FAIT DU SOIR La forêt de Portes perd en combustible pour mieux se protéger
À l'occasion de la signature du renouvellement du Plan départemental de protection de la forêt contre l'incendie (PDPFCI), l'Office national des forêts (ONF) a convié le préfet du Gard à venir observer l'une des conséquences du plan dans la forêt qui brûla en grande partie, en 1985, autour de Portes. Des hauteurs de Trescol au col de Trélis, l'ONF a réalisé une tranchée impressionnante, une coupure combustile, qui doit cesser d'alimenter un éventuel départ de feu. Sur quatorze kilomètres, sept ont ainsi été débroussaillés. Le reste appartient à des privés, incités à faire de même.
"Lors de l'incendie de Bordezac, en juillet 2022, on s'est senti démunis par la vitesse de propagation du feu." Ce jour-là, David Massa était auprès des pompiers pour les aider à accéder à l'incendie, grâce à sa connaissance du milieu. Le responsable de l'Unité territoriale Cèze-Cévennes s'est donc interrogé, avec son équipe, comme il l'expliquait ce jeudi matin, au préfet du Gard venu signer, avec le Département et le SDIS, le Plan départemental de la forêt contre l'incendie (PDFCI). "Que faire pour éviter une situation comme il y a presque deux ans ?, interroge David Massa. On a alors feuilleté le plan départemental. On y a trouvé plein de choses écrites mais, sur le terrain, on voyait finalement très peu de choses faites."
"Ici, par exemple, la coupure combustible était peu ou pas entretenue." Ici, c'est dans la forêt qui a brûlé en 1985, au-dessus de Trescol et à proximité de Portes. "On a alors relancé ce travail sur 14 kilomètres." Soit sur un linéaire allant du hameau forestier du Ravin au col de Trélis, entre Le Martinet et Bessèges. "Concrètement, tous les arbres se touchaient", commente David Massa. Et toutes les conditions étaient donc réunis pour revivre une situation similaire à 1985, en cas de départ de feu.
"D'un arbre tous les mètres, on est passé à un arbre tous les sept ou dix mètres."
David Massa, responsable de l'unité territoriale Cèze-Cévennes à l'ONF
"Sur 14 kilomètres, 7 appartenaient ou étaient gérés par l'ONF. D'un arbre tous les mètres, on est passé à un arbre tous les sept ou dix mètres. On a sorti plus de 10 000 m3 de bois en un an et demi. On a, en revanche, essayé de conserver les feuillus." Des bois écoulés - alors que le tarif avait augmenté - dans des débouchés locaux, que ce soit pour les chaufferies, la fabrication de palettes, ou la production de papier. "Comme on dit dans notre jargon, on s'est préparés à la guerre", sourit David Massa.
Mais en attendant le conflit, il reste à tenter de convaincre les propriétaires privés de faire quelque chose de similaire. Et à maintenir les points stratégiques éclaircis en l'état. En clair, à entretenir le travail réalisé, afin que les broussailles ne remplissent pas les sous-bois et que les arbres n'éclosent plus les uns collés aux autres. "On travaille avec les pompiers, pour qu'ils viennent s'entraîner ici aux brûlages dirigés, explique David Massa (*). Ce qui assure l'entretien de 50 hectares. Ensuite, on a passé une convention avec un berger local pour une durée de neuf ans, sur 20 hectares." Le reste, c'est le pôle DFCI de l'ONF qui se chargera de l'entretenir.
Responsable DFCI chez les pompiers, le lieutenant-colonel Éric Guiboud-Ribaud explique aussi l'importance d'entretenir les chemins d'accès. "Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la forêt a doublé dans le Gard. On avait 4 000 km de piste, on en a 2 000 aujourd'hui." Des pistes qui souffrent, souvent, sous l'effet des épisodes cévenols. Au point que 50 % d'entre elles ne seraient pas aux normes. "Et c'est ce dont on a besoin pour travailler en sécurité."
"Le contrôle des pistes et citernes est fait tous les deux ans, poursuit Éric Guiboud-Ribaud. Et elles sont vues par nos partenaires l'autre année. Le rôle des élus est majeur ici, ce sont eux qui savent généralement l'évolution du terrain." Ils étaient d'ailleurs nombreux, ce jeudi matin, pour venir constater l'étendue du chantier réalisé et valider, par leur présence, la prolongation du plan départemental de protection de la forêt contre l'incendie.
Le plan départemental protection de la forêt contre l'incendie en reprend pour sept à dix ans
Responsable du pôle de Défense de la forêt contre l'incendie dans le Gard, la Lozère et l'Hérault, Fabien Brochiero explique l'intérêt du plan départemental protection de la forêt contre l'incendie (PDPFCI). "C'est un document général qui fixe les actions à mener en matière de protection, pour une durée de sept à dix ans." Une vingtaine d'actions y sont consignées, à partir de la carte départementale des aléas feux de forêt éditée en 2021. "Les crédits et subventions disponibles sont souvent fléchés sur des actions prévues dans ce plan", poursuit Fabien Brochiero. Des "documents de déclinaison existent, comme les plans de massif mis en oeuvre par les intercommunalités". D'une certaine façon, les PDPFCI d'aujourd'hui découlent un peu de l'incendie de Portes, a rappelé la directrice Gard/Hérault de l'ONF, Guylaine Archevêque, avan la signature : "L'incendie a donné lieu à quelque chose d'unique : les forestiers et sapeurs-pompiers se sont dit qu'il serait utile de nouer des relations plus étroites et de travailler ensemble".
(*) Objectif Gard avait rendu compte de ce type d'exercice, l'an dernier, à Arrigas. À retrouver ici.
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