Publié il y a 5 h - Mise à jour le 06.08.2025 - Coralie Mollaret - 2 min  - vu 136 fois

GARD Viticulture en danger : la nouvelle gifle venue des États-Unis

La viticulture dans le Gard (Photo Anthony Maurin).

Éprouvé depuis plusieurs années par la baisse de la consommation et le dérèglement climatique, le secteur viticole subit, à partir de ce jeudi, une hausse de 15 % des droits de douane sur les bouteilles exportées aux États-Unis.

Dans la guerre économique que livre le président américain Donald Trump, le nouvel accord commercial avec l’Europe prévoit une hausse des droits de douane de 15 % sur les vins et spiritueux. Une mesure en vigueur à partir du jeudi 7 août : « C’est fatiguant ! L’agriculture est toujours la variable d’ajustement des accords internationaux. Regardez, on ne taxe pas les pièces d’avion ! », se désole Romain Angelras. À cette hausse douanière s’ajoute « le recul de la valeur du dollar comparé à celle de l’euro. Au final, la bouteille va augmenter de 30 % », s’accordent Romain Angelras, président des Jeunes agriculteurs du Gard, et Frédéric Cavagna, secrétaire général de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) du Gard.

États-Unis, premier importateur de vin français 

Aujourd’hui, les États-Unis représentant le plus grand importateur de vin français. Que va-t-il se passer ? Au domaine du Château Virgile, Serge Baret indique que la moitié de ses ventes directes partent aux États-Unis. Lors de la visite de la députée européenne, Claire Fita, il confiait que ses clients américains avaient « anticipé » en commandant davantage de bouteilles. Pour le reste, les viticulteurs vont-ils rogner sur leurs marges ou le prix de la bouteille va-t-il augmenter ? « Nos marges sont déjà trop faibles ! », répondent-ils. 

Depuis plusieurs années, les États-Unis offrent une échappatoire commerciale aux viticulteurs français, face à un marché européen bouché : « Il y a une forte baisse de la consommation, notamment du rouge qui, lui, est plutôt prisé par les Américains. Le problème, c’est qu’il y a plus d’offre que de demande. Du coup, cette surproduction tire nos prix à la baisse », reconnaît Frédéric Cavagna. D’ailleurs, dans les caves des viticulteurs, « il y a encore du stock ». Des hectolitres vendus souvent à perte, loin des prix espérés au lendemain des vendanges.

Face à cette crise, l’État a remis en place des primes à l’arrachage, réclamées par la profession. Le dernier programme a permis de supprimer 4 000 hectares de vignes dans le Gard. Si ce phénomène était auparavant un crève-cœur, aujourd’hui, il est devenu une porte de sortie pour le monde agricole : « Ça permet de rééquilibrer le marché. Toutefois, le prix n’est pas suffisant… Un hectare arraché est payé 4 000 €. Un prix auquel il faut soustraire le coût de l’arrachage, entre 2 000 et 2 500 €. Ça ne permet pas aux viticulteurs de partir dignement », remarque le président des Jeunes agriculteurs.

Derrière la crise profonde de la viticulture, c’est tout un équilibre territorial qui est menacé : « Les paysages sont en train de changer. Qu’est-ce que l’on va faire sur ces terres où les vignes ont été arrachées ? », questionne Romain Angelras. Les autres cultures, comme l’arboriculture ou le maraîchage, ayant de plus grands besoins en termes d’irrigation. Face à un modèle ébranlé, il devient urgent d’inventer l’après…  

Coralie Mollaret

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