Publié il y a 1 an - Mise à jour le 06.04.2023 - Marie Meunier - 3 min  - vu 511 fois

VALLÉE DU RHÔNE Les vignobles face au changement des habitudes de consommation

vallée du rhône vin

Denis Guthmuller, président du syndicat général des vignerons des Côtes-du-Rhône, Philippe Pellaton, président d'Inter Rhône, et Samuel Montgermont, président d'UMVR (Union des Maisons de Vins du Rhône), ont animé ce bilan. 

- photo Inter Rhône

Malgré un été 2022 sec et chaud, les vignobles de la vallée du Rhône ont bien résisté et la production est plutôt à l'équilibre. Mais le 2e région AOP doit faire face à un nouveau défi : le changement d'habitudes des consommateurs. L'heure est au bilan annuel.

En 2022, 2 613 634 HL ont été récoltés dans les vignobles AOC de la vallée du Rhône : "c'est une année médiane en matière de production", indique Philippe Pellaton, président d'Inter Rhône. Les rouges sont toujours très majoritaires (76 % de la récolte) mais la part de rosé monte en puissance (13 %) et le blanc progresse aussi (11 %). Côté commercialisation, "on est sur une année contrastée avec un recul de commercialisation de -6 % par rapport à 2021", admet le président.

Si les crus des Côtes-du-Rhône ne connaissent pas la crise, les appellations régionales font face à plus de difficultés. Pour exemple, l'appellation Costières de Nîmes qui s’était un peu redressée l’année dernière, a perdu -13 % sur cette campagne. En revanche, les Côtes-du-Rhône Villages bénéficient d'un beau dynamisme (+5 %). Ce bilan mitigé découle du contexte géopolitique qui vient impacter le commerce et de l'inflation qui contraint le pouvoir d'achat des ménages. 

"Chez les plus jeunes consommateurs, le vin n'est pas une évidence"

"Aujourd'hui, on a des volumes qui ont du mal à trouver preneur, ce qui explique ce recul global de la commercialisation. (...) Ça nous inquiète car derrière les chiffres, il y a des entreprises, des vignerons, un tissu social et économique", déplore le président d'Inter Rhône. Il y a aussi un autre changement qui entre en compte dans l'équation : "Les consommateurs réguliers de vin prennent de l'âge et ne sont pas remplacés par la jeune génération qui ne suit pas les mêmes tendances de consommation. Et ce sont les vins rouges les plus impactés", explique Denis Guthmeller, président du syndicat général des vignerons des Côtes-du-Rhône. 

Pourtant le rouge est la couleur la plus représentée au sein des vignobles. Dans la grande distribution, les ventes de la Vallée du Rhône sont en recul de -5 % par rapport à 2022. "Chez les plus jeunes consommateurs, le vin n'est pas une évidence. Pour la génération de 25 ans, le vin est vraiment complexe et l'impact commercial est majeur. Il y a une rupture générationnelle s'accompagnant d'un manque d'information et d'accessibilité", développe Samuel Montgermont, président de l'Union des maisons de vins du Rhône (UMVR). Certains jeunes ont plus tendance à se tourner vers les bières, mais cette boisson alcoolisée, comme le vin, subit une baisse en général.

Monter en qualité les rouges, mieux équilibrer avec les autres couleurs

Malgré tout, les vins de la vallée du Rhône sont présents chez 98,5 % des cavistes et sur 78 % des cartes de restaurants. Mais la filière travaille depuis plusieurs années sur la diversification des couleurs "et on voit la part de marché qu'on est capable de gagner avec la couleur blanc que ce soit en France ou à l'international", avance Philippe Pellaton. Il insiste : "Le positionnement sur les rouges est en questionnement. Il est hors de question d'abandonner cette couleur, nous devons avoir un travail de premiumisation encore plus fort. Mais on veut un meilleur équilibre entre les couleurs dans notre région. Aujourd'hui, on est à 76 % de production de rouge. L'idée serait d'arriver à 65-70 % de vin rouge pour laisser la place aux rosés et aux blancs."

Les productions de vins bio ou avec la certification haute valeur environnementale (HVE) augmentent de plus en plus, collant davantage aux attentes des consommateurs également. La production en bio est passée de 12 à 18 % cette année par rapport à 2022. 

Et à l'export ?

Dans la même tendance de consommation, les volumes à l'export ont également baissé. Au-delà du contexte géopolitique chamboulé, le secteur a dû faire face à des difficultés d'approvisionnement en bouteilles, cartons ou en containers, qui ont pu amenuire les chiffres. En 2022, tout de même 118 millions de bouteilles des vignobles de la vallée du Rhône ont été exportés (dont 60% de Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages). La Belgique reste le premier pays d'exportation en volume, suivie par le Royaume-Uni et les États-Unis. Inter Rhône veut rajouter des moyens de promotion sur les gros marchés que représentent les États-Unis, le Canada ou la Chine, mais aussi sur des marchés d'opportunité comme Singapour ou la Corée du Sud. De 11 millions investis en promotion, cela passera à 14 millions d'euros sur les quatre ans qui viennent.

Marie Meunier

Economie

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