LE GRAU-DU-ROI Mobilisation contre l’éolien offshore au port de pêche : « Oui à l’écologie, mais pas à n’importe quel prix »

Lors de la mobilisation contre l'éolien, ce matin au Grau-du-Roi
- Thierry AllardIls étaient une trentaine au port de pêche du Grau-du-Roi, ce samedi matin, à répondre à l’appel du mouvement lancé par l’écrivain Alexandre Jardin, les « #Gueux », « contre le développement anarchique de l’éolien terrestre et offshore ».
Ici, c’est plutôt l’éolien offshore qui inquiète, surtout les pêcheurs : « Oui à l’écologie, mais pas à n’importe quel prix », résume David Papy, président des Fêtes de la Saint-Pierre et des Marins-pêcheurs du Grau-du-Roi. Car il l’affirme, l’éolien offshore, en l’occurrence les projets de parcs Fos 1 et 2 et Narbonnaise 1 et 2, « mettent des entreprises, des familles, des infrastructures, des coopératives en danger, car ils nous enlèvent des zones de pêche. » Et ce, alors que le plan de pêche européen West Med « nous a déjà réduit les jours en mer. Pour en gagner, il nous faut concéder des zones de pêche », rajoute David Papy.
Bref, ça fait beaucoup pour les pêcheurs du Grau-du-Roi, au point qu’« on se demande si on a encore envie d’avoir une pêche artisanale », souffle-t-il. Et ce, alors que le secteur représente localement « 150 pêcheurs, soit 150 familles qui en vivent directement, s’y ajoutent les coopératives, les transporteurs… un emploi marin, c’est 4 à 5 emplois sur terre », affirme David Papy.
Sur place, on retrouve le syndicat agricole Coordination rurale, classé politiquement à droite, voire à l’extrême-droite, les députés RN Nicolas Meizonnet et Pierre Meurin, des représentants locaux de Reconquête ! et de l’UDR, ainsi que l’élu d’opposition graulen sans étiquette Charly Crespe. Nicolas Meizonnet prendra la parole pour « témoigner de la solidarité qu’on peut avoir à l’égard de nos pêcheurs », avant de s’en prendre à l’éolien et à « toutes ces énergies intermittentes », dont la montée en puissance dans le mix énergétique français adviendrait « au nom d’une écologie punitive et d’une technocratie qui dessert les intérêts du peuple français. »
« Il n’y a aucune raison rationnelle de développer l’éolien, si ce n’est des raisons dogmatiques, et pour engraisser les multinationales », lancera-t-il. Et Nicolas Meizonnet de saluer « une victoire magnifique » obtenue cette semaine, avec l’adoption d’un moratoire sur le solaire et l’éolien. Son homologue de la 4ᵉ circonscription, Pierre Meurin, dont l’amendement a fait tomber les Zones à faibles émissions (ZFE), lancera que « quand on se bat, ça marche », avant d’avertir : « La Programmation pluriannuelle de l’énergie retourne au Sénat, c’est un moment de vérité. »
Charly Crespe dira quant à lui son « opposition à l’éolien marin » et son soutien au moratoire : « Il faut qu’il soit maintenu. » Quant à l'éolien offshore, « il ne représente rien du tout dans le mix énergétique, mais pour autant il représente une énorme contrainte sur les pêcheurs, sans compter l’impact environnemental. » L’opposant en profitera pour tacler le maire du Grau Robert Crauste, « absent aujourd’hui, un exemple édifiant de sa politique ambivalente, après avoir fait voter un vœu à l’unanimité au conseil municipal en 2021 pour s’opposer à l’éolien marin. »
Pour la Coordination rurale, Richard Roudier, membre du bureau du syndicat agricole, dénoncera lui aussi « l’écologie punitive », avant d’alerter l’assemblée : « Soyons très vigilants, nous avons toujours des infiltrations dans nos mouvements, des écolos, des gauchistes. » Sur place, les manifestants étaient déterminés à renouveler la mobilisation : « Ce n’est qu’un début. »