NÎMES Manifestation des journalistes gardois contre l’article 24 de la loi « sécurité globale »
L’article 24 du projet de loi « sécurité globale », qui vise à pénaliser la diffusion d’images des forces de l’ordre qui auraient pour but de leur nuire, ne passe pas pour la presse, tant nationale que locale.
Ainsi, ils étaient une cinquantaine ce midi (dont votre serviteur), représentant tous les médias du département, devant les grilles de la préfecture du Gard à l’appel du Club de la presse et de la communication du Gard et du Collectif presse 30. Quelques politiques, comme le sénateur Denis Bouad ou les conseillers départementaux Patrick Malavieille ou Christian Bastid, et plusieurs citoyens se sont joints à eux. « D’habitude quand on est aussi nombreux, c’est pour des prises d’otages de confrères », ironise le président du Club de la presse du Gard, Guillaume Mollaret. Symboliquement, des photos floutées des députés qui ont voté le texte en première lecture cette semaine, du préfet, du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ou encore des représentants de la police dans le Gard étaient dans les mains des manifestants.
« L’article 24 vise clairement à restreindre la liberté de la presse, il s’agit d’une censure a priori, estime Guillaume Mollaret. Il existe déjà un cadre légal, la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Elle nous convient très bien. Nous cohabitons avec ce texte depuis 140 ans, je ne vois pas en quoi il est utile de le changer. » Et le journaliste de demander le retrait pur et simple de l’article 24.
Une délégation, composée de Guillaume Mollaret, d'une représentante du Collectif presse 30, Sophie Vaneecke, et du Syndicat national des journalistes, Cathy Rocher, a été reçue par la directrice de cabinet du préfet. « On nous a écoutés. Nous espérons que notre doléance va remonter au plus haut niveau », affirmera Guillaume Mollaret à la sortie de l’entrevue. « Nous avons rappelé que l’article 24 touche toutes les rédactions, pas que celles de Paris », ajoutera Cathy Rocher, qui estimera n’avoir « jamais vu une telle attaque contre la presse » dans notre pays.
« Nous lui avons également demandé de considérer le caractère exceptionnel d’un tel rassemblement dans le Gard. Toutes les rédactions sont représentées, cela marque bien le trouble causé par cet article 24 », affirmera pour sa part Sophie Vaneecke.
Hier soir, le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé qu’une commission ad hoc serait montée prochainement pour réécrire l’article, avant de rétropédaler ce vendredi devant la levée de bouclier du Parlement. Finalement, cette commission sera chargée de formuler des propositions d’ici à la mi-janvier.
Thierry ALLARD
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