NÎMES EN FERIA Léa Vicens et Diego Ventura triomphent
Corrida de Fermin Bohorquez pour Rui Fernandes (salut et oreille), Diego Ventura (deux oreilles et la queue et oreille) et Léa Vicens (salut et deux oreilles).
Traditionnelle corrida de rejon pour trois centaures aux fortunes diverses. Si les cavaliers sont toujours appréciés dans les arènes françaises, notons que le public se fait plus rare depuis une dizaine d’année pour les admirer. Cette corrida-là aura su attirer un quasi plein pour les arènes qui renouent ainsi avec la belle matinée du lundi, chaleur, ambiance et légèreté étaient dans l’air, les cavaliers le savent.
Chef de lidia, le Portugais n’était pas venu à Nîmes ou dans la région depuis belles lurettes ! Avec sa monte des plus traditionnelles, ses fanfreluches et ses soieries, Rui Fernandes suit les us et coutumes d’antan. Il est certes moins spectaculaire que certains mais plus propre et torée toujours dans les sitios qui ne mettent pas en danger sa monture. On sait aussi apprécier ce geste même si les toros sortent sans cornes. Rui Fernandes exécute des séries pleines, comprend son excellent, noble et mobile toro mais a du mal à connecter avec les tendidos qui préfèrent plus de spectacle et moins de précision… Deux lames lui font perdre tout profit, salut.
Lors de son second duel, le cavalier qui a pris son doctorat quelques jours avant Diego Ventura et natif d’Almada veut se démarquer de ses compagnons de cartel. Il fera tomber un mouchoir blanc du palco grâce à un toreo classique mais moins aseptisé, se permettant quelques virevoltes et pirouettes de bel effet et une série très resserrée. Encore deux lames.
Diego Ventura ne veut pas ouvrir la marche. Lui qui est parmi les plus importants noms de l’escalafon, lui qui a pris son alternative en 1998 et qui a plus de 40 ans n’a plus beaucoup de toreros plus anciens pour occuper ce poste, il faudra qu’il y songe bientôt… Il se fait désirer mais quand il entre en scène (à ce niveau ce n’est plus une piste), le public l’acclame vigoureusement car il sait que le show sera au rendez-vous. Oui, les étagères viennent voir un spectacle, pas une corrida de rejon dont les codes sont à mille lieues de ceux usités de nos jours. Diego Ventura procure des sensations folles, la chair de poule peut vite s’afficher sur quelques bras dévêtus et cette première faena sera de celles qui procurent ce genre d’émotions. Même s’il se fait constamment toucher par le peu de corne de son adversaire, le Portugais passe et repasse dans des mouchoirs de poche, il tourne et vire, il bondit et il crie, il fait partie prenante de son toreo festif et visuel. Les tendidos n’en attendaient pas moins et lui octroient le rabo. Le palco fait aussi tomber le mouchoir bleu synonyme de vuelta al ruedo pour l’excellent toro de Bohorquez.
Deuxième envoi pour le spectaculaire Portugais dont la cavalerie est tout simplement sublime, sûre et brave. Ici il ne coupera qu’une oreillette après avoir connu un bel échec aux aciers. Mais, encore une fois, le public du rejon n’est pas là pour ça. S’il a voulu l’oreille c’est pour saluer l’alegria et l’énergie développées par le Portugais. Même si son adversaire est moins mobile que son premier, Ventura l’embarque dans quelques séries remarquables. Une oreille, donc, et une sortie par la Porte des Consuls pour lui, encore une !
C’est au tour de la Nîmoise Lea Vicens de se mettre en valeur. Après les deux Portugais, la fille adoptive des Peralta a les dents qui rayent le sable de la piste et ses chevaux les sabots aiguisés comme jamais. Dans sa ville, Lea veut bien faire et voir des arènes pleines comme un œuf doit lui faire rudement plaisir ! Elle a dû le ressentir le respect, l’amour et l’affection que les gradins ont pour elle. Dans des terrains osés, parfois lointains parfois désaxés, la Nîmoise surprend son monde jusqu’à ce qu’elle resserre l’étau pour arriver à assurer deux séries consécutives qui font monter la température. Ses problèmes aux aciers lui font perdre le trophée, salut.
Dernier toro de la matinée et Lea Vicens a une nouvelle chance de prouver sa valeur et l’avancement de son toreo devant un public tout acquis à sa noble cause. Les tendidos lui ont d’ailleurs bien fait comprendre qu’ils étaient là pour elle car dès son entrée en piste lors du paseo les arènes se sont largement exprimées en sa faveur. Lourdes responsabilités que de sortir en triomphe de sa maison mais Lea s’y emploie et y parviendra en coupant les deux appendices de son excellent adversaire. Il faut dire que ses placements sont un peu plus justes et que son final est monté en puissance jusqu’à l’estocade. Deux oreilles.
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