ALÈS Réforme des retraites et droit des femmes bloquent le rond-point de la route de Bagnols

Une mobilisation entre lutte contre le projet de réforme des retraites et soutien aux droits des femmes
- (photo François Desmeures)Au lendemain d'un cortège imposant, l'intersyndicale et une poignée de Gilets jaunes ont mis en place un barrage filtrant au rond-point de la route de Bagnols ce 8 mars au matin. Les prises de parole ont toutes été assurées par des femmes.
Intersyndicale au coeur du rond-point, Gilets jaunes côté sud, la convergence des luttes n'apparaissait pas comme une évidence ce mercredi matin, au rond-point de la route de Bagnols. Pour une mobilisation due, en premier lieu, au projet de réforme des retraites. Mais aussi, en fond, à la journée des droits des femmes.
Sylvette est un peu à l'écart, derrière une banderole réclamant l'égalité hommes/femmes. Elle était déjà là lors de la création, en 1963, du Planning familial à Alès. Une association dont les équipes se renouvellent, confie-t-elle, car "il y a toujours nécessité de faire de l'information". Voire de militer quand elle voit que, depuis 2003, la loi pour doter les établissements scolaires de cours d'éducation sexuelle n'est toujours pas appliquée. "On a assigné l'État en justice sur le manque d'éducation sexuelle au sens large, rappelle la membre du Planning familial. L'éducation des jeunes n'est pas assez développée par rapport aux informations qu'ils côtoient sur les réseaux sociaux." La militante pense en premier lien à l'accès facilité à la pornographie "qui induit pas mal de violence".
Pour autant, elle reconnaît évidemment des avancées depuis 50 ans. "Les lois sur la contraception sont quand même passées. Mais il y a aussi des remises en cause, comme celle du remboursement de l'avortement ou la modification que le Sénat vient d'imposer au texte sur l'avortement dans la Constitution, en remplaçant le mot "doit" par "liberté" et celui de "personne" par "femme".
Sylvette relève aussi qu'elle continue à vivre dans une société "où il y a toujours beaucoup de sexisme, qu'on constate sur l'égalité salariale hommes/femmes ou sur la réforme des retraites. On a un peu modifié le sens de cette journée, justement, explique Sylvette pour justifier sa présence à côté de l'intersyndicale, pour la relier à la lutte contre la réforme des retraites".
Une lutte dont s'occupent les près de deux cents personnes présentes sur et autour du rond-point. À part quelques automobilistes excédés par le retard pris, il n'y a pas eu de débordements autour des barrages que la police, et les syndicats, souhaitaient filtrants et non-bloquants.
"Ça va reprendre, ça va prendre de l'ampleur", lâche un Gilet jaune, au centre du rond-point, qui ne comprend pas que les militants au gilet et l'intersyndicale ne s'apprivoisent pas mieux que cela. "Pourquoi chacun est de son côté ?", s'énerve-t-il. Lui souhaiterait voir poindre à nouveau le mouvement entamé en novembre 2018, sans les violences, "même si ce ne sont pas les Gilets jaunes qui en sont responsables".
Autour de Martine Sagit, pour l'union locle CGT, seules des femmes représentantes des syndicats ont pris la parole sur le rond-point en ce 8 mars. À commencer par l'infatigable Aimée Couderc Nétange, debout toute la matinée à 83 ans, qui a rappelé les "écarts de rémunération", le "temps partiel" subi par les femmes, demandé le "minimum retraites à 100 % du Smic ou une majoration de retraites pour les parents d'enfants handicapés".
Ce jeudi matin, les syndicats appellent à manifester, dès 7 heures, devant le lycée Jean-Baptiste Dumas. Tandis qu'à 10h, des Gilets jaunes devraient tenter de bloquer le Saut du Loup.