Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 04.04.2020 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 8229 fois

CORONAVIRUS Élues et infirmières, le cri d'alarme de deux Gardoises

Infirmière à l'hôpital, Annie Chapelie,r et Véronique Gardeur-Bancel, infirmière libérale (Photo : droits réservés)

La première est députée, ex-membre de La République en marche. La seconde est élue Les Républicains à la ville de Nîmes. Infirmières de métier, Annie Chapelier et Véronique Gardeur-Bancel espèrent que la crise sanitaire permettra une profonde réforme de notre système de soins. 

Cela fait plusieurs jours qu’Annie Chapelier a remis la blouse, le masque et les gants. Dans le service réanimation du CHU de Nîmes, l’infirmière anesthésiste a retrouvé sa place. Élue pour la première fois en 2017, la députée est l’un des nouveaux visages de la Macronie. Toutefois, dans cette guerre contre le covid-19 la Gardoise a préféré prendre les armes qu’elle connaissait le mieux pour vaincre l’une des épidémies les plus mortelles vécue par la France. 

Également sur le front : Véronique Gardeur-Bancel. Elle est infirmière libérale à Nîmes. Un métier qu’elle exerce en parallèle de sa fonction d’adjointe Les Républicains à la Ville, en charge de l’Enseignement. Chaque jour depuis 35 ans, cette professionnelle de santé arpente les rues nîmoises pour visiter une trentaine de patients. Et en pleine épidémie, son combat pour leur bien-être s’est couplé à une lutte rigoureuse pour ne pas les contaminer.  

Réformer l'hôpital public

C’est la gorge nouée que ces deux femmes se sont confiées à Objectif Gard. De bord politique distinct, elles tirent ensemble la sonnette d’alarme. Ces deux infirmières craignent en effet que la fin du covid-19 ne fasse pas disparaître la nécessité de transformer l’hôpital public. Une réforme visant « à attribuer plus de moyens et à réorganiser en profondeur l’institution », expose la députée Chapelier qui se veut néanmoins rassurante sur l’hôpital nîmois « assez bien géré. »

En guerre contre le coronavirus, les soignants sont parfois mal équipés. « L’Agence régionale de santé nous a dit que des masques FFP2 nous étaient réservés. Sauf que lorsque nous nous rendons dans les pharmacies, il n’y en a plus… », témoigne Véronique Gardeur-Bancel, « du coup, je fais sécher mes masques au soleil, j’en utilise un toutes les quatre heures. » Récemment, elle s’est vue offrir un masque en tissu, confectionné par l’une des militantes LR. Une attention qui réchauffe le cœur…

Au-delà des masques, le manque de place en réanimation est pointé par l’infirmière libérale : « Notre système français est bon mais pas dans la gestion de crise. On voit bien qu’au départ notre capacité de lits en réanimation était de 5 000 contre 25 000 pour l’Allemagne. » Un constat partagé par Annie Chapelier : « N’oublions pas que les soignants sont en grève depuis plus d’un an et ce, bien avant la crise du covid-19. » 

« Nous, on ne peut pas faire grève des soins… » 

Attentive aux annonces du Président Macron, le 25 mars, Annie Chapelier souhaite maintenant que ces intentions se concrétisent en actes : « On ne connaît pas le montant des prises annoncées », ni les conditions de revalorisation des carrières des personnels hospitaliers. « Parfois, vous avez des soignants qui n’ont même pas le temps d’aller aux toilettes ! Alors, c’est peut-être anecdotique mais ça en dit long sur les conditions de travail », ajoute la députée. 

Les larmes aux yeux, Véronique Gardeur-Bancel craint que le manque de moyens n'oblige les personnels de soins à savoir qui ils sauveront en premier. Alors, « si c’est bien d’applaudir les soignants à 20 heures le soir depuis notre fenêtre », ces deux femmes espèrent surtout « qu'ils ne seront pas oubliés une fois la crise du covid-19 passée. Parce que nous contrairement à d'autres, on ne peut pas faire grève en arrêtant les soins ! » 

Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

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