Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 25.03.2024 - Propos recueillis par Marie Meunier - 5 min  - vu 513 fois

L'INTERVIEW Gérard Parisot de l'Institut français du cheval et de l'équitation : "Si on veut continuer nos sports, il faut innover"

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Gérard Parisot est le nouveau délégué territorial Arc Méditerranée à l'Institut français du cheval et de l'équitation.

- photo Marie Meunier

Ce dimanche et encore ce lundi 25 mars, le Haras national d'Uzès ouvre ses portes aux visiteurs. L'occasion de découvrir les activités et les personnes qui travaillent au sein du site. Pour l'occasion, nous avons échangé avec Gérard Parisot, délégué territorial de l'Arc méditerranéen de l'IFCE (Institut français du cheval et de l'équitation).

Le Haras national d'Uzès fait partie du patrimoine national. Le site abrite le siège de l'arc méditerranéen de l'IFCE (Institut français du cheval et de l'équitation), qui s'étend à la Corse et aux régions Sud et Occitanie. Gérard Parisot en est le délégué territorial depuis septembre 2023. Une première pour cet homme issu de l'enseignement agricole. Il nous explique les différentes missions de l'IFCE, le rôle du Haras d'Uzès et les projets prévus. 

Au haras d'Uzès, on forme des professionnels notamment à l'attelage et à la traction animale. • photo Marie Meunier

Objectif Gard : Pouvez-vous rappeler ce qu'est l'IFCE (Institut français du cheval et de l'équitation) et quelles sont ses missions ?

Gérard Parisot : L'IFCE est issu du regroupement des Haras nationaux et de l'ENE (école nationale d'équitation). On a plusieurs fonctions aujourd'hui. On se charge de l'identification et du contrôle des équidés et de leurs détenteurs. L'IFCE livre pour chaque animal une carte d'identité. On s'occupe aussi de la formation des professionnels. Ici, à Uzès, on est davantage spécialisé sur la traction animale et l'attelage. Uzès a aussi la particularité de travailler sur le patrimoine hippomobile. C'est ici que sont regroupés l'ensemble des véhicules hippomobiles des Haras nationaux, dont certains sont classés à l'Unesco. Il y a tout un travail de rénovation et de préservation des voitures mais aussi du harnachement, qui peuvent vite s'abimer. Malgré tout, on essaie de le montrer les visiteurs. Un patrimoine qui n'est pas partagé ne sert pas à grand chose.

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Il y a aussi toute une dimension consacrée à la recherche et développement au sein de l'IFCE ?

C'est très varié, cela va de la gestion de l'eau à l'essai de nouvelles litières pour les chevaux. Plutôt que la tradionnelle paille, on essaie de recycler des produits existants sur les territoires, ici, on fait des tests sur les déchets de lavandes. Il faut voir comment faire pour leur donner une deuxième vie, mesurer l'incidence sur l'animal... 

Vous avez aussi parlé de la gestion de l'eau ?

La problématique de l'eau est accentuée dans le sud mais va concerner l'ensemble du territoire. Aujourd'hui, on a majoritairement des carrières en sable qui doivent être arrosées l'été pour ne pas que le sable s'envole. Il va y avoir des priorités à établir sur la consommation d'eau. Il est logique de considérer que l'alimentation humaine passe avant l'entretien d'une surface sportive, c'est normal. On doit essayer de trouver des alternatives. Beaucoup ont été réfléchies mais sont néfastes à l'environnement, pour moi. 

Mettre des plaquettes de bois à la place du sable serait un bon compromis ?

Les plaquettes forestières semblent répondre à un certain nombre d'exigences pour avoir un sol où travailler les chevaux mais semblent aussi répondre aux problématiques d'arrosage. Une société du nord de l'Hérault expérimente cela. Ces plaquettes sont des sortes de copeaux de buis. Le buis est en plus un peu envahissant dans certaines zones, cela permettrait de dégager certaines parcelles et de produire ces plaquettes. Il est fort probable qu'Uzès fasse partie des quatre sites français qui vont tester des espaces de travail pour chevaux avec comme revêtement ces plaquettes forestières. Un projet national va être lancé par l'IFCE sur le sujet. Bien sûr, il y a des a priori mais on va les tester grâce à un protocole de surveillance. 

