Publié il y a 14 h - Mise à jour le 07.05.2025 - Propos recueillis par Abdel Samari - 4 min  - vu 1003 fois

PERRIER Mise en demeure de Nestlé par le préfet du Gard : les réactions politiques

Galerie industrielle Perrier

Galerie industrielle Perrier.

- Photo DR Perrier

La présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, le sénateur Laurent Burgoa, Pascale Fortunat-Deschamps, maire de Vergèze et le député RN Nicolas Meizonnet s'expriment sur Objectif Gard.

Ce mercredi 7 mai, le préfet du Gard a réuni l'ensemble des élus du territoire de Vergèze pour leur annoncer officiellement sa décision concernant l'avenir de Perrier. Il a décidé une mise en demeure de deux mois sur le retrait de la micro filtration de l'eau. Et a reporté sa décision de quelques semaines pour autoriser ou non la production par Nestlé d’eau minérale naturelle à Vergèze. Les réactions sont nombreuses.

Carole Delga, présidente de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée : « Je suis pleinement mobilisée pour soutenir l’emploi et accompagner les acteurs économiques locaux dans les turbulences qui secouent la production Perrier et la verrerie Owen Illinois. En amont de la décision du préfet, j’ai échangé à deux reprises avec Jérôme Bonet, préfet du Gard, de même qu’avec Pascale Fortunat-Deschamps, maire de Vergèze, Muriel Liénau, directrice générale de Nestlé Waters, ainsi qu’avec Alexandre Ouizille, rapporteur de la commission d’enquête sénatoriale. Les élus régionaux Katy Guyot et Henry Brin étaient présents lors la réunion organisée ce jour par le préfet du Gard et nous suivons, avec mes vice-présidents Jalil Benabdillah et Jean-Luc Gibelin la situation avec la plus grande attention afin de maintenir les compétences et les milliers d’emplois impactés par le site de Vergèze. » Et de poursuivre : « Aujourd’hui, l’urgence est d’accompagner Nestlé et ses salariés dans la transformation qui sera nécessaire pour limiter la microfiltration. Nous avons deux mois pour trouver les solutions qui permettront de se mettre en conformité avec la norme. Nous organiserons donc très prochainement avec la direction du site de Perrier et les représentants de la direction de Nestlé, ainsi qu’avec les élus locaux, un temps de travail pour envisager les aides publiques qui peuvent être apportées à l’entreprise. Par ailleurs, je mènerai un travail étroit avec les membres de la commission d’enquête sénatoriale, les parlementaires, dont Denis Bouad, sénateur gardois, et les ministères concernés pour examiner la possibilité d’une évolution législative afin de permettre aux embouteilleurs d’eaux minérales de mieux adapter leur production à la réalité de la ressource tout en garantissant la sécurité sanitaire et la qualité attendue par les consommateurs.

Vivette Lopez, sénatrice LR du Gard : « J’étais présente à la visioconférence lors de l’annonce de la décision du préfet. J’ai été la première à souligner que ces deux mois, c’était bien gentil, mais qu’en est-il de l’avenir des emplois chez Perrier ? Et surtout, comment la direction de Nestlé va-t-elle réagir à cette décision ? On nous parle de considérations techniques sur la microfiltration… Mais ce qui intéresse vraiment tout le monde, c’est la pérennité du site et l’avenir des emplois. C’est ça qui me préoccupe. Je partage l’avis de la maire de Vergèze : il faut se battre aux côtés de Perrier pour trouver une solution. Je rejoins aussi le député Meizonnet lorsqu’il dit qu’il faudrait peut-être légiférer pour revoir cette question de la microfiltration. C’est un peu du bla-bla… Cette technologie est peut-être dépassée, il faut se poser la question… N’oublions pas que le succès de Perrier repose aussi sur tous ces salariés qui en ont fait ce fleuron de ce département. »

Le sénateur Laurent Burgoa : "Je reconnais que cette décision est responsable et sage. En effet, elle met le groupe industriel Nestlé devant ses responsabilités pour continuer à produire en toute légalité l’eau pétillante qui fait la renommée de la France tout en interdisant la microfiltration à 0,2 micron. Président de la commission d’enquête du Sénat sur les eaux en bouteille, je rappelle que le rapport sera rendu public le 19 mai prochain après six mois d’auditions et fera des propositions afin que les eaux minérales puissent continuer à être produites en toute légalité, transparence et sécurité sanitaire."

Pascale Fortunat-Deschamps, maire de Vergèze : "Je redoutais cette décision. Elle a eu lieu. De mon côté, j'ai quand même alerté le préfet sur tous les dégâts collatéraux que cela engendre. Ça va être un séisme pour l'économie, pour l'industrie, pour le chômage. Donc j’ai demandé de bien mesurer le bénéfice-risque. Pour le moment, c'est une mise en demeure à Nestlé Waters afin de retirer les micro-filtres à 0,2 micron dans les deux mois. Donc moi, je vais me rapprocher de la direction de Nestlé Waters pour voir avec eux ce qui est possible de faire, dans quel délai. Et comment ils vont réagir, à partir de quelles stratégies industrielles. La balle est dans leur camp pour pouvoir garder l'autorisation d'exploiter l'eau minérale, sur le site, d'ici à trois mois, puisque c'est dans trois mois que la décision du préfet interviendra."

Le député RN Nicolas Meizonnet : "La décision du préfet démontre l'exigence qu'il a décidé d'avoir à l'égard aujourd'hui de Nestlé. Moi ma préoccupation, c'est de savoir ce qu'on va pouvoir mettre en place pour que ce site industriel soit sauvé, pour éviter qu'il y ait 1000 travailleurs qui se retrouvent sur le carreau, qu'il y ait 1000 emplois de plus indirects qui se retrouvent sur le carreau, qu'il y ait des familles du territoire qui soient impactées, qu'il y ait toute l'économie locale y compris même les collectivités territoriales qui bénéficient aussi de surtaxes sur l'eau minérale, comme la mairie de Vergèze ou d’Uchaud. Je veux éviter un drame humain et un drame industriel. C'est le sens des propos que j'ai pu avoir auprès du préfet en alertant sur le fait que si l'industriel avait eu des comportements déplorables, il faut le dire, avec de l'opacité, avec de la tromperie, avec des comportements frauduleux par le passé. Mais si demain l'industriel, sous la pression du préfet, décide enfin de démontrer qu'il est capable de produire une eau qui ne perd pas ses qualités minérales, qui conserve ses qualités sur le plan sanitaire, qui démontre sa bonne volonté, il faut alors que le préfet en tienne compte. Il faut aussi que les pouvoirs publics puissent l'accompagner. Il faut voir dans quelles mesures aussi éventuellement on pourrait envisager de repenser les critères relatifs à ce qu'est l'eau minérale naturelle. La réglementation n'est pas gravée dans le marbre à vie, elle peut être revue."

Propos recueillis par Abdel Samari

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