Publié il y a 1 an - Mise à jour le 13.02.2023 - François Desmeures - 3 min  - vu 2697 fois

FAIT DU JOUR Deux cents ans après son ouverture, le temple d'Anduze se refait une beauté

Le temple a été ouvert en 1823

- (photo François Desmeures)

C'est sans doute le plus grand temple de France, construit, comme beaucoup, à la suite de la Révolution. Ouvert en 1823, il bénéficie, pour ses deux cents ans, d'une restauration complète, qui comprend une reprise de la charpente, qui s'annonce spectaculaire. Les travaux devraient être finis avant la fin de l'année. 

L'architecte nîmois Alexandre Autin • (photo François Desmeures)

En concurrence avec celui de Saint-Hippolyte-du-Fort pour le titre de plus grand temple de France, celui d'Anduze est classé monument historique depuis 1979. Il fête ses 200 ans en cette année 2023, lui qui fut érigé sur les ruines d'un premier temple post-révolutionnaire écroulé précipitamment, mais surtout sur les casernes royales dont les soldats étaient chargés, notamment, de réprimer la religion réformée. Une belle ironie pour un édifice bien plus associé aux autres pouvoirs de la cité que ne l'est l'église, plus isolée. 

Tout aussi symbolique que soit le temple, il n'avait connu que quelques travaux de sécurisation au cours de sa vie. Et s'il est fermé depuis quatre ans, c'est l'architecte qui préside aujourd'hui à sa restauration qui en est le responsable : lors d'une visite de contrôle, il constate qu'une ferme (*) de quatre tonnes s'est partiellement affaissée et repose sur une voûte dont la maçonnerie n'est pas conçue pour supporter une telle charge.

La municipalité pousse pour que le bicentenaire soit l'occasion d'un lifting complet. Le ministère de la Culture valide et l'Agglomération s'en empare pour aboutir à une "reprise complète", explique Alexandre Autin, d'environ un million d'euros, financé par l'État (45 %), Alès agglomération (40 %) et la Région (40 %).

La ferme qui pose problème, dont l'entrait en est venu à prendre appui sur la voûte • (photo François Desmeures)

Jusqu'en juin, le chantier porte "sur les corps d'état principaux : charpente, couverture et maçonnerie". Avec un véritable enjeu pour la charpente, composée, donc, de six fermes triangulaires de 22 mètres disposées dans la largeur de l'édifice. Trois ont, il y a longtemps, été remplacées par de frêles structures de métal qui risquent de fondre en cas d'incendie. Deux sont à rénover et à consolider. Reste cette dernière, affaissée et cause des travaux, à changer entièrement.

Montrée par Alexandre Autin, la ferme qui sera entièrement remplacée • (photo François Desmeures)

"Heureusement, les documents retrouvés aux archives départementales donnent des indications assez singulières, sourit Alexandre Autin. En général, les architectes mettent l'esthétique de leur réalisation en valeur." Alors que les croquis relatifs à la charpente du temple d'Anduze délivrent, eux, des indications écrites précieuses : "arc doubleaux" et "assemblage d'une ferme dont l'entrait est une poutre armée". Presque un mode d'emploi, pour qui sait décrypter le propos. "Pour construire cette vague de temples après la Révolution, les architectes ont pris modèle sur les temples des tableaux, comme celui de Paris au XVIIe siècle, explique Alexandre Autin. Ces temples mettent en avant la capacité à rassembler en assemblée." 

L'une des fermes de la charpente, en bon état, qui sera restaurée et conservée • (photo François Desmeures)

D'où une salle collégiale de 20 mètres de large, quand la nef de Notre-Dame de Paris en compte douze au maximum. Et une charpente aux poutres de 22 mètres de sapin à dénicher pour la ferme à changer et les trois de métal qui reviendront à leur conception d'origine. "On reste sur du sapin, indique l'architecte. Non seulement il faut du 22 mètres de haut, mais aussi 50 centimètres de diamètre." Par-dessus viennent se visser d'autres poutres de la moitié de la longueur, en deux tronçons, pour couvrir la même distance et solidifier l'ensemble.

Celles-ci, de dix mètres donc, ont pu être trouvées en Savoie. Pour les troncs de plus de 20 mètres, c'est en Suisse, dans le canton de Vaud, que l'architecte a trouvé son bonheur, auprès d'arbres dont l'âge approche celui du temple. En mars, ces poutres seront hissées au sommet du temple, promettant un spectacle impressionnant. 

Les vitraux en demi-lune retrouveront une forme en rayons • (photo François Desmeures)

Quand - en juin normalement - le faîte du bâtiment religieux sera achevé, c'est à l'intérieur que travailleront le reste des équipes. "On va reprendre les fenêtres, les plafonds, les enduits et les mobiliers." En collant au plus près de l'époque de cet édifice néo-classique. Il est notamment prévu de revenir aux verrières à rayon, quand les demi-lunes de vitraux supportaient dernièrement des rectangles moins gracieux. La chaire profitera d'un coup de jeune, elle qui est, pour l'instant, protégée par des bâches des tumultes du chantier, tout comme l'orgue. Le décor restera, bien évidemment, dépouillé. "On essaie de finir pour 2023", avance Alexandre Autin en serrant les dents. Et, ainsi, marquer d'une pierre calcaire cette année de bicentenaire.

* Assemblage précis de pièces de bois destiné à soutenir la couverture du toit.

https://monumentum.fr/grand-temple-pa00102954.html

(photo François Desmeures)

François Desmeures

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