Gilles Dumas est "un maire heureux". À la veille de refermer le (très) long chapitre de sa vie d’élu, l'édile de Fourques voit enfin un projet de plus de 40 ans se concrétiser. Il y a deux ans, quand l’enquête publique préalable à la déclaration d’utilité publique (DUP) avait été interrompue au bout de 24 heures en raison d'un dossier incomplet, le coup avait été dur. "Je me suis dit : ‘Encore du temps perdu’, confie Gilles Dumas. Mais je me suis trompé ! Ça n’a pas été du temps perdu ! En deux ans, le projet a été affiné, peaufiné. Notamment en ce qui concerne l’aspect environnemental. C’est superbe !", lance-t-il, enthousiaste à l’idée que la population fourquesienne découvre enfin le projet dans son intégralité. 

Dix hectares dont un entièrement dédié à la protection de la biodiversité, 309 anneaux, des bateaux de 6 à 20 mètres, une végétation luxuriante, une promenade sur quais... Sur le papier (et les images), le projet séduit assurément. Séduira-t-il les habitants de Fourques appelés, dès ce lundi, à donner leur avis sur l’aménagement de cette infrastructure ? Gilles Dumas n’a aucun doute là-dessus. "Ce port, tout le monde l’attend. C’est un formidable levier économique et touristique ! Pour notre communauté de communes, pour l’ensemble du Gard mais aussi pour notre voisine arlésienne. Ce sera un port qui ne ressemblera absolument pas à ceux de Beaucaire et Bellegarde, on les a déjà. Ici, nous aurons des activités touristiques. Les plaisanciers accosteront à Fourques pour deux jours et pourront louer des vélos ou prendre le bus pour aller visiter Arles, la Camargue, les manades… On accueillera aussi des petits bateaux de touristes, qui transportent une centaine de personnes, au niveau d’une halte fluviale aménagée au pied du pont suspendu, pas dans le port."

Situé sur des terrains agricoles en bordure du Petit Rhône, à gauche du pont suspendu (dans le sens Fourques-Arles), et porté par la CCBTA (Communauté de communes Beaucaire Terre d’Argence), le projet de port de plaisance fluviale de Fourques est dans les cartons depuis très longtemps. Sa première évocation date des années 1980 alors que l’État cherche à miser sur le développement du tourisme fluvial et a ciblé stratégiquement le petit village gardois. Déjà maire, Gilles Dumas refuse l’idée. Trop cher, pas assez de subventions, pas assez de recul sur les retombées, trop risqué pour le petit village dont les finances ont été grevées par un énorme emprunt contracté après l’effondrement des arènes en 1923. 

Dans les années 2010, le projet du port, comme on l’imagine aujourd’hui, est fixé dans le cadre d’un appel à projets "Ports de plaisance exemplaires" lancé par le ministère de l’Écologie. Le département du Gard en est le lauréat. "Ça a été un formidable coup de projecteur et dès lors, la CCBTA a pu compter sur le soutien de l’État, de la Région et du Département." Après de nombreuses études, le projet est officiellement lancé en 2018. 

"On prévoit 22 mois de travaux"

Et si le calendrier a dû être repoussé à plusieurs reprises, faisant craindre une Arlésienne, il devrait bel et bien voir le jour. D’ici 3 ans maximum. "L’enquête publique qui débute lundi durera un mois. Le commissaire-enquêteur a ensuite un mois et demi pour rendre son rapport", détaille Gilles Dumas. Devrait suivre la déclaration d’intérêt public, qui permettra de lancer l'expropriation et l’achat des terrains ainsi que les demandes de subventions auprès de l’État et de la Région. "On prévoit 22 mois de travaux et une inauguration début 2028. J’espère qu’ils penseront à m’inviter !", sourit l’élu fourquesien qui, d’ici là, aura laissé son écharpe tricolore. Le coût du projet est estimé à 11 millions d’euros. "C’est un port qui va rapporter des revenus, l’objectif c’est de se rapprocher un maximum de l’équilibre financier."

Du côté d’Arles aussi, l’aménagement d’un port de plaisance est envisagé depuis de nombreuses années au niveau du pont Van Gogh. Mais le projet gardois ayant déjà pris son rythme de croisière, y aura-t-il la place pour un second ? À seulement 3 kilomètres de distance...