ÉDITORIAL Jusqu'à 4 000 euros la garde pour 24 heures de la vie d'un médecin en intérim ?
La mise en application de l’article 33 de la loi Rist, le 3 avril prochain, qui vise le contrôle des plafonds de rémunération de l’intérim médical a déjà des conséquences sur l'hôpital de Bagnols qui va devoir fermer ses urgences faute de personnel.
Pour mettre fin aux dérives de certaines pratiques, le législateur agit. Il fait bien. La mise en application de la loi Rist a pour objectif de mettre un terme aux situations déraisonnables de rémunération de l’intérim médical que subissent les établissements de santé publics depuis de trop nombreuses années. Les exemples sont multiples. Pour assurer des gardes, certains hôpitaux se retrouvent contraints d'accepter de faire monter les enchères pour assurer la continuité du service public. Jusqu'à 4 000 euros la garde pour 24 heures de la vie d'un médecin en intérim. Mieux payé qu'une star de la télévision. Chaque activité de 24 heures sera désormais plafonnée à 1 170 euros. Un montant, forcément, que tous les praticiens en intérim ne sont pas prêts à accepter. Pourtant, cette réalité n'est plus acceptable. D'abord pour le budget des hôpitaux, pour l'organisation des services et surtout, les inégalités de traitement que produisent ces différences de rémunération entre praticiens hospitaliers titulaires et intérimaires. L'entrée en application le 3 avril avec le rejet systématique du paiement par le comptable public, lors du contrôle de la rémunération du praticien ou de la facturation par l'entreprise de travail temporaire, lorsque leur montant excède les plafonds réglementaires, a déjà des conséquences visibles. Prenons l'hôpital de Bagnols sur Cèze : les urgences devraient fermer ce jeudi 23 et vendredi 24 mars 2023. Au prix réglementé, les intérimaires ne veulent plus bosser. Hors de question de supprimer l'effet d'aubaine dont ils bénéficiaient depuis si longtemps. La solidarité médicale quand il s'agit du porte-monnaie semble avoir disparu comme par magie. Demain, ce sont potentiellement les services d’anesthésie-réanimation ou de gynécologie-obstétrique qui pourraient être touchés. On fait quoi alors ? L'Agence régionale de santé a probablement une partie de la solution. Il lui faut davantage identifier et anticiper toutes les situations à risque, pour tenter de trouver ensuite les ressorts pour engager la responsabilités des acteurs de santé, publics comme privés. Car au final, c'est encore l'hôpital public qui subira tous les désagréments. Après la pandémie, ce n'est pas le moment de demander aux médecins et soignants du public un nouvel effort. Ils en ont fait assez...
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