TRICASTIN Pascal Turbiault prend la tête du site Orano, avec des enjeux stratégiques au menu
Depuis début mai, le site Orano Tricastin a un nouveau directeur : Pascal Turbiault, 56 ans, qui occupait jusqu’alors le poste de directeur d’exploitation du site. Son prédécesseur François Lurin, en poste depuis fin 2021, prend la responsabilité de la Business unit chimie et enrichissement d'Orano.
Breton d’origine, Pascal Turbiault, diplômé de l’école des Arts et Métiers, a fait toute sa carrière dans le nucléaire. « Je ne me suis jamais ennuyé », glisse-t-il, dans un sourire. Sa carrière l’a fait passer par la Hague ou Romans-sur-Isère, et donc Tricastin, où il a travaillé à partir de 2010 sur l’usine d’enrichissement de l’uranium Georges-Besse 2. « Quand je suis arrivé, les usines d’enrichissement n'avaient pas encore démarré, et en 2014 on m’a demandé d’aller sur le site Framatome de Romans, comme directeur d’exploitation », précise-t-il.
Sur ce site, il aura entre autres pour mission de « regagner la confiance de l’Autorité de sûreté nucléaire. » Ceci fait, le voilà de retour en 2019 sur le site Orano Tricastin, en tant que directeur technique, puis à partir de 2021 comme directeur d’exploitation, au pilotage de l’atelier de transformation de l’uranium. Bref, « c’est un site que je connais très bien, et qui a connu une évolution phénoménale depuis 2010 », affirme-t-il. De quoi gagner du temps, alors que les gros enjeux ne manquent pas sur le site.
Au premier rang, on retrouve le maintien « du haut niveau de sûreté et de sécurité de nos installations », en mettant notamment en place « la vigilance partagée » entre les salariés. Autre dossier brûlant : les compétences. « L’enjeu est de développer les compétences et avoir les ressources dans la filières, et de ne pas se piller entre nous, mais développer ensemble ces compétences », explique Pascal Turbiault. Le site va ainsi poursuivre son recrutement massif d’alternants.
De gros investissements
Les enjeux techniques ne manquent pas non plus, sur un site « qui a renouvelé plus de 90 % de son outil industriel de production au cours des 10, 15 dernières années, avec plus de 5 milliards d’euros investis », rappelle le directeur. Et ces investissements se poursuivent, avec la poursuite de la montée en puissance de l’usine de conversion Philippe-Coste, le lancement des travaux du deuxième atelier de maintenance des conteneurs, comprendre les cylindres utilisés pour le transport des matières. Ce nouvel atelier remplacera l’existant à terme. « Nous avons démarré le génie civil, l’objectif est d’ouvrir en 2026, l’investissement est de 50 à 60 millions d’euros », précise Pascal Turbiault.
Autre gros projet, le bâtiment d’entreposage des fûts de nitrate d’uranyle, baptisé Fleur, dans le cadre du retraitement de l’uranium avant sa revalorisation. Quatre bâtiments sont prévus à terme, pour « l’équivalent de nos besoins sur 10 ans », note le directeur, les deux premiers étant en phase de mise en service. De quoi contribuer à « sécuriser la filière européenne », affirme Pascal Turbiault, alors que cet uranium retraité a déjà été utilisé dans 70 centrales à travers le monde. Toujours au rayons projets d’envergure, le laboratoire d’isotopes stables fera ses premières productions « en octobre ou novembre 2023 », ajoute-t-il.
Mais le plus gros projet concerne l’extension de l’usine d’enrichissement Georges-Besse 2. Un projet hautement stratégique né de la conjoncture géopolitique avec la guerre menée par la Russie en Ukraine, Russie qui fournit une bonne partie de l’uranium enrichi nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires. « Nos clients sont venus nous demander d’étudier une augmentation de nos capacités de production, ils veulent sécuriser leurs approvisionnements sur le long terme », explique le directeur.
Orano a donc choisi d’agrandir Georges-Besse 2, qui présente la particularité d’avoir été conçue plus grande que ce qu’elle a été construite. « Dans le design d’origine, il y avait deux tranches supplémentaires, et nous avons un emplacement réservé », note Pascal Turbiault. De quoi gagner du temps : « le but est de démarrer en 2028, avec une pleine production pour 2030 », avance-t-il. Orano a apporté des réponses aux questions soulevées par la consultation publique lancée au printemps. Par ailleurs, une équipe de projet « avec des sachants, à l’origine des usines Georges-Besse 2 », a été constituée, les appels d’offres vont être lancés. Quant au coût, « nous sommes en train de consolider le montant des investissements, précise le directeur, la fourchette est d’entre 1,3 et 1,7 milliard d’euros. »
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