FAIT DU JOUR VIDÉO La colocation entre jeunes et séniors, c'est du "gagnant-gagnant"
Créée en août 2021 dans le Gard rhodanien, l'association Saperlipopette propose de la colocation intergénérationnelle. Quésaco ? Ce sont des personnes de plus de 60 ans qui hébergent des personnes de moins de trente ans en échange d'une contribution financière et de petits services.
La colocation intergénérationnelle se développe dans les agglomérations et les villes étudiantes. À Montpellier ou Avignon, des associations en proposent déjà depuis plusieurs années. Mais en milieu rural, c'est beaucoup plus rare. Audrey Blancher, éducatrice spécialisée de métier, a décidé de lancer le concept dans le Gard rhodanien et alentours, avec sa co-présidente Julie Gallo.
Toutes deux sont persuadées de la pertinence du projet ici et elles ont découvert qu'il y avait un véritable besoin : "On a une convention avec le lycée Einstein de Bagnols-sur-Cèze car leur internat n'est pas très grand et les solutions de logement pour les étudiants sont limitées. L'ancien proviseur, M. Feutry, nous avait dit à l'époque que sur son établissement, il y avait 2 800 étudiants qui gravitaient et 1/3 ne trouvaient pas de logement. Certains refusent ou arrêtent une formation à cause de ça", contextualise Audrey Blancher. D'autres structures de formation du territoire dressent le même constat.
Équilibre entre proximité et indépendance
La cohabitation intergénérationnelle, c'est du "gagnant-gagnant", selon Audrey Blancher. Pour les seniors, cela permet d'avoir une présence et également un apport financier défiscalisé (bien que ce n'est souvent pas la principale motivation, insiste Audrey Blancher). Pour les jeunes, c'est une solution pour se loger dans une habitation souvent beaucoup plus spacieuse, plus agréable et mieux équipée qu'un appartement étudiant. Et en plus, à petit prix : 350 € toutes charges comprises par mois (le reste à charge est moindre si le jeune touche les APL, NDLR). "Ça permet aux jeunes de mettre de côté. Et en plus, il y a accès à toutes les commodités comme le lave-linge pour ce prix-là", ajoute la co-présidente.
Disposer d'une belle cuisine pour se préparer de bons petits plats, c'était la motivation de départ de Manon, 22 ans, pour se lancer dans l'aventure de la cohabitation intergénérationnelle. "C'est un peu bête mais c'était ça au début", avoue la jeune femme, originaire de Saint-Étienne et arrivée dans la région pour suivre son cursus "Génie de l'environnement" en alternance chez Orano. Elle a vécu de septembre 2022 à juin 2023 à Sabran chez Jeanne-Marie, 74 ans.
Sans l'association Saperlipopette, ces deux femmes ne se seraient probablement jamais rencontrées. Elles se sont tout de suite bien entendu et ont su trouver l'équilibre entre proximité et indépendance afin que la colocation se passe bien : "C'est très intéressant mais ça bouscule un peu quand on est à la retraite et qu'on s'encroûte dans son train-train", dit avec un sourire Jeanne-Marie. Cette dernière loue une chambre et une partie de sa maison à Manon, qui dispose donc de son espace personnel. Mais les deux colocataires se retrouvent souvent le soir pour se raconter leur journée ou pour partager une pizza, achetée au camion qui s'arrête parfois sur la place du village.
Huit duos de cohabitants accompagnés cette année
"Notre cohabitation s'est bien passée. J'ai bien aimé l'expérience", se réjouit Manon. Quant à Jeanne-Marie, elle est prête à accueillir un nouveau jeune dès la rentrée : "C'est un petit peu dans mes gènes de chercher le contact (...) D'autant plus que j'ai deux chambres en haut qui servent quand mes petits-enfants viennent mais plus ils grandissent, moins ils viennent."
Manon et Jeanne-Marie ne sont pas les seules à avoir été accompagnées par Saperlipopette. Au total, huit duos de cohabitants ont été formés cette année à Bagnols-sur-Cèze, Saint-Gervais, Connaux, Saint-Nazaire, Vénéjan, Uzès et Le Pontet. "On fait en sorte qu'ils aient des traits de caractère, des hobbys communs pour que la rencontre opère. On étudie les profils de chacun. Chez Manon et Jeanne-Marie, on a vu que toutes deux avaient un attrait pour le voyage, une ouverture au monde...", explique Audrey Blancher.
Les retours d'expérience sont très positifs : "On a même un jeune qui faisait son année de professeur au collège et était en cohabitation. Il a finalement pris un appartement indépendant mais tous les midis, il continue de manger avec le couple de séniors qui l'a accueilli pendant plusieurs mois car ils veulent garder ce lien", relate la co-présidente. Elle entend même des séniors employer des expressions des jeunes à l'oral.
Si la cohabitation intergénérationnelle se démocratise, "les jeunes restent les plus difficiles à séduire. Il y a encore une représentation péjorative du sénior qu'on essaie de dépoussiérer. On a des séniors hyper funs, loin de l'image du papy ou de la mamie plan-plan à la maison", insiste Audrey Blancher. Cet été, elle espère signer de nouveaux contrats de colocation intergénérationnelle en vue de la rentrée de septembre.
Comment contacter l'association Saperlipopette si on est intéressé ?
"On cherche à compléter notre listing d'accueillants notamment sur les secteurs d'Alès et de Nîmes parce qu'on a des demandes de jeunes qui cherchent à se loger sur ces villes-là. Si des personnes de plus de 60 ans ont une chambre et ont envie de tenter l'expérience, on est preneurs. Les jeunes n'ont pas à hésiter non plus", s'enthousiasme Audrey Blancher. Pour contacter l'association, il faut appeler au 06 88 45 69 40 ou contacter le mail a.blancher30@gmail.com.
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