Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 22.10.2020 - coralie-mollaret - 5 min  - vu 2165 fois

LE 7H50 Nicolas Cartailler, maire de Remoulins : « Les finances sont dans le rouge mais nous avons un plan »

Le nouveau maire de Remoulins, Nicolas Cartailler (Photo : Coralie Mollaret)

À 41 ans, Nicolas Cartailler vient d’être élu maire. Nouveau visage de la politique, il prend la tête d’une commune dont les finances sont dégradées. En lien avec la préfecture, il a développé un « plan d’action » pour faire des économies sans arrêter d’investir. Une équation difficile à résoudre. 

Objectif Gard : Tous nos lecteurs ne vous connaissent pas. Pouvez-vous vous présenter ? 

Nicolas Cartailler : (sourire) Que voulez-vous savoir sur moi ? J’ai 41 ans et je suis Remoulinois depuis 41 ans. Certes, je suis parti pour mes études et mon travail. Je suis chef de projet dans une société d’aménagement. Concernant la mairie, c’est notre première expérience politique avec mon équipe. Sur les 19 de notre liste, seulement deux avaient effectué le mandat prédédent. 

Comment expliquez-vous votre victoire ? Vous avez quand même battu Élodie Martinez, la candidate soutenue par l’ancien maire. 

Il y a déjà notre liste qui rassemble des anciens du village et des nouveaux. Il nous faut créer les conditions pour vivre ensemble sinon, nous n’aurons pas de nouvelles idées et nous allons nous replier sur nous-mêmes. Après, je pense que les gens ont été aussi séduits parce qu’on est allés vers eux, nous les avons écoutés. Avant le premier tour, on a fait beaucoup de porte-à-porte. Nous sommes concentrées sur notre projet et non sur nos adversaires. 

Pendant la campagne, vous avez promis d’instaurer un nouveau mode de gouvernance. Comment cela se concrétise-t-il aujourd’hui ? 

Déjà au niveau des élus. Qu’ils soient dans la majorité ou l’opposition, tous les conseillers municipaux sont affiliés à une commission et ont un dossier à s’occuper. C’est le cas notamment pour la gestion de l’eau, des déchets… Du coup, chacun perçoit une indemnité liée à sa responsabilité. Pour financer cette mesure, nous avons baissé nos indemnités de président et d’adjoints. Pour moi, c’était important de faire ça. 

Pourquoi faire ça ? 

Nous sommes une équipe jeune et dynamique. Nous voulons faire de la politique autrement. Pour nous, le conseil municipal ne doit pas être une chambre d’enregistrement de décisions prises en amont. Il y aura du débat et tout le monde n’est pas obligé de voter « pour » une délibération que je présenterai. D’ailleurs, nous voulons aussi associer les citoyens à nos travaux. Nous organiserons bientôt une réunion sur le stationnement et une autre sur le tourisme, cher à mon projet de développement. Enfin, je souhaite relancer les comités de quartier en assurant un lien entre eux et les élus de la mairie. 

Vous mettez l'accent sur votre nouveau mode de gestion. Du coup, quel regard portez-vous sur votre prédécesseur, Gérard Pedro ? 

Gérard Pedro a eu une gestion pendant 18 ans de mairie et plus de 30 ans d’élu. Il n’a peut-être pas appréhendé les évolutions législatives et le désengagement de l’État. 

Vous parlez de vos finances qui émargent, comme celles de Nîmes métropole et de Beauvoisin, dans le réseau d'alerte de la préfecture ?

Disons que Gérard Pedro a fait des investissements sur les services pour les Remoulinois comme la réfection des rues du village, la création d'un complexe sportif. Cependant, il n'a pas investi dans des projets susceptibles de ramener de l'argent à la collectivité. [...] Pendant la campagne, on a identifié un problème de marge de manœuvre financière. En arrivant, on a trouvé un budget 2020 pas équilibré. La préfecture nous a alerté nous expliquant que le budget 2021 aurait du mal à être équilibré et que nous ne pourrions plus investir ces quatre prochaines années (*) !

