Quinze jours après le classement en alerte sécheresse des zones de la Cèze amont et de la Cèze aval et le maintien du reste du département en vigilance, la préfète du Gard a décidé le jeudi 20 avril dernier de renforcer les mesures. Le 24 mai prochain, lors du prochain comité sécheresse, il y a de grandes chances qu'elle décide d'aller bien plus loin.

La pluie est attendue, rêvée, mais n'arrive pas ou par faibles gouttes. Des orages sont attendus ce week-end, mais ce ne sera pas suffisant pour faire face à la situation hydrologique du département. En effet, le premier quadrimestre 2023 a vu des précipitations largement en dessous de la normale. Les nappes, quant à elles, sont à des niveaux relativement bas pour la saison. Certains cours d’eaux secondaires présentent déjà des assecs. Une situation très préoccupante, notamment pour l’alimentation en eau potable de certaines communes et pour l’agriculture. Sans compter le risque supplémentaire de feux de forêt. C'est pourquoi la préfète du Gard n'a pas cherché à dissimuler le problème et a tiré assez tôt dans la saison la sonnette d'alarme. Le site gouvernemental Propluvia va plus loin. Il nous apprend que le Gard - à l'exception de Nîmes et de la Camargue - est déjà en état d'alerte renforcé, voire en crise pour la Cèze. Pour être très clair, la vigilance renforcée exige la réduction des prélèvements à des fins agricoles supérieure ou égale à 50 %, la limitation plus forte des prélèvements pour l'arrosage des jardins, les espaces verts, golfs et lavage des voitures, jusqu'à l'interdiction de certains prélèvements. En état de crise, c'est l'arrêt des prélèvements non prioritaires, y compris à des fins agricoles. Seuls les prélèvements permettant d'assurer l'exercice des usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité). Difficile de prédire encore si la canicule sera au rendez-vous dans le Gard de façon aussi expressive que l'année dernière. Mais les premiers signes ne trompent pas. Et si demain l'ensemble du Gard est en alerte rouge ? L'Espagne, en pleine crise depuis plusieurs semaines, vient de décider d'un ensemble de mesures pour la bagatelle de plus de deux milliards d'euros. Des sonnants et trébuchants qui serviront essentiellement à la construction de nouvelles infrastructures pour remédier à la pénurie d'eau, notamment des usines de désalinisation de l'eau de mer ou des systèmes pour accroître la réutilisation d'eaux usées. Le reste sera consacré aux aides à l'agriculture. La guerre de l'eau est en marche, ce n'est plus de la fiction...