ce contexte, « ce qui nous rapproche devrait être plus important que ce qui nous sépare », poursuit-il, estimant que le souverainisme à spectre large a un espace politique auprès d’un électorat « qui attend plus de social et d’autorité. » Entre un gaulliste et un chevènementiste, on trouve quelques points communs majeurs : la réindustrialisation du pays, le contrôle de l’immigration, la défense du protectionnisme et une critique frontale de l’Union européenne telle qu’elle est. Une des tables rondes du samedi avait pour thème « Von der Leyen a-t-elle tué l’Europe », du reste.
Quand on demande à Julien Aubert ce qu’il reproche à cette Union européenne, il répond du tac-au-tac : « Tout ! ». Sa politique agricole, énergétique, industrielle, rien ne va. Pour autant, pas question d’en sortir, mais « de rompre avec l’UE telle qu’elle est pour une autre UE, celle des nations », avance Georges Kuzmanovic, qui se présente comme « une des têtes pensantes du ‘plan A, plan B de 2017’ » qui consistait, dans le programme de la France insoumise, à essayer de changer l’UE, vue trop ultra-libérale, et à ne pas exclure de la quitter en cas d’échec.
« Il faut faire un effort d’ouverture »
Une dizaine de tables-rondes était organisée entre samedi et dimanche. Ce samedi après-midi, un de ces débats avait pour thème « Osons le retour des frontières », avec autour de la table l’ancien conseiller politique de François Fillon et Valérie Pécresse, Patrick Stefanini, le juriste et directeur de l’European center for law and justice Gregor Puppinck, et l’ancien conseiller de Jean-Pierre Chevènement, Gilles Casanova. Le secrétaire national de Solidaires douanes était annoncé, mais absent du débat.
Un débat où on a entendu qu’il y avait « une volonté que l’UE soit une passoire » pour récupérer une main d’oeuvre à bon compte (Gilles Casanova), que « la Cour européenne des droits de l’Homme soutient l’immigration » (Gregor Puppinck), que la directive européenne sur le retour des personnes ayant immigré illégalement était « une directive bisounours » (Patrick Stefanini) ou encore que la politique nataliste française « finance des familles qui culturellement sont issues de l’immigration » (Gilles Casanova). La position du Pape François, favorable aux migrants, sera aussi critiquée à plusieurs reprises. La politique de la Hongrie, gouvernée par Viktor Orban qui se revendique de l’illibéralisme, sera prise en exemple par Gregor Puppinck, quand Gilles Casanova s’en prendra au « système médiatique » en prenant le soin de valoriser la ligne de la chaîne de télévision Cnews et de la station de radio Europe 1.
Ce débat penchait donc nettement plus à Droite qu’à Gauche. « Il y a des manières d’aborder les choses où on n’est pas d’accord, qui heurtent, mais il faut faire un effort d’ouverture, pour discuter », affirme Georges Kuzmanovic. Julien Aubert estime même que « c’est comme ça que doivent s’élaborer les solutions », tout en estimant que « le souverainisme n’est pas une idéologie. »
« Faire apparaître ce courant politique sur l’échiquier »
Reste qu’il aurait le vent en poupe, ce souverainisme. Lors de la table ronde « Von der Leyen a-t-elle tué l’Europe », le député, président de Debout la France et ancien candidat à la présidentielle Nicolas Dupont-Aignan estimera que « avant 2005 (et le « non » à la constitution européenne, NDLR), on nous traitait de ringards, mais en 2005 on a compris que le peuple était avec nous. » Désormais, « l’enjeu des prochaines années, c’est comment faire de cette victoire de 2005 une nouvelle victoire pour un rassemblement et une clarté politique », poursuit-il.
Car force est de reconnaître que pour dix-huit ans plus tard, les souverainistes n’ont pas réussi à transformer l’essai de 2005. La clé passerait donc par un dépassement des clivages gauche/droite chez les souverainistes. Dès les élections européennes de juin prochain ? « D’abord, il faut faire apparaître ce courant politique sur l’échiquier, il faut être certain que le sujet percole », tempère Julien Aubert. Une partie de la réponse se dessine ce week-end à Nîmes, où « chacun exprime ses positions, donne ses lignes rouges, pose Georges Kuzmanovic. Et on verra ce qu’on peut réellement faire ensemble. »
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