SAINT-JEAN-DU-GARD Les agents municipaux en guerre contre le maire
Ce mardi matin, douze agents municipaux de la mairie de Saint-Jean-du-Gard étaient en grève. Ils dénoncent « la gestion totalement autocratique » du maire, Michel Ruas, envers le personnel.
Le mardi c’est jour de marché à Saint-Jean-du-Gard. Au milieu des étals et des passants, les agents municipaux en grève - accompagnés de représentants du syndicat Sud - distribuent des tracts et font signer une pétition. « Vous avez bien raison ! », lance une habitante à William Laurent, éducateur sportif depuis 24 ans à la mairie. S’il manifeste aujourd’hui, c’est pour exprimer son « ras-le-bol » : « Le maire est méprisant. Il s’acharne sur les fonctionnaires de la fonction publique », lance-t-il.
Concrètement, les salariés grévistes reprochent à l’édile « des rétrogradations dans leurs fonctions et responsabilités du jour au lendemain, des mises au placard, des primes divisées par deux comme si c’était de l’argent de poche », explique Dominique Bacha pour le syndicat Sud. « Il y a aussi des élus qui sont considérés comme des chefs de service alors qu’ils ne le sont pas. Les agents ont l’impression qu’on ne leur fait pas confiance et tout ça créé un climat délétère », poursuit-elle. A l’heure actuelle, selon William Laurent « six agents sont en arrêt maladie ».
En fin de matinée, une délégation de salariés a été reçue par le maire, Michel Ruas, et deux de ses adjoints. « Nous avons évoqué point par point toutes nos revendications, indique l’éducateur sportif. Mais nous sommes face à un mur. Il nous dit qu’il est dans la légalité. » L’affaire devrait donc être portée devant le tribunal administratif. Les agents municipaux envisagent de reconduire la grève ultérieurement.
Michel Ruas : « Je suis dans les clous »
Contacté par la rédaction, le premier magistrat nie les accusations dont il est la cible. « Des mises au placard ? Il n’y en a pas. Sauf à croire un éducateur sportif qui prétend le contraire car je lui ai enlevé trois heures d’interventions en milieu scolaire simplement parce que les enseignants sont déjà formés pour ça. En plus, il travaille 31h alors qu’il est payé pour 35h ! », explique-t-il. Des rétrogradations, « il n’y en a pas non plus », assure Michel Ruas. Quant aux arrêts de travail, « seulement trois personnes sont concernées, dont deux pour un soi-disant burn-out, sur 39 agents au total », précise le maire. En revanche, sur la question des conditions de travail, il reconnaît avoir été alerté par les agents des espaces verts : « Ils m’ont dit qu’ils s’en sortaient pas. Mais je ne leur ai pas demandé d’en faire plus que ce qu’ils pouvaient ! »
Sa vision du conflit est bien différente de la version des salariés : « Pendant 25 ans, ils avaient un rythme plutôt tranquille. Depuis que j’ai été élu en 2014, je leur ai demandé de faire leur boulot et maintenant ça les embête. Ils se plaignent de voir leurs primes supprimées alors qu’ils ne font pas leur travail ! Moi, j’assume pleinement mes décisions dans la mesure où je suis dans les clous ». Un avis qui ne fait pas l’unanimité.
Élodie Boschet
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