Il n'est jamais trop tard pour apprendre, sur le tas ou derrière une table de classe. À 50 ans, Julie Lopez-Dubreuil, a entamé, l'année dernière, une formation dédiée aux maires ruraux de France : "L'idée de reprendre des études m’a toujours trotté dans la tête. Alors quand j’ai entendu, au bureau de l’Association des Maires Ruraux du Gard, parler d'un parcours aménagé pour engranger des connaissances approfondies afin de mener à bien un mandat rural, je me suis immédiatement proposée. Nous sommes une dizaine, maires et premiers adjoints, et allons cinq fois par an à Sciences Po Lyon", explique la première édile, dont le cursus s'arrêtera en 2027.

"On ne peut pas être à 100% sur tous les sujets"

Membre de la troisième promotion de la filière du Diplôme d’Établissement Ruralité et Mandat Communal (DERUMAC), la potière de formation se donne ainsi l'occasion d'"avoir une vision plus globale, une meilleure prise de connaissance des enjeux avec une vision plus long terme, tout en faisant du réseau. Les maires issus de la société civile, on apprend tout sur le tas. On ne peut pas être à 100% sur tous les sujets, mais j’ai l’impression d’aller au bout, à fond, dans le rapport d’honnêteté avec la fonction, image la maire. La formation est fondamentale je pense, surtout si on ne veut pas devenir technocrates. Il faut savoir rester en position d’apprenant, car nous n’avons pas la science infuse." 

Apprendre en classe pour agir sur le terrain

Celle qui alterne entre la mairie jeanpinoise, les bancs de l'école, sa vie de famille, son association de poterie et les réunions d'Alès Agglo a ainsi porté de nombreux projets dans sa commune. Un hangar technique pour les agents municipaux ainsi qu'un parking en centre-village ont été construits et l’arboretum de sauvages réhabilité grâce au financement de fonds soulevés par l’Organisme National des Forêts. Le foyer communal est aussi devenu "un lieu intergénérationnel" grâce à son aménagement extérieur doté désormais d'un city-stade subventionné par l’Agence Nationale du Sport, en attendant l'installation du mur d’escalade en cours. Mais aussi la construction d'une maison en partage d’une douzaine de logements labellisée 'habitat inclusif', en centre-village "pour que les ainés puissent avoir un lieu de vie avec tout le nécessaire à proximité".

"Le repli n’est pas une solution"

Certains de ces projets ont été menés à travers le budget participatif, initiative que la commune est la seule d'Alès Agglo à proposer, pour élargir le champ des possibles et idées. "Avoir une identité propre, une vie sociale forte, c’est l’idée de vivre dans un village", résume l'élue. Ce budget participatif, bien qu'il "s'essouffle" année après année est aussi une "façon d’intégrer les administrés dans la vie citoyenne. J’ai un vrai problème avec le monde d’après où chacun est chez soi. Le repli n’est pas une solution, on a tous quelque chose à apporter, avance Julie Lopez-Dubreuil. Le Covid a eu un impact, mais pas dans le sens qu’on aimerait. Je pense que l’ambiance mondiale perturbe aussi fortement la population." 

De quoi la dissuader de se représenter pour un second mandat l'année prochaine ? "2026, j’ai l’envie, mais ce n’est pas un but ultime, pas une fin en soi, répond l'édile. Il faut une bonne conjonction d’éléments, des conditions réunies, avec des gens, en capacité, investis et travailleurs. C'est pour l'instant le cas et cela m’a permis de m’investir à l'AMR, reprendre mes études, etc." Une chose est sûre : "Les mois à venir vont être intenses en réflexion". En réflexion, à la mairie comme à l'école.