FAIT DU JOUR Le Grand Festin à Arles : la solidarité et la passion comme ingrédients indispensables
Le premier "Grand Festin des Étoiles et des Femmes" a eu lieu hier, dimanche 13 octobre à Arles, sur la place de la République transformée pour l'occasion en un immense restaurant à ciel ouvert.
Le dispositif national "Des Étoiles et des Femmes" a été lancé à Arles en 2018, d'abord chapeauté par la Maison de l'Emploi du Pays d'Arles à Saint-Martin-de-Crau, puis repris et cela depuis six ans, par l'association Petit à Petit en collaboration avec le GRETA Provence et France Travail. Il permet à des femmes éloignées de l'emploi d'obtenir un CAP cuisine après une formation d'un an qui combine des périodes d'enseignement théorique au lycée des métiers Charles-Privat et douze semaines de stage en entreprise, dans les cuisines des restaurateurs partenaires.
Chaque promotion est composée d'une dizaine d'apprenties. Le taux de réussite dépasse les 90% et 75% des diplômées trouvent un emploi dès la sortie de formation. Certaines ont même créé leur entreprise. C'est le cas de d'Élizabeth Cortès de la promotion 2021-2022, désormais à la tête de Manos Peruanas, cheffe à domicile et traiteure, Jamila Lahboub, cheffe de la cuisine de Griffeuille, fondatrice de l'association d'Or et d'Étoiles et traiteure, ainsi que Sara Makdomi qui a ouvert son café-restaurant Kiwi, boulevard Victor-Hugo à Arles, il y a à peine un mois, après être passée par de belles maisons de la région. Cette dernière âgée de 30 ans ne pensait pas, en quittant l'Espagne en 2019, travailler un jour dans la restauration. "La cuisine, ce n'était pas mon truc, j'ai suivi une licence de droit. Ma seule ambition était d'apprendre le français, mais cette formation a révélé une vocation", explique Sara.
Ce trio de personnalités explosives a participé au "Grand Festin des Étoiles et des Femmes" organisé par l'association Petit à Petit, avec le soutien de la Ville d'Arles, dans le cadre de la remise des diplômes pour la promotion 2023-2024. Une première à l'échelle nationale. Plusieurs chef(fe)s de renom accompagné(e)s des apprenties de la nouvelle promotion du dispositif, ont réalisé une recette. "C'est la démonstration d'un vrai message de solidarité, l'illustration parfaite de notre leitmotiv : Coopérer pour vivre ensemble", précise Fanette Bugaud, membre de l'association Petit à Petit et chargée de projet "Des Étoiles et des Femmes". Une cinquantaine de bénévoles a participé à la mise en oeuvre de cet événement.
"Ce sont des femmes qui ont des parcours très différents, mais réunies autour d'une même passion, la cuisine. Et c'est important pour nous, car le secteur a besoin de main-d'oeuvre, bien sûr qualifiée mais surtout motivée", témoigne Julien Richard, chef du Seize à Arles. À ses côtés, derrière le stand, Olga Ivanova. Cette maman de deux enfants a fui la guerre en Ukraine en mars 2022. Olga n'est pas novice dans le milieu de la restauration, elle était directrice de salle, elle a même suivi une formation boulangerie dans son pays natal. "Mais avec la gastronomie française, il ne peut pas y avoir de comparaison, c'est le top ici", se rejouit-elle. Olga a rejoint la brigade du domaine de Baumanière aux Baux-de-Provence, en tant que stagiaire.
Véronique Galant, diplômée dans le secrétariat, a décidé de changer de cap professionnel à 56 ans. Des étoiles dans les yeux, elle décrit le plat concocté avec le chef de cuisine à l'hôtel Belesso à Fontvieille et créateur des restaurants Mécha Uma (Arles, Avignon et Saint-Rémy-de-Provence), Kohei Ohata : un beignet d'artichaut farci au fromage de chèvre, figues séchées et olives. "On dirait un fruit, ça ressemble à une orange et pourtant c'est tout autre chose, c'est superbe."
Tout ce temps passé avec les chefs, que ce soit lors du programme ou de ces opérations événementielles, est très inspirant pour ces femmes. "C'est une chance", lance Mounia Amraoui, d'origine marocaine. Après avoir vécu dix ans en Espagne, Mounia s'est installée à Arles en 2018. "J'apprends beaucoup, à faire des sauces en particulier. C'est une belle expérience, j'espère qu'il y en aura d'autres et ensuite j'aimerais ouvrir mon propre restaurant", ambitionne la quadragénaire.
Une ambition partagée par Samira Kary, une autre apprentie, venue d'Italie. Ses voisines Élizabeth, Jamila et Sara ne peuvent que l'encourager, les chefs aussi, même si Arnaud Jourdan préconise "de prendre son temps". "La transmission fait partie de notre métier, alors nous sommes très heureux d'accueillir ces stagiaires dans nos cuisines. D'autant que c'est un métier encore très masculin, nous avons besoin de plus de femmes dans la restauration professionnelle et ces femmes-là montrent que c'est possible", conclut le chef du Gibolin. Au total, 450 convives ont participé à ce premier "Grand Festin des Étoiles et des Femmes", place de la République à Arles.
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