Publié il y a 7 mois - Mise à jour le 29.08.2023 - Coralie Mollaret - 3 min  - vu 1406 fois

EXPRESSO À Nîmes : la rénovation urbaine trop lente ?

(Photo : Coralie Mollaret)

« On nous dit que l’on avance pas assez vite sur le renouvellement urbain », a rapporté le président de Nîmes métropole, Franck Proust, à la sortie de la réunion avec le ministre de l’Intérieur. Il s’explique.

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que la lutte contre le trafic de drogue est un hydre à plusieurs têtes, qu’il faut couper une par une, si l’on veut endiguer le problème. En déplacement ce vendredi à Nîmes, le ministre de l’Intérieur s’est posé en « urgentiste » de la sécurité (relire ici). Gérald Darmanin a débloqué des moyens supplémentaires, dont une grande partie de manière temporaire. Son but : un retour à l’ordre public. Reste toutefois d’autres sujets à régler comme l’urbanisation.

Avec ses quatre quartiers (Pissevin, Valdegour, Chemin-Bas et Mas de Mingue), la ville de Nîmes bénéficie de l’un des plus gros programmes de renouvellement urbain de France. Le quartier de Pissevin et ses 13 000 habitants - soit plus que la population de la commune de Saint-Gilles - en consomme une grande partie : autour de 300 M€. Vendredi à la sortie d’une réunion à la préfecture entre les élus locaux et le ministre de l’Intérieur, le président de Nîmes métropole, Franck Proust, a rapporté : « On nous dit que l’on avance pas assez vite sur le renouvellement urbain. »

L’élu Les Républicains se justifie, d’abord en raison du délai « trop long » des procédures administratives : « Il faut parfois attendre deux ans pour obtenir une autorisation (ce quartier étant en zone inondable, NDLR). Avec les services de l’État, nous devons nous remettre en mode projet. Il n’est pas logique d’attendre deux années l’autorité environnementale lorsque l’argent est là ! » Au-delà des aléas administratifs, un autre phénomène retarde les travaux : la suspension de chantier par certaines entreprises qui avaient pourtant remporté les appels d'offre.

Les entreprises suspendent leur chantier 

Selon l’une de nos sources qui suit de près ces chantiers : « après les deux morts à Pissevin et avant les annonces de Gérald Darmanin, j’ai reçu trois mails d’entreprises qui suspendaient leurs travaux ». La raison ? Les conditions d’insécurité qui mettent en difficultés ces sociétés : « À tout moment, les employés peuvent se faire questionner, fouiller et même filmer. Sans compter que parfois, on leur vole du matériel. » Alors après les fusillades, « les gens ont peur de se prendre une balle perdue, comme les habitants d'ailleurs qui restent cloîtrés chez eux à partir d’une certaine heure ».

Il y a deux mois, un incendie s’est déclaré dans l'immeuble Bécarut, l'une des quatre tours Wagner où réside la famille du jeune Fayed assassiné le 21 août : « Le feu est parti d’un poubelle près de laquelle sont installés les dealers. C’est monté jusqu’au deuxième étage. On a risqué la catastrophe : le feu est passé à deux doigts de la conduite de gaz ». En outre, selon nos informations, ces bâtiments n'ont aucune conduite de désenffumage. D'où le lancement, il y a plusieurs semaines, d'un chantier de mise aux normes, financé à 90% pr l’Anah (Agence nationale de l'habitat) et le reste, par la copropriété.

« C'était déjà compliqué de réunir l’argent même si le financement de l’État est aussi important », glisse notre source. Et d'annoncer : « suite à cet incendie, l’entreprise a fait valoir son droit de retrait, c’est-à-dire la suspension du contrat. Au quotidien, les dealers laissent travailler les entreprises. Sauf que le soir ils vandalisent tout, pensant qu’il y a des caméras. »

Ces incidents font « perdre de l’argent aux entreprises dans la réception des travaux » puisqu'ils rallongent les délais de livraison du chantier. À la rentrée, une réunion doit se tenir en préfecture sur le sujet.

Coralie Mollaret

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