L’INTERVIEW Tiphaine Leblond, ex-présidente de la Mission locale : « C’est une crise énorme à gérer ! »
Présidente démissionnaire de la Mission locale jeune de Nîmes, Tiphaine Leblond a levé le voile sur une situation financière « catastrophique » de la structure chargée de réinsérer les jeunes dans la vie active.
Objectif Gard : La Mission locale présente de grosses difficultés financières. Étiez-vous au courant ?
Tiphaine Leblond : Non, j’ai découvert cette situation en préparant l’Assemblée générale de juin. Dans mon discours introductif, je parle des 556 000 € de résultats négatifs pour 2022, alertant sur l’année prochaine qui s’annonce compliquée… Quand j’ai compris l’étendue des dégâts, j’étais catastrophée. Auparavant, j’envoyais beaucoup de mails pour demander des informations au directeur. Ce dernier faisait beaucoup les choses dans son coin. Je comprends pourquoi maintenant…
« Humainement, ça a été compliqué »
Quelles sont les raisons de ces mauvais résultats financiers ?
Le directeur a été embauché à la mission locale il y a 27 ans. Il la dirige depuis 2018. J’avais confiance. Le travail du nouveau président Frédéric Escojido et de la DDETS (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités) démontreront si le directeur, que nous avons licencié, a eu une gestion cavalière. C’est-à-dire des déficits cumulés pour une structure qui présente 6 M€ de budget annuel et 110 salariés. Après, nous avons plusieurs dispositifs et l’État alloue une subvention en fonction des résultats. Il faut donc du monde pour travailler… En tout cas, je tiens simplement à souligner qu’humainement, ça a été compliqué pour moi. J’ai passé un été horrible, le nez dans les comptes à comprendre ce qu’il s’était passé !
Comment en arrive-t-on à une telle situation ?
En tant que présidente, j’étais certes la représentante légale de l’association mais j’étais surtout là pour insuffler une politique. J’ignorais tout de la situation. De plus, nous n’avions pas de trésorier. Il vient à peine d’arriver.
Quel est le rôle de la mission locale ?
Nous accompagnons des jeunes pour qu’ils puissent s’insérer dans la vie professionnelle. Nous sommes dans une bonne dynamique avec 0,4% de jeunes supplémentaires reçus l’an dernier.
Pourquoi avez-vous démissionné ? Est-ce, en quelque sorte, un aveu d’échec ?
Non pas du tout. C’est une crise énorme à gérer. Il faut y être à temps plein. Moi, j’ai deux délégations : la jeunesse à la mairie de Nîmes et l’égalité femme-homme à Nîmes métropole, sans parler de mon boulot et je suis aussi maman. J’ai soulevé le lièvre. J’ai assumé les conséquences et nous y avons tous bossé cet été. À Frédéric Escojido maintenant, élu plus expérimenté à la tête froide, de mettre en place un plan de redressement. D’ailleurs le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, et le président de Nîmes métropole, Franck Proust, l’ont bien compris et m’ont soutenu. Je les remercie.
Ce plan de redressement aura-t-il des conséquences sur l’accompagnement des jeunes ?
Non, je ne pense pas. Tous les salariés, malgré leurs craintes, sont à fond pour rétablir une situation plus saine.
Cette polémique aura eu le mérite de vous faire connaître…
Oui… J’aurai quand même préféré d’autres circonstances. D’ailleurs, on lance fin septembre avec la mairie les élections du conseil municipal des jeunes. Nous attendons aussi les jeunes pour la journée de l’engagement, le samedi 14 octobre sur l’esplanade, avec tous les métiers de la sécurité (police, gendarmerie, Croix-Rouge…).
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