Publié il y a 3 h - Mise à jour le 13.05.2025 - Propos recueillis par Coralie Mollaret - 5 min  - vu 188 fois

GARD Le socialiste Basile Imbert : « Il faut réveiller la fédération PS qui s’est endormie ! »

Basile Imbert

Basile Imbert

- Droits réservés

Le socialiste alésien Basile Imbert sillonne le Gard pour défendre la ligne d’Olivier Faure, dans le cadre du congrès PS. Il est lui-même candidat pour le poste de premier fédéral gardois, aujourd’hui occupé par le Nîmois Pierre Jaumain.

Objectif Gard : Tous nos lecteurs ne vous connaissent pas. Pouvez-vous vous présenter ? 

Basile Imbert : Je peux me définir en trois tiers : le premier, c’est au département, où j’occupe la fonction de collaborateur du groupe PS depuis 2022. L’autre tiers, c’est mon statut de doctorant enseignant en sciences politiques, j’enseigne à l’université de Montpellier. Enfin, le dernier tiers, c’est mon engagement à Alès. Mais tous ces tiers, je les fais à plein temps !

Comment se déroule votre campagne interne ?

Très bien. Nous avons eu notre premier débat fédéral, qui était le top départ de la campagne. À présent, nous allons dans chacune des sections pour débattre avec un représentant par texte. Ça commence ce soir, à la section de La Vaunage, à Congénies. Ça se terminera à Vauvert, le samedi 24 mai. Entre temps, on passera dans toutes les sections : La Grand’Combe, Bagnols, Nîmes… C’est notre tournée, et elle se jouera à guichets fermés !

« Le PS est revenu au centre de la Gauche »

C’est une campagne harassante !

La démocratie interne, c’est l’une de nos forces au PS. Peu de partis se réunissent pour discuter du fond et de la forme. Il y a une vraie attente pour que ce soit un congrès utile. Nous sommes revenus au centre de la Gauche. Il y a une volonté pour que l’on continue ce cycle de remise à niveau du PS. Maintenant, la question est : comment transforme-t-on l’essai ? C’est là où tout le monde n’est pas d’accord au PS.

Un mot sur les sections, allez-vous passer par Tresques ? Une grosse section (environ 140 militants sur les 500 du Gard) dirigée par Alexandre Pissas, qui est favorable, lui, à votre rival Mayer-Rossignol.

J’ai déjà hâte d’aller à Tresques ! C’est un très beau territoire du Gard rhodanien qui est parfois un peu oublié… C’est toujours une section où il y a eu du débat. Je connais bien Alexandre, pour qui j’ai beaucoup d’estime et d’affection. J’ai hâte de le voir dans son milieu encore plus naturel, c’est-à-dire sa section ! Je suis sûr que ça va très bien se passer et que ce sera très intéressant. Et le pire, c’est que je suis sincère.

Vraiment ? On sait que Tresques avait causé la perte d’Arnaud Bord, ex-premier fédéral, qui défend la même ligne politique que vous au sein du PS…

Tout à fait, mais ce n’est pas parce que ça s’est mal passé en 2023 que ça se passera mal en 2025 ! Il y a eu d’autres congrès où la section avait été moins unanime. On peut convaincre nos camarades. Et puis, je me permets d’insister : il y a de grosses sections, mais aussi de plus petites. Dans le Gard, on a besoin que le PS soit présent partout, même quand ils ne sont pas nombreux. Je pense que c’est bien d’aller les écouter, ils ont des choses importantes à nous dire.

Beaucoup d’élus suivent la ligne Refondation de Mayer-Rossignol, défendue ici par Carole Delga.

Alors, pas tous les élus… Évidemment, beaucoup d’élus suivent Carole Delga. Mais d’autres élus, comme le maire de Vauvert Jean Denat, soutiennent Olivier Faure. Ensuite, beaucoup d’élus, de sensibilité socialiste, ne se retrouvent pas forcément dans le PS. La fédération doit renouer davantage avec eux. Je pense que c’est aussi l’un des enjeux pour le prochain premier fédéral.

Sur le papier, le scrutin s’annonce toutefois compliqué. Cette campagne demande beaucoup de temps, mais aussi certainement représente un coût financier, lorsque vous vous déplacez aux quatre coins du Gard. Qu’est-ce qui vous anime ?

