Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 29.11.2022 - Corentin Migoule et Yannick Pons (avec Thierry Allard) - 3 min  - vu 1257 fois

FAIT DU SOIR Social et médico-social en grève : les "invisibles" durcissent le ton

Ils travaillent dans le domaine de la protection de l'enfance, en réinsertion, dans le champ du handicap mental ou psychique, auprès des enfants ou d'un public dépendant et ont maintes fois prouvé leur utilité. Ce mardi 29 novembre, les travailleurs sociaux et médico-sociaux ont fait cause commune pour réclamer "plus de moyens" et dénoncer "la marchandisation" de la santé, entre autres. La rédaction d'Objectif Gard a suivi le mouvement à Alès, Nîmes et Bagnols/Cèze.

150 manifestants à Alès

Ils ont déboulé les premiers - et en force - à 11 heures tapantes en provenance du quai du Mas d'Hours, ceinturant littéralement le rond-point dit "du McDo", sur la RN 106, à la sortie de la 2x2 voies. Les travailleurs sociaux (les femmes étaient largement plus nombreuses dans le cortège) de l'association La Clède étaient majoritaires ce mardi matin - soutenus par Nicolas Ferran, leur directeur, et son adjoint Vincent Meynier présents sur site - répondant ainsi à un appel à la grève national, porté localement par le collectif travail social du Gard et l'intersyndicale (CGT, Sud-Santé sociaux et la CNT).

Quelques minutes plus tard, ces derniers étaient rejoints par d'autres travailleurs sociaux et médico-sociaux du bassin alésien (le foyer Artes, le foyer de la Miséricorde et l'IME de Rochebelle notamment) pour mener, à environ 150, une action contestataire d'abord décousue. Et pour cause ! "Les travailleurs sociaux, en règle générale, on n'est pas très bruyants", confie Noëlle, travailleuse sociale à La Clède. Et de poursuivre : "On s'occupe des personnes isolées, fragilisées, exclues. On se mobilise peu. La dernière fois on se mettait sur le trottoir pour ne pas déranger. Là on essaie d'être vus pour que les gens se rendent compte."

Travailleurs sociaux
Flash info : les travailleurs sociaux de La Clède écoutent Stromae. (Photo Corentin Migoule)

Vus, les manifestants l'ont été en investissant cet axe routier très passant. Naturellement, la circulation s'en est trouvée légèrement affectée sur les coups de midi, tandis que certains automobilistes perdaient parfois patience au point d'envisager de foncer sur les travailleurs sociaux et médico-sociaux. D'autres, plus compréhensifs et visiblement moins pressés, prenaient le temps de baisser leur fenêtre pour accepter le tract qu'on leur tendait. Rédigé par le collectif travail social du Gard et l'intersyndicale, cet écrit se voulait avant tout pédagogique, comprenant un certain nombre de questions-réponses. 

À la question "pourquoi appelons-nous la population à nous soutenir ?", le collectif répond sans ambages : "Parce que nos métiers ne seront jamais rentables, les politiques veulent faire des économies sur le dos des personnes vulnérables, précaires et malades." Une "marchandisation" de la santé également dénoncée ce matin par le responsable syndical CGT, travailleur médico-social à l'IME de Rochebelle : "Aujourd'hui, les associations sont mises en concurrence pour répondre à des appels à projets, de la même façon que des entreprises du BTP. Sauf que nous on travaille avec des êtres humains. On ne travaille pas avec des morceaux de viande !"

travailleurs sociaux
Désespérés, les manifestants s'en remettent au Père Noël. (Photo Corentin Migoule)

"Plus de moyens" pour une "disponibilité totale" au profit des personnes prises en charge, c'est ce que réclame Guillaume, éducateur spécialisé à La Clède : "On nous demande de faire toujours plus avec moins. On est confrontés à des politiques publiques complètement hors-sol, qui ne tiennent pas compte de la réalité. Aujourd'hui je suis blasé et je me retrouve limité dans mon champ d'intervention."

Si les travailleurs sociaux et médico-sociaux ont une nouvelle fois fait cause commune (relire ici), la question de la "prime Ségur" (+183 euros nets par mois) n'y est pas étrangère. "Le Ségur est venu cliver nos services dans la mesure où tout le monde n'en a pas bénéficié", assure en effet Noëlle, laquelle a eu la lourde tâche d'en expliquer la cause (notre vidéo). 

Franck Walther, pantalon jaune, a porté les manifestations • Yannick Pons

Quoi qu'il en soit, "cette prime n'est même pas à la hauteur de l'augmentation qu'on aurait dû avoir depuis 20 ans", rebondit le responsable syndical CGT de l'IME de Rochebelle, qui la chiffre plutôt "autour de 400 euros". L'augmentation de leurs salaires d'au moins 300 euros indexée sur l'inflation et la réintégration des personnels suspendus en raison de l'ex-obligation vaccinale (qui ne concerne que le médico-social) faisaient aussi partie des revendications des manifestants alésiens ce mardi matin. Sur les coups de 13 heures, certains prévoyaient de rejoindre "les camarades nîmois". D'autres ont en ligne de mire une "montée nationale à Paris" pour la "grande mobilisation" du 2 février 2023.

Ils étaient au minimum 150 à défiler dans les rues de Nîmes

150 selon la police nationale, les travailleurs sociaux et médico-sociaux nîmois ont poursuivi le combat des alésiens dans l'après-midi autour de la revalorisation de leur travail, de la dénonciation de la prime Ségur et de la réintégration des personnels suspendus en raison de l'ex-obligation vaccinale.

Guillaume, éducateur SAJE brandit un slogan fort • Yannick Pons

Autour de Franck Walther, co-secrétaire adjoint Sud Santé-sociaux 30/48 et membre du Collectif travail social du Gard, un cortège est parti de l'Agence régionale de santé Occitanie (ARS), rue du Mail, jusqu'à la préfecture en passant par la rue de la République.

Des piquets de grève dans les établissements 

Ce mardi, sur le piquet de grève de l'ITEP des Garrigues, à Sanilhac-Sagriès • Photo : DR

À Bagnols, une trentaine de personnes ont tracté au rond-point de l'Europe, lieu habituel des manifestations. Mais la mobilisation se tenait aussi directement dans les établissements, comme à l'ITEP des Garrigues, à Sanilhac-Sagriès. Dans cet établissement, 25 salariés, soit plus de 70 % du personnel de l'ITEP, ont fait grève et tenu un piquet ce mardi. 

Corentin Migoule et Yannick Pons (avec Thierry Allard)

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