Des heures et des heures chaque jour, et de plus en plus jeunes : le temps passé sur les écrans est devenu ces dernières années une question de santé publique, notamment pour les enfants. Face à ce constat, il y a quatre ans des parents d’élèves du groupe scolaire Jean-Macé, à Uzès, prennent l’initiative d’en parler en conseil d’école. Jean-Christophe Quilez en faisait partie : « Mon enfant était en CP à l’époque, et j’avais demandé quelle était la politique de l’école face aux écrans. Nous avons alors commencé à développer une réflexion sur l’omniprésence des écrans autour des enfants », explique-t-il.
De là est née l’idée d’adapter le « Défi sans écrans », une initiative canadienne visant à, l’espace de quelques jours, se passer des écrans pour reconnecter au réel. L’équipe enseignante dit banco : « Nous avons formalisé un dispositif à l’attention des élèves et des parents, sans posture moralisatrice et en outillant les parents », retrace Emmanuel Gault, le directeur de l’école Jean-Macé.
L’action démarre dans le groupe scolaire uniquement, et fait initialement face au scepticisme de certains parents. Neuf jours plus tard, à la fin du défi, le bilan tiré avec les enfants est positif. L’année suivante, cinq écoles de l’Uzège participent, soit 800 élèves, puis 18 écoles, soit 1 200 élèves, cette année, dont pour la première fois une classe de 6ᵉ du collège Saint-Firmin. Et, en 2026, le collège public Lou Redounet se joint au dispositif, qui concernera environ 2 000 élèves en tout.
Ainsi, du 18 au 22 mai prochains, les élèves et enseignants du collège participeront à la semaine sans écran. Au programme : deux expositions sur le thème, des actions au CDI, en cours de français, physique-chimie, SVT, anglais, allemand, arts-plastiques, des tournois d’échecs avec la SEGPA, des sessions de découvertes de métiers au sein du collège, des visites de l’exposition du musée Borias sur les loisirs d’autrefois, une sortie dans la vallée de l’Eure et une ribambelle d’activités au collège hors temps scolaire, proposées par les professeurs, les assistants d’éducation, les AESH et les agents territoriaux, bref : « un exemple de ce qu’est l’engagement », salue le DASEN Christophe Mauny ce jeudi au collège lors de la présentation du dispositif.
Un dispositif qui permet d’aborder cet enjeu des écrans « pas par l’interdit, mais par le collaboratif autour d’un projet commun qui mobilise le plus grand nombre », souligne le Dasen. Notamment les parents : « Aujourd’hui, si on veut opérer des inflexions fortes en termes de comportement, il ne faut surtout pas oublier les parents, pour que tous les temps de l’enfant puissent s’articuler », estime-t-il. Avec un but : « réduire le temps qu’on passe sur les écrans pour passer le temps », glisse-t-il, convaincu qu’un rendez-vous de ce type, reproduit chaque année, « peut avoir un impact fort. »
Les premiers résultats de l’action se font sentir, avec des élèves qui y ont participé plusieurs années et sont désormais rentrés au collège : « Nous voyons un basculement dans l’usage des écrans, affirme la principale du collège Lou Redounet, Emmanuelle Lorant-Raze. Nous avons vu chez les 6ᵉ de cette année que la moitié n’ont plus de téléphone portable, et parmi ceux qui en ont, nombreux sont ceux qui ont des téléphones pour téléphoner, avec des touches. »