D’abord, au vu des finances de la fédération, j’ai demandé à ne pas être défrayé. Je n’en tire aucune gloire, mais il faut qu’on s’applique les mêmes principes. Alors, sur le papier, c’est vrai, je suis un challenger, mais déjà, je pense que c’est un combat qui mérite d’être mené. On peut être la surprise d’Occitanie de ce congrès. Je pense viscéralement que le mandat d’Olivier Faure a été utile au PS.

Que défendez-vous à travers Olivier Faure ?

En 2018, Olivier Faure a retrouvé le PS dans un état lamentable. Il n’y avait quasiment plus de députés… Sa ligne politique nous a remis au centre du jeu à gauche. Nous avons assumé pleinement certaines erreurs du quinquennat Hollande. Nous nous sommes reconnectés avec nos fondamentaux, notamment unitaires à gauche. Nous devons poursuivre ce travail et l’amplifier. Et puis, ce sont des choses qui ne parleront pas à tous vos lecteurs, mais nous devons continuer certaines réformes, notamment statutaires. Olivier Faure propose, par exemple, la création d’une nouvelle instance : un forum du PS. L’idée : tirer au sort des militants et sympathisants qui proposeront, chaque année, un thème de débat au parti. L’idée est de rapprocher la base de la direction.

« Jean-Luc Mélenchon est un obstacle »


Quelle est votre position par rapport à la France insoumise ? Une formation que les pro-Carole Delga vilipendent…

Au niveau local, il y a des Insoumis très raisonnables. Des gens très bien avec qui on peut travailler, comme on l’a fait dans le Gard dès 2021. C’est ce que nous faisons d’ailleurs à Alès, pour les municipales. Après, au niveau national, c’est plus compliqué. D’abord, parce qu’on ne se reconnaît plus dans certaines positions de Jean-Luc Mélenchon, qui est, à bien des égards, un obstacle. C’est pour cela qu’Olivier Faure propose une union de François Ruffin à Raphaël Glucksmann.

La présidente de la Région, Carole Delga, vilipende le « communautarisme » de LFI. Qu’en pensez-vous ?

Je pense qu’il y a des Insoumis dans certains territoires qui en font, mais je ne pense pas que ce soit le cas de tous les Insoumis. Et le communautarisme peut traverser toutes les familles politiques. En République, il faut le combattre partout.

Comment prenez-vous le chantage de Carole Delga de quitter le PS si Olivier Faure est réélu ?

Je pense qu’elle a eu tort de dire ça : en démocratie, il faut d’abord jouer le match avant d’en tirer des conclusions. C’est un propos qui a brusqué beaucoup de militants, même chez les siens. Tous les militants PS, quel que soit leur texte, sont attachés à la démocratie interne. C’est vraiment un truc qui est dans notre ADN. Carole Delga a eu d'autres expressions moins malheureuses…

Olivier Faure sera-t-il candidat à la Présidentielle ?

Pour l’instant, il ne l’a pas évoqué. Il était candidat à Matignon. Et je pense qu’il aurait fait un très bon Premier ministre.

« Pierre Jaumain nous avait promis un big bang… » 

Revenons sur un enjeu plus local : vous êtes candidat au poste de premier fédéral, le patron des socialistes du Gard.

Même si tous les socialistes peuvent candidater, la tradition veut que ce soit le représentant du texte qui soit candidat. Je trouve qu’il y a eu trop de rendez-vous manqués sous la mandature actuelle (Pierre Jaumain, NDLR). Et qu’il serait temps de réveiller cette fédération un peu endormie… Pierre Jaumain nous avait promis un big bang qui tarde encore à venir… Je ne pense pas qu’il puisse arriver dans les semaines qui viennent. Nous sommes nombreux à penser qu’il faut un nouveau souffle à cette fédération, et je me sens prêt à l’incarner et le porter.

Pourtant, il y a un nouveau siège et le PS de Nîmes a retrouvé quelques couleurs…

Si je me réjouis que les choses tournent à nouveau à Nîmes, je pense qu’il faut que cette fédération soit davantage tournée vers des territoires où les socialistes sont en difficulté. Il faut aussi qu’elle soit davantage démocratisée, que l’information circule mieux et que l’on soit peut-être un peu plus inventifs et innovants dans nos pratiques militantes. J’aurai tout le congrès pour décliner mes propositions.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

Politique

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio