Publié il y a 9 h - Mise à jour le 07.06.2025 - © Yannick Pons - 5 min  - vu 319 fois

FAIT DU JOUR Jacques Teissier, écrivain, aficionado et curé des corridas

© Yannick Pons

Jacques Teissier, prêtre du diocèse de Nîmes, est le titulaire de la petite chapelle des toreros nichée au sein des arènes bimillénaires nîmoises. Il soufflera ses 85 bougies au mois de juillet.

© collection personnelle de Jacques Teissier

Une petite capilla incrustée dans la pierre des arènes romaines, était créée dans les années 50 par Adrien Gauttier, avec l’accord du maire communiste de l’époque et de Ferdinand Aimé, dont le successeur n’est autre que Simon Casas. À droite de l’entrée principale de la piste, l’entrée des artistes, le prêtre accueille les toreros dans le vestibule. Il fait signer le livre d’or à chacun de ses hôtes en habits de lumière. Un livre qui contient des pépites exceptionnelles laissées en français et en espagnol. Huit livres plus exactement, méticuleusement conservés depuis 1991 et que Jacques Teissier a offerts, au musée des cultures taurines situé au centre-ville de Nîmes. Ensuite, le matador se rend seul dans la chapelle, en passant la porte gardée par la Macarena de Séville. Un pseudo vitrail en demi-lune laisse passer ce qu’il faut de lumière afin que les yeux puissent voir tendrement. L’autel porte des bougies. À gauche, Saint-Martin de Porrès et à droite, la Vierge de Nimeño II, reproduction de Notre-Dame de Rochefort, sculptée dans le bois d'olivier local par Gérard Saez : elle porte sur les épaules la cape de paseo que Nimeño lui avait offerte au début de sa carrière.

Des taureaux dans la tête

Nommé aumônier au lycée Jean-Baptiste-Dumas d’Alès de 1967 à 1972, puis parti sur Paris, il est revenu à Nîmes en 1987, un pied en paroisse et un autre dans des groupes de partage Jeunesse indépendante chrétienne féminine (JICF) et Action catholique des milieux indépendants (ACI). Des personnes qui partagent leur vie quotidienne et qui la mettent en écho avec l’Évangile. Le curé nîmois habite au pied de l’église Saint-Luc au sein du quartier nîmois de la Croix-de-Fer, à proximité de la salle paroissiale qui accueille les lotos, des rencontres paroissiales ou de personnes du quartier, et les apéros d’après célébrations.

Déchargé aujourd’hui des tâches paroissiales, le prêtre nîmois s’implique encore, par relations, dans des baptêmes, mariages et enterrements. Tous les vendredis matin, il célèbre la messe à la paroisse Saint-Luc et, une fois par mois, il lance à tous une invitation à discuter autour de l’Évangile, à l’église Saint-Charles, après la messe du matin, généralement le 3e dimanche. C’est son grand-père qui a créé la librairie Teissier de Nîmes, tenue aujourd’hui par ses neveux. Auteur de plusieurs livres dont le plus récent est La fraternité dans la bible : une indéracinable espérance, le curé a toujours eu la corrida dans la peau.

« Je suis tombé dans la corrida, dit-il, quand j'étais petit par ma famille. J’avais 6 ou 7 ans quand j'ai vu ma première corrida ici à Nîmes, oui. Cela m'a saisi et ça ne m'a jamais lâché. » En Amérique du Sud, en Espagne ou en France, dans toutes les ganadérias, il enfile ses baskets et sa longue robe de prêtre. Aficionado practicante, après avoir dit la messe, il fait quelques passes avec un taureau.

Ensuite il est devenu prêtre et lorsqu’il est revenu à Nîmes : « On cherchait quelqu'un pour remplacer Adrien Gauttier le créateur de la chapelle, qui n’était pas prêtre et qui s'occupait de toutes les affaires matérielles. L'aumônier en titre était Maurice Archet, le curé d'Aigues-Mortes. Alors on m'a demandé si je voulais remplacer Adrien, j'ai dit oui », confie l’abbé. Ainsi aux arènes, il y avait l'aumônier-aumônier, c'était Maurice ; et il y avait l'aumônier-sacristain, c'était Jacques. Et puis Jacques s’est retrouvé seul, gardien de la chapelle

