ALÈS EN FERIA Pas de triomphe mais un bon moment aux arènes

Miguel Andrades attaque sa faena sur une chaise (Photo Anthony Maurin)
Corrida concours de François André, Curé de Valverde, Yonnet, Tardieu Frères, Barcelo et La Golosina pour l’alternative de Miguel Andrades, (applaudissements et silence), Sanchez vara (vuelta et oreille) et Damian Castaño (silence et silence).
Ce fut une belle surprise d’apprendre que Miguel Andrades allait devenir matador de toros en terre alésienne. Il mérite tellement de prendre un peu la lumière. Lui ? En effet, peu le connaissent, mais c’est un torero de la faim, de l’envie. Un homme de classe, d’honneur.
Torero mystique, efficace dans tous les domaines de la lidia, poseur de banderilles, bref, il avait tout pour plaire à Alès ! Alors qu’il vienne ici, à 30 ans, après des années de galère et pour prendre une bouffée d’air frais devant un public reconnaissant, le rêve pouvait enfin se réaliser.
Miguel Andrades touche l’exemplaire de François André en premier. L’ordre classique reprendra dans la foulée. Pour une entrée en matière on aurait préféré autre chose que ce toro sur la défensive, atone et vicelard… Aux banderilles, le doctorant se prend une belle rouste mais garde une énergie intéressante et une envie folle de faire plaisir et de marquer les esprits en ce jour important. D’un gabarit de poche il aurait pu être idéal pour une alternative mais le sort n’était pas avec Miguel Andrades qui ne pourra qu’écouter quelques applaudissements à l’issue de son combat.
Dernier toro de la course et le natif de Jerez a décidé de prendre le toro de La Golosina, de Jean-Baptiste Jalabert, par les cornes. Bien fait, dans le type de la maison, il est bien plus mobile que son premier et permet d’autres possibilités. L’Espagnol ne tarde pas à déclencher quelques discussions en prenant une chaise pour lors du tercio de banderilles. Il s'assied, se relève et hop, pose une paire. Mais le maestro n’en a pas fini avec l’objet… Il reprend cette chaise et entame sa faena le séant vissé dessus. Rappelons également qu’il a accueilli le cornu les genoux en terre au capote. Moins dans le tempo, dans des sitios pas toujours évidents et bien choisis, Miguel Andrades est limité par sa fraîcheur dans la catégorie. Quoi qu’il en soit, il ne se démonte pas et met la jambe, encore et toujours.
Sanchez Vara est un habitué du Tempéras où il a « actué » à de multiples reprises. N’oubliez pas que le monsieur a pris son alternative il y a déjà 25 ans des mains d’un certain Espla. Il touche le toro du Curé de Valverde, avec des cornes immenses et un garrot aussi haut que le crâne du torero qui fera une vuelta à l’issue du duel. Quelques belles piques, un peu d’émotion, une faena appliquée et sérieuse. L’aficion a vu ce pour quoi elle était là.
Deuxième duel pour Sanchez Vara qui tombe sur un Tardieu Frères. On a, comme pour François André, l’habitude de voir autre chose du côté de la Cour des Bœufs mais on n’est pas dans le moteur… En tout cas Sanchez Vara, en excellent professionnel qu’il sait être, a joué le jeu. Sur ce toro comme sur son premier, il partage les banderilles avec le nouveau venu, en bon parrain. Au capote, il fut plaisant et à la muleta, encore une fois, il en connaît long et sait parfaitement où se placer pour faire avancer le schmilblick. Alors, une oreille !
Enfin, Damian Castaño, torero discret, entre en piste devant le bicho de Yonnet. Encore un toro aux cornes présentes, encore un duel d’intérêt. Le diestro ne rompt pas et mais c’est le toro qui abandonne le combat très rapidement. Silence.
Lors de son second duel et à 35 ans, le natif de Salamanque espère pouvoir exprimer toute l’étendue de son toreo. Castaño écoutera encore le silence mais aura eu le temps de montrer quelques belles choses, notamment à gauche même s’il s’est un peu trop arrêté sur cet aspect de la faena. Ce toro de Barcelo, avec celui qui suivait de La Golosina, étaient les deux toros de la tarde.
Le prix du meilleur toro est revenu à Molino, le dernier de la course, celui estampillé du fer de La Golosina. C’est Sanchez Vara qui a été élu meilleur lidiador et Paco Navarrete rafle le trophée du meilleur picador face au Valverde sorti en deuxième position. Enfin, la meilleure cuadrilla fut celle de Damian Castaño.