FAIT DU SOIR Anne Levasseur, une experte de la cohésion sociale à la sous-préfecture du Vigan
Très entourée lors de sa prise de fonction ce lundi, la nouvelle sous-préfète du Vigan, Anne Levasseur, est aussi très attendue alors que son arrondissement est traversé par les crises de son temps, à commencer par la difficile gestion de la ressource en eau. Elle compte bien utiliser sa connaissance des antennes de l'État pour pousser au dialogue et à la pacification des crises.
Dès son arrivée au Vigan, jeudi soir dernier, Anne Levasseur a failli percuter l'une des problématiques de son nouveau territoire, à savoir un marcassin "qui a failli se retrouver sur mon capot", en sourit-elle aujourd'hui. Après quatre ans dans le Tarn-et-Garonne, la nouvelle sous-préfète du Vigan a donc pris pied dans le Gard lundi. Et si elle s'excuse de ne pas connaître encore sur le bout des doigts les dossiers majeurs de son territoire, elle a déjà pu en appréhender certains, en une semaine de présence dans le département.
Son domaine, jusqu'ici, c'était "la solidarité au sens large", résume-t-elle, à travers la direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP). Un antenne des services de l'État qui réunit désormais la politique de l'emploi, l'inspection du travail, les services vétérinaires ou encore la répression des fraudes.
De l'action sanitaire et sociale à la cohésion sociale
C'est dans les Pyrénées-Orientales qu'Anne Levasseur a passé "la majeure partie" de sa carrière, en restant vingt ans à Perpignan. Une carrière urbaine, donc, mais qui puise ses racines dans le monde rural : bien qu'étant née à Neuilly-sur-Seine, elle a passé son enfance dans la Sarthe, "à courir derrière les poules et autres animaux de la ferme". Recrutée au départ comme contractuelle - qu'elle est restée durant quinze ans - en charge du revenu minimum d'insertion (RMI), elle a donc passé successivement le concours d'inspecteur de l'action sanitaire et sociale, puis d'inspecteur principal. "Quand la DDASS (direction départementale des affaires sanitaires et sociales, NDLR) a disparu, en 2010, je suis partie sur la cohésion sociale." Mais on ne se refait pas : l'une des premières visites de la néo-nommée a consisté dans la vérification de la conformité d'un établissement à Roquedur.
Politique du handicap, mise en place de la vaccination contre le virus H1N1, les sujets sont variés quand on gravit les échelons de la DDASS. Même si elle a retardé cette ascension pour s'occuper de l'éducation de ses deux enfants, qu'elle a élevés seule. "J'ai fait le choix de rester directrice départementale adjointe tant que mes enfants n'étaient pas autonomes." Elle devient directrice en gagnant le Tarn-et-Garonne.
Une expérience "émaillée de crises", comme celle qui a vu le rappel des produits Kinder ou celle, internationale, du Covid. Une crise sanitaire très difficile, notamment "lorsqu'il s'agit de dire à un SDF qu'il va rester confiné dans une structure d'urgence". La fonction, elle l'a vécue "toujours le nez dans le guidon".
"Je vois cette fonction comme celle d'un coordinateur"
Après un an de réflexion, la directrice départentale a bifurqué vers la préfectorale. "Dans le Tarn-et-Garonne, on était associés aux réunions du corps préfectoral. Et puis, pour un directeur, je trouve qu'il est intéressant de bouger au bout de quatre ans." Après douze ans de direction territoriale de l'État, Anne Levasseur prend un premier poste, au Vigan, normalement pour une durée de trois ans.
"Je vois cette fonction comme celle d'un coordinateur, poursuit la nouvelle sous-préfète. Il faut quelqu'un qui mette tout le monde autour de la table pour expliquer la complexité des dispositifs sur le terrain. Je crois beaucoup à l'explication. La loi reste la loi. Mais il faut, au moins, qu'on puisse l'expliquer." Femme de terrain, elle dit ne pas concevoir "qu'on s'imprègne d'un dossier derrière un bureau. Il faut y aller."
Ruralité, gestion de l'eau, présence du loup, raréfaction des services publics au menu de la nouvelle sous-préfète
Présence des services publics, gestion de l'eau, ruralité, surveillance du passage des loups sont les premiers thèmes qu'Anne Levasseur a pu appréhender, en rencontrant notamment la maire du Vigan, Sylvie Arnal, et le président du Pays viganais, Régis Bayle. Mardi, à la suite de la manifestation, Anne Levasseur a eu droit à un premier contact avec les représentants syndicaux locaux "qui m'ont fait part de leurs doléances, que j'ai aussitôt fait remonter à la préfète".
EIle avait, des Cévennes, l'image d'un pays authentique "avec tout ce que ça peut comporter", sourit-elle. Au sein de sa direction du Tarn-et-Garonne, des Gardois d'origine se sont chargés de lui vanter la beauté du pays, l'aspect magnifique du mont Aigoual, et la présence importante du parc national. Consciente de la position du Vigan, aux confins du département, elle dit vouloir "prendre rendez-vous avec les sous-préfets des arrondissements qui jouxtent le mien", y compris d'autres départements, donc. Tout comme elle rencontrera, bientôt, le député Michel Sala et joindra celle qui l'a précédée, Saadia Tamelikecht, qui a globalement laissé un très bon souvenir au territoire. Enfin, elle souhaite faire venir au Vigan, une fois par mois, des directeurs départementaux des services de l'État, à commencer par celui de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), service dont la réputation gardoise lui est déjà remontée aux oreilles.
Ce jeudi soir, elle recevait les manifestants venus protester sur la façon dont l'État gère l'affaire des bassines de Sainte-Soline. Entre protestation contre réforme des retraites, journée dédiée à la ressource en eau et manifestation autour des bassines, Anne Levasseur entre directement dans le grand bain.
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