La fraternité dans la bible : une indéracinable espérance

En suivant la chronologie de la Bible, Ancien et Nouveau Testament, le prêtre nous emmène dans l’odyssée humaine des Hébreux, entre le Nil et le retour en Judée, en passant par Babylone. Après la prise de Babylone par les Perses, l'empereur Cyrus II libère les Juifs et leur donne la mission de retourner dans leur pays d'origine et d'y reconstruire le Temple de Jérusalem (538 av. J.-C.). Libérés par ce roi païen qui, lui, pratique la justice contrairement à leurs agissements passés. Ce grand étonnement remettra les Hébreux sur le chemin de la fraternité, et dans l'attente d'un coeur enfin plus sensible à la justice.

La fraternité dans la bible : une espérance indéracinable

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© collection personnelle de Jacques Teissier
© collection personnelle de Jacques Teissier

Jacques Teissier a recueilli les témoignages de ses hôtes dans huit livres d’or depuis 1991. Voici quelques extraits :

• Luis Francisco Esplá, 18/09/1991 : Ici se dispersent les peurs. Nous crions à la solitude comme des naufragés de la terreur. Et nous seuls sommes chacun notre unique consolation. Merci à Dieu, lui il veille sur nous.

• César Rincón, 22/09/1991 : Avec affection et émotion, pour ces magnifiques arènes, le jour de ma présentation : une date que jamais je n’oublierai.

• Richard Milian, 05/06/1992 : Après quelques années de peur, de joies et de bonheur dans ce site (sic !) privilégié, je vous transmets mes pensées humaines et professionnelles les plus sincères et les plus passionnées.

• Philippe Heyral, 23/05/1994 : Les artistes de la corrida ont tous signé ce livre d’or. Or, une fois encore, les artistes de l’ombre sont oubliés… Peut-être sont-ils trop monstrueux ? Peut-être les dimensions de la porte ? Peut-être ne sont-ils pas assez gominés ? Pourtant, sans eux, pas de corrida ! Alors, au nom de tous mes chevaux, car bien sûr ils sont là, je tiens à signer ce superbe livre d’or.

• Jaime de Pablo-Romero, 19/06/1994 : (centenaire de la ganadería à Nîmes) : Pour que je n’aie jamais de problèmes avec Dieu, qu’il me protège et me donne force dans les moments de faiblesse ; avec mes remerciements à son représentant sur terre.

• José Tomás, 26/02/1995 : Pour ce lieu important que sont ces belles arènes de Nîmes, en espérant que ce jour reste comme le souvenir d’un triomphe important.

• Vicente Barrera, 26/05/1996 : En ce jour de ma présentation comme matador d’alternative et avec la fierté et l’illusion de fouler de nouveau l’une des pistes les plus charismatiques de l’univers taurin. Merci France. Merci Nîmes. Votre ami.

• Antonio Ferrera, 18/05/1997 : Pour mon premier paseillo comme matador de toros, et j’espère qu’il ne sera pas le dernier.

• Manuel Benítez « El Cordobés », 12/05/2002 : Avec toute mon affection pour « mes » arènes.

• Juan José Padilla, 26/05/2012 : J’espère, en cette première matinale de toutes les ferias que j’ai toréées, satisfaire l’aficion et pouvoir réaliser l’une de mes plus mémorables faenas, grâce à mon « illusion » de revenir dans ce Colisée rempli d’émotions. Un grand abrazo à mes amis aficionados.

• Jean-Marie Raymond, 20/05/2024 : La ganadería Virgen María est fière et heureuse de fouler le sable de la plaza de Nîmes. / Que les enfants de Virgen María brillent cet après-midi et qu’ils illuminent par leurs charges saines la volonté des toreros et la joie du public. / Aujourd’hui, ici, comme il y a un an dans la placita de notre finca je renouvelle mon mariage avec mon épouse et avec le toro. / Le tout avec encore et toujours par ses actes la présence sereine du père Jacques Teissier. / Que l’amour vive dans tous les cœurs.

• Enrique Ponce, 17/05/2024 : Avec toute mon affection de toujours en cette après-midi qui est ma dernière dans ce temple du toreo. Merci.

• Raphaël Chaubet, 18/05/2024 : Merci pour tous ces beaux moments d’aficion et de vie partagés. L’ilusiòn toujours présente est un merveilleux cadeau de la vie, et rend tout possible.

© Yannick Pons

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