Publié il y a 1 an - Mise à jour le 14.03.2023 - Marie Meunier - 3 min  - vu 935 fois

ISSIRAC Pascal Ridao, l'ancien militaire devenu vigneron, triplement médaillé d'or

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Pascal Ridao a planté son premier hectare de vignes il y a vingt ans.

- photo Marie Meunier

Au départ, les habitants l'ont pris pour un fou. Pascal Ridao, Grenoblois d'origine, fils de banquier, parachutiste dans l'Armée, a décidé de racheter 20 hectares à Issirac, petit village aux confins du Gard rhodanien et de l’Ardèche, et d’y planter des vignes. Aujourd’hui, ses bouteilles ont raflé trois médailles d’or à Paris et à Orange.

Ça me donne de la crédibilité, car je suis un autodidacte. Ça me permet d’être un peu plus sûr de moi”, réagit humblement Pascal Ridao. Parti de pas grand-chose, le vigneron installé à Issirac a réussi à se faire progressivement une place dans ce monde qui au départ lui était totalement inconnu. Un monde qui s'appuie sur le modèle de la transmission du savoir-faire et des terres de génération en génération. L'ancien militaire n'a aucun agriculteur dans sa famille. "Je ne savais pas même pas ce qu'était un tracteur", lance-t-il en plaisantant. 

Depuis qu'il a 11 ans, Pascal Ridao vient souvent en vacances dans le coin car ses parents ont une maison secondaire dans la commune voisine de Le Garn. Chasseur à ses heures perdues, le Grenoblois repère des terres en friche et sympathise avec leur propriétaire. "Ça a bien fait avec lui, il était d'accord pour me céder 5-6 hectares au départ. Un jour, il me demande si finalement, je ne veux pas tout racheter, ce qui faisait 20 hectares. J'ai accepté", raconte-t-il. 

"Mon ancien parcours de militaire m'a appris à être tenace"

On est en 1996 quand il devient propriétaire. Pascal Ridao passe alors un brevet professionnel REA (Responsable d'entreprise agricole) à Carpentras. Il faudra attendre quelques temps avant de planter son premier hectare de vignes en Syrah : "Aujourd'hui, ces vignes ont vingt ans et ce sont elles qui ont gagné la médaille d'or." Même s'il s'y connaît peu, le néo-vigneron choisit des plants peu productifs. Encore aujourd'hui, son rendement ne dépasse pas 30 hectolitres à l'hectare en moyenne. "J'obtiens de petites grappes, avec de petites baies mais qui sont très concentrées. C'est plus qualitatif. Je ne veux pas faire cracher la vigne", affirme-t-il. 

Chaque année, il a continué à planter ses terres. Au départ, il amenait sa production à la cave coopérative de Saint-Gilles, mais depuis dix ans, il loue la cave et le groupe de froid d'un ancien viticulteur pour faire ses propres bouteilles. Une transition qui n'a pas été simple au départ : "On n'est pas vigneron de père en fils dans ma famille. Je ne savais pas comment était fait le terroir, comment allait réagir la vigne... Je n'avais pas de gros moyens financiers. La passion m'a fait tenir. Mon ancien parcours de militaire m'a appris à être tenace, à ne jamais lâcher même si c'est difficile."

Pour la vinification, Pascal Ridao s'est entouré de l'oenologue Jean-Paul Laurès. D'autant que les vins du domaine sont issus de fermentation à froid et sont bas en souffre (S02) : "Je trouve que quand il y en a trop, cela masque les arômes." Les vingt hectares du domaine ne sont pas en Côtes-du-Rhône, dont l'aire d'appellation s'arrête à Laval-Saint-Roman, mais en Côtes du Vivarais. Cette AOC moins connue est principalement ardéchoise mais englobe aussi cinq communes gardoises (Issirac, Montclus, Barjac, Le Garn et Saint-Privat-de-Champclos). 

La relève assurée ?

"On cultive ici à 350 mètres d'altitude. On arrive à un vin plus vif, plus tendu et avec davantage d'acidité", décrit Pascal Ridao. Cette particularité a su séduire les jurés du concours général agricole 2023 puisque ses Côtes de Vivarais blanc et rouge 2022 ont tous les deux obtenu une médaille d'or. Le rouge a également eu une médaille d'or au concours des vins d'Orange, auquel le domaine participait pour la première fois.

Aujourd'hui, le vigneron gardois, qui est aussi devenu 1er adjoint du village, veut continuer à péréniser son domaine, développer l'événementiel et espère un jour pouvoir vinifier sur place, chez lui. "Mais ça, ce sera peut-être le projet de Paul, mon fils, qui est intéressé pour reprendre", conclut son papa, bien décidé à ce que l'aventure ne s'arrête qu'à une seule génération. Le prochain gros rendez-vous au domaine Ridao est programmé fin avril où sera organisée une journée dégustation des vins. 

Domaine Ridao, quartier Brugas du Pouzet, à Issirac. 

Marie Meunier

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