Publié il y a 1 an - Mise à jour le 13.03.2023 - Propos recueillis par Coralie Mollaret - 2 min  - vu 1319 fois

L’INTERVIEW Magali Saumade, présidente de la chambre d’agriculture : « On va devoir affronter une situation dramatique »

La responsable de la chambre d'agriculture du Gard, Magali Saumade, s'inquiète des retombées négatives inhérentes au déficit pluviométrique. Elle pousse l'ensemble des acteurs à se mobiliser pour trouver des solutions. 

Objectif Gard : Quels sont les signes du dérèglement climatique perçus par les agriculteurs ?

Magali Saumade : Le Gard est un département sous tension dans certains secteurs. Encore plus cette année où nous constatons une sécheresse particulière. En moyenne, il pleut 750 mm sur le territoire mais ça n’a pas été le cas cette année. Les agriculteurs ont même dû irriger les oignons à la semence. On va devoir affronter une situation dramatique ces prochains mois. La question est de savoir comment, ensemble, on s'organise. 

Quelles sont les cultures qui sont le plus touchées par la sécheresse ?

D’abord ça va être le maraichage, dont l’oignon. Ensuite l’arboriculture avant récolte, puis la vigne, les oliviers même si ces cultures sont résilientes. L’eau, c’est la vie. Tout le monde va pâtir de cette situation. Vous savez, quand j’ai été élue présidente, j’ai exprimé ma volonté d’être capitaine d’une équipe pour maintenir l'agriculture durable dans le Gard. Le bateau risque de rester à quai : sans eau, pas d’agriculture, pas de nourriture. 

Vendredi dernier, vous avez organisé plusieurs tables rondes. Quel était l'objectif ? 

Je remercie d'abord le Conseil départemental qui a conduit une étude Eau et Climat pour dresser un état des lieux. En 2050, le climat du Gard sera comprable à l'Andalousie et en 2100, au sud tunisien. Le Pont du Gard est un endroit qui doit nous rassembler autour de la question de l’eau. Il y a 2 000 ans, les romains ont réussi à construire cet aqueduc pour amener l’eau depuis Uzès. Aujourd’hui, le frein est notre capacité collectivité à mobiliser les moyens nécessaires qui permettent de répondre à la problématique de l’eau pour tous. Le but est qu'ensemble : agriculteurs, élus, écologistes... nous trouvons des solutions. 

La problèmatique du dérèglement climatique et la sècheresse ce n'est pas nouveau. L'avez-vous anticiper ? 

Bien sûr ! Nous avons été des précurseurs en s'alliant avec l'Agence de l'eau. Depuis 2010, nous avons financé 75 projets à des fins d’irrigation ou d'économie d’eau, soit 15 M€. Au total depuis 2018, nous avons permis d'économiser 30 millions de mètres cubes d'eau. Pour le contrat 2022-2024, plus de 30 employés de la Chambre sont mobilisés. L’agriculture n’a pas attendue la canicule 2022 et tous les graphiques alarmants pour agir !

Les économies d'eau ne suffisent pas. Que demandez-vous aux responsables politiques pour préserver le monde agricole ? 

Lors de ces tables rondes, nous avons eu plusieurs témoignages comme la création de bassin de stockage en Cévennes ou le développement des réseaux. Quand il fait 40° et pas de plus, l’agriculture n’a pas d’autre choix que d’irriguer. Aujourd'hui, tous les agriculteurs redoutent les arrêtés sécheresse qui, selon leur niveau, contraingnent notre activité qu'importe que vous travaillez au nord ou au sud de la France. Les enjeux que nous posons-là sont décisifs. Les agriculteurs doivent être considérés comme des alliés dans la gestion de l’eau. Nous sommes les premiers impactés. 

Propos recueillis par Coralie Mollaret

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