FAIT DU SOIR Alechnisky sur papier, dans ce qui est un peu "son" PAB

Carole Hyza, conservatrice des musées d'Alès Agglo, a fait visiter la nouvelle exposition, avant son ouverture au public
- François DesmeuresLe musée PAB de Rochebelle, à Alès, accueille, à partir de ce vendredi, près de 200 œuvres sur papier du peintre belge. Une carte blanche laissée à l'artiste, dont la collaboration professionnelle et l'amitié avec Pierre-André Benoît, a accouché de 25 ouvrages d'artistes. Mais aussi un parcours rétrospectif, avec l'accrochage de quelques œuvres qui n'ont jamais figuré ensemble. À voir jusqu'au 4 janvier.
Il y avait déjà sa fresque, qui accueille le visiteur au pied du musée PAB. Un hommage au "propriétaire" des lieux posé sur la pierre, œuvre permanente. Il y a désormais "son" exposition. Pierre Alechinsky a eu carte blanche pour choisir, dans ses œuvres, une rétrospective telle qu'il la souhaite désormais, dans sa 98ᵉ année. Et dans un musée qui lui est cher, en raison de sa propre histoire.
"Avec Pierre-André Benoît, c'est une question de rencontre et d'amitié", explique Carole Hyza, conservatrice des musées d'Alès Agglo. Pourtant, les deux artistes ont commencé par un livre commun, à distance, sans se connaître, en 1967, L'Espace d'un doute. "Puis, ils se sont rencontrés, poursuit Carole Hyza. Et ont développé 25 collaborations. Le duo a, notamment, été très actif dans les années 80-90. Et quand PAB avait des idées noires, ce qui pouvait lui arriver souvent, Alechinsky lui faisait la proposition d'un autre livre pour les lui faire oublier." Jusqu'au dernier, en 1993, Le Placard, un soleil couchant, juste avant la mort de PAB.
Cette amitié a instauré une place permanente dévolue au peintre belge, au musée PAB. Et une salle à son nom. Jusqu'en janvier, il les investit toutes. "Je suis un peintre qui vient de l'imprimerie", dit Pierre Alechinsky pour expliquer qu'en tant qu'ancien typographe, il "est très exigeant sur les textes, les catalogues, etc.", précise Carole Hyza. L'exposition n'offre pas une chronologie, mais un voyage dans les œuvres, au rythme des tailles et coloris différents.
Et on y remarque l'humour que le peintre met dans les titres de ses œuvres, en complément de celui de ses dessins. Ou, parfois, le sérieux, notamment quand on lui demande d'illustrer Proust, ce qu'il pense impossible. Et c'est en téléphonant pour refuser le projet qu'il griffonne sur une feuille... et se rend compte que l'inspiration ne lui manque pas.
Dans les années 80, il passe de l'acrylique à la peinture à l'huile. Mais "ce qu'il aime, c'est de l'encre, du papier et travailler au sol", détaille Carole Hyza, la position verticale ne lui apparaissant pas comme naturelle. La salle qui porte son nom dévoile des aquarelles, "c'est la première fois que l'ensemble est montré en France". Pour accentuer l'importance de l'exposition, la médiathèque exposera une sélection des 80 affiches du peintre, dès le 19 juin. Et les archives municipales proposent de découvrir des films et documentaires consacrés à la technique de Pierre Alechinsky.