D'où viennent ces difficultés financières ? 

Je vous l'ai dit, le maire a fait des investissements qui n'ont pas ramené d'argent. Le problème n’est pas tant la dette, c’est notre incapacité à la rembourser et investir. Nous ne sommes pas une commune assez riche. Or, nous avons des équipements vieillissants. Nous devons terminer notre nouvelle station d’épuration et, surtout, nous avons pas mal de projets issus de notre programme à mettre en place.

Avez-vous élaboré un plan de redressement ? 

Oui. Si nos finances sont dans le rouge, nous avons un plan d'action ! Il se compose de six points parmi lesquels on retrouve un étalement de la dette sur 20 ans. En diminuant ce que nous remboursons et en l'étalant dans le temps, ça nous permet de conserver une petit capacité d'investissement. Deuxième mesure, la masse salariale sur laquelle nous avons commencé à travailler : dès mon arrivé, nous avons expliqué aux personnes occupant un CCD que nous ne pouvions pas les garder. Mon adjoint aux Finances me dit que j'ai un objectif ambitieux mais j'aimerais réduire le coût de 400 000€ (sur 1,4 M€ au total). Malheureusement, nous n'avons pas le choix sinon c'est la catastrophe pour Remoulins.

Quels sont les autres points ? 

Nous allons certainement revoir certains tarifs municipaux en fonction de ce qui est pratiqué sur les autres territoires comparables à notre commune. Par exemple, il y avait des prêts de salle qui étaient gratuits alors que c'est interdit. Ensuite, nous allons optimiser les coûts sur notre politique d'achat. On pourrait également revoir la fiscalité locale qui n'a pas été touchée depuis 2002 et réfléchir aussi à notre politique foncière.

Pourriez-vous demander de l'aide à votre communauté de communes du Pont du Gard ?

Peut-être sur la mutualisation des coûts. Il y a aussi des subventions débloquées par la mairie à des associations de Remoulins qui, toutefois, sont aussi fréquentées par les habitants des villages alentours. Et puis surtout, la vice-présidente en charge du Tourisme s'appelle Élisabeth Viola, élue de Remoulins.

Dans ce contexte difficile, comment appliquer votre programme électoral, notamment en matière d'attractivité touristique ? 

Pas à pas. Pendant la campagne, nous avons mis l'accent sur le développement touristique de la commune. Aujourd'hui, les touristes qui sortent de l'autoroute traversent le village sans s'y arrêter direction le Pont du Gard. Notre but est de les faire venir chez nous. En arrivant de Nîmes par la départementale, vous passez par le pont. À gauche, il y a un espace boisé que l'on pourrait récupérer pour aménager des berges et permettre aux gens de venir se baigner. Ce serait notre "Remoulins plage". À savoir que le Gardon près du Pont du Gard est l'un des plus beaux spots de rivière du monde !

Concernant la réouverture de la gare sur la rive droite du Rhône... 

La commune doit établir un schéma de mobilité pour permettre aux cinq quartiers du village d'être connectés. Ça peut passer par des mobilités douces. D'ailleurs, il faudrait que le tronçon de la voie verte soit connectée à Remoulins.

Dans notre magazine, le président de la communauté de communes voisine, Fabrice Verdier, à la tête du Pays d'Uzès, expose qu'il ne serait pas contre l'idée de fusionner avec votre communauté de communes. Qu'en pensez-vous ? 

Je pense que l’on a pas les mêmes bassins de vie, pas les mêmes atouts. On a une vision du territoire qui est différente. Et c’est pas parce que la SPL et le PERT sont conjoints que l'on doit fusionner. 

Sujet plus politique. Remoulins est le chef lieu du canton. Si les prochaines départementales sont maintenues, serez-vous candidat ? 

Moi, non. Comme vous le voyez, j'ai pas mal de travail sur la commune. Mais pourquoi pas l'un de mes adjoints, comme Albachir Elkhalfi, en charge de la Communication. Il faut que Remoulins soit fort et que l’on ait un représentant du territoire au Département.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

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