Les plaquettes de bois pourraient remplacer le sable de la carrière centrale du haras alors ?

Peut-être ou alors dans la carrière d'entrée. Mettre ce nouveau revêment dans cette cour centrale pourrait aussi mieux aborber l'eau quand il y a de fortes pluies. J'espère que ça pourrait être expérimenté début 2025, il faut des autorisations, des recherches de financements nationaux... Si on veut continuer nos sports, il faut innover.

Innover mais aussi protéger. L'IFCE agit pour le renouvellement de l'équitation de tradition française sur la liste du patrimoine immatériel de l'Humanité et aussi pour l'élargissement aux équitations de travail et aux arts équestres ?

L'IFCE a pour mission de maintenir vivante la tradition équestre française et ses moult particularités. Elle était concentrée sur la Haute école et Saumur mais on considère aussi que l'équitation de travail, très présente en Camargue, fait partie de notre patrimoine. Elle a besoin d'être sauvegardée, ce n'est pas du folklore. C'est une équitation vivante qui rythme le quotidien de bon nombre de manades. Au mois d'octobre, le site du Haras d'Uzès accueillera d'ailleurs les championnats d'Europe d'équitation de travail.

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Beaucoup de manadiers s'inquiètent de la montée de mouvances animalistes qui stigmatisent l'équitation. L'IFCE est-il confronté aussi à cette prise en compte croissante du bien-être animal ?

Bien sûr. Les chevaux ne passent jamais 24h sans être sortis à Uzès. Certains ne sont rentrés que pour le travail. (...) C'est aussi, à travers l'éducation des cavaliers et des meneurs d'attelage, qu'on va conduire vers une amélioration du bien-être animal. Plus un cavalier y aura été sensibilisé, moins il commettra d'impairs. 

Plusieurs formations sont proposées au haras d'Uzès, notamment en attelage ou pour les cavaliers de spectacle. Cette dimension est au cœur des enseignements ?

Oui et on donne aussi des formations aux professionnels sur la manipulation des animaux. Certaines brutalités peuvent être dues à un manque de savoir-faire, tout simplement. On a quand même des animaux assez imposants, alors ces choses-là s'apprennent. Pour monter à cheval, il faut aussi savoir le changer de place, l'embarquer dans un van. C'est le B.A.-BA et on l'oublie souvent. Ça évite de trop recourir à la contrainte ensuite. 

Des salles de formation sont en train d'être construites au sein du haras d'Uzès. • photo Marie Meunier

Quels sont les autres projets qui vont être menés au haras d'Uzès ?

On espère qu'un projet mené avec le SICTOMU (Syndicat Intercommunal de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères de la région d'Uzès) verra le jour : on va faire des essais de compostage avec le fumier du haras avec des déchets alimentaires des cantines et restaurants de l'Uzège. On mène aussi des recherches sur la traction animale dans les vignes. Depuis l'automne, sont aussi construites trois salles de classes qui serviront à la formation et on entame enfin la rénovation thermique du site. 

Journées portes ouvertes au haras d'Uzès : quel programme ce lundi 25 mars ?

L'accueil du public se fera dès 9h. Jusqu'à midi et de 14h à 17h, les visiteurs pourront rencontrer l'équipe pédagogique, découvrir l'offre de formation disposée au haras mais aussi le service Équi-ressources ou encore les activités de recherche et de développement. À 10h et à 16h, est prévue une visite de l'espace muséal et de la sellerie d'honneur. À 10h, 10h45, 14h et 14h45, sont proposées sur réservation des visites du site en attelage. Il est également possible de découvrir l'atelier sellerie du haras à 11h et à 15h. À 11h30 et 15h30, sera présenté le plateau technique du haras avec une animation sur la traction animale avec deux chevaux. 

Propos recueillis par Marie Meunier

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