Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 02.11.2015 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 1073 fois

DÉPARTEMENT Le collaborateur du Bon Sens Républicain sur la sellette

Anthony Belin, chargé de mission du groupe Le Bon Sens Républicain au département.

Anthony Belin est dans le collimateur des conseillers départementaux, proches du sénateur-maire de Nîmes, qui n'ont plus confiance en lui. Cet imbroglio traduit les difficultés de fonctionnement du groupe d'opposition sur certains dossiers.

Lundi 19 octobre. Assis en salle de réunion, les élus du Bon Sens Républicain examinent attentivement les rapports avant la séance publique de vendredi. Chaque délibération est passée à la loupe, l'objectif étant d'arrêter une position commune lors du vote. Cette discipline fait la force du groupe. Mais ce lundi matin, l'atmosphère est assez tendue. Sur une feuille que chiffonne nerveusement un élu, est inscrit le second sujet des discussions : le fonctionnement du groupe. "En fait, il était question essentiellement des reproches des élus nîmois adressés à Anthony Belin", confie le conseiller départemental d'Alès 3 Frédéric Gras, qui compte parmi les soutiens du collaborateur. À 26 ans, Anthony Belin est un proche de Laurent Burgoa. En conflit avec le cabinet du maire de Nîmes, ce dernier a trouvé refuge, il y a quelques mois, au Département en tant que chargé de mission du Bon Sens Républicain. Partisan d'une droite décomplexée, le militant appuie régulièrement le président de groupe dans ses prises de positions autour de la lutte contre le djihadisme ou le Gard en Paca. Des postures parfois jugées malvenues ou malmenées par sa propre famille politique.

Taxe sur l'électricité : la lettre de la discorde

L'ire des élus nîmois a été déclenchée par un courrier envoyé par Anthony Belin, suite au rejet de la hausse de la taxe sur l'électricité. Loin d'un tour de force idéologique et unitaire, ce vote a surtout révélé les clivages au sein même de la droite. Fortement invités par Jean-Paul Fournier à voter cette hausse, en cohérence avec la politique conduite à Nîmes ou Saint-Gilles mais également, pour négocier plus sereinement avec l'exécutif socialiste, les élus -majoritairement favorables au rejet du rapport- sont allés à l'encontre du sénateur-maire. Joint par téléphone, Richard Tibérino et d'Eddy Valadier, deux élus proches de Jean-Paul Fournier, ont refusé de s'exprimer. Toutefois, leur entourage est plus bavard : "Anthony Belin a envoyé cette lettre aux élus (exceptés à ceux de Nîmes, NDLR) pour expliquer que Fournier et Lachaud n'avaient pas à se mêler des affaires du Département". Un casus belli pour les Nîmois, anciens du RPR. "Avant d'être maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier est surtout secrétaire départemental Les Républicains. C'est lui qui a donné l'étiquette aux candidats avec laquelle des gens comme Frédéric Gras ont pu être élus", fait remarquer notre source.

Du côté des élus fiers du rejet de cette taxe, l'argumentaire est sensiblement différent : "Les Gardois ne sont pas que nîmois", plaide Frédéric Gras qui n'en reste pas moins compréhensif : "ces élus auraient pu voter favorablement, ça ne nous aurait pas dérangés, on aurait compris. (…) Par contre, ils ne doivent pas utiliser Anthony Belin comme bouc émissaire. C'est un collaborateur compétent qui, grâce au site Internet nous fait connaître auprès des Gardois, connaît ses rapports et nous aide quotidiennement". Seulement, la lettre n'est pas le seul reproche qui a été formulé au chargé de mission. Sur le rejet des 150 000 euros de subventions allouées aux syndicats, "Anthony Belin a menti aux élus. Pour justifier le rejet, il a assuré avoir contacté le cabinet du maire qui lui aurait confirmé que la ville ne versait rien au syndicat. Il ne l'a jamais fait. Or, la ville subventionne bien les syndicats* ! C'est une faute professionnelle. Nous n'avons plus confiance en lui, il doit être licencié", poursuite cette même source.

Problème plus profond

Derrière cet imbroglio se cache un malaise plus profond. Depuis les départementales, la droite a connu une croissance sans précédent avec l'élection de treize élus. Additionnés à ceux du groupe centriste, présidé par le comparse de Laurent Burgoa, Thierry Procida, et à ceux du FN qui votent le plus souvent contre la gauche, l'opposition est en capacité de rejeter certaines délibérations. L'apprentissage de ce nouveau pouvoir n'est visiblement pas sans heurt. "Désormais, les élus ont obtenu leur liberté de vote", fait savoir l'entourage du sénateur-maire. Une déclaration infirmée par Laurent Burgoa, joint par téléphone. Peu loquace sur le sujet, le président de groupe sait qu'une liberté de vote donnerait à la gauche l'occasion de s'engouffrer dans la faille de la division, s'affranchissant plus facilement des revendications du Bon Sens Républicains.

Le cas Anthony Belin n'est qu'un arbre qui cache la forêt. Une forêt de quelques divergences, comme le rappelle Frédéric Gras : "nous sommes d'accord sur pratiquement 98% des sujets, mais parfois ça coince". Il n'en reste pas moins que Laurent Burgoa va devoir trancher, une bonne fois pour toute, sur ces 2% de litiges.

*Pour 2015, la mairie de Nîmes a alloué 19 800 euros de subventions à cinq syndicats. Par ailleurs, elle loge à titre gratuit neufs syndicats. 

Coralie Mollaret

Coralie Mollaret

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