Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 31.08.2017 - coralie-mollaret - 3 min  - vu 238 fois

INTERVIEW Denis Bouad : « Le Sénat ? Le moment venu, je verrai ce que je fais »

Les maires font partie du corps électoral des sénatoriales... Le président PS du Département Denis Bouad a débloqué plusieurs millions d'euros de subventions pour financer les investissements des communes (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Pas de vacances (ou très peu) pour le président du Département… Cet été, le socialiste a arpenté les quatre coins du département pour vérifier la mise en oeuvre des contrats territoriaux et proposer aux maires la création d’une agence d’ingénierie territoriale. Une opération séduction en vue de futures échéances électorales ?

Objectif Gard : Une nouvelle année s'ouvre. Avant l'été, il y a eu beaucoup de changements dans le paysage politique : élection d'Emmanuel Macron, dégringolade du PS… Où vous situez-vous aujourd'hui ?

Denis Bouad : Je suis toujours au même endroit, au Parti Socialiste ! Il traverse une période difficile, après une présidentielle et des législatives où les électeurs ont voulu faire table rase du passé. Le PS doit avoir une réflexion de fond pour définir une ligne politique claire : est-il social-démocrate ? Social-libéral ? Moi je suis un social-démocrate, comme la présidente de la Région Carole Delga, qui est entrée en juillet à la direction collégiale du parti.

Quel rôle souhaitez-vous jouer dans cette reconstruction ? Au niveau local, l'élection du Premier fédéral vous intéresse-t-elle ?

L’enjeu n’est pas local, mais national. Ce n'est pas moi qui vais reconstruire le PS ! Il y a encore des militants qui croient en ce parti. Nous pouvons encore développer des idées intéressantes. Ne travaillons pas à l'envers : on ne va pas mettre en place des mecs et écrire le projet après ! Par ailleurs, nous devons regarder ce que va faire Emmanuel Macron et être dans une opposition intelligente et constructive.

Justement, que pensez-vous des premiers pas du Président Macron ?

Je fais partie des 50% de Français qui ne peuvent pas le juger à ce jour… Il a été élu au mois de mai. Il y a eu les législatives en juin et nous sommes le 30 août. Pour l’instant, rien n’a vraiment été fait. Nous verrons comment lui et son mouvement vont évoluer dans les années à venir. Il y avait un bon papier sur Jérome Talon… Ce nouveau parti LREM va-t-il durer longtemps ? 3 500 adhérents dans le Gard, 350 000 au niveau national… Je vais rester attentif à ce qu'il va se passer !

Il y a quand même la baisse de 5€ des allocations logement et la réduction des emplois aidés…

Je me suis renseigné, la baisse de l’APL dans le Gard représente 5M€. Très franchement, je ne pense pas que ce soit une bonne mesure. Il faut écouter les gens, être proche de leur quotidien et maintenir un système de protection et de justice sociale. Les riches ne peuvent pas être plus riches et les pauvres, plus pauvres.

Et sur les emplois aidés ?

J’ai reçu un mail mardi soir, me disant qu’on va pouvoir faire des contrats d'avenir. Au Département, il n'y en a pas beaucoup… Nous n’avons pas comblé des emplois titulaires avec des emplois aidés. Dans les collèges, nous avons 71 CAE (Contrat d'Accompagnement dans l'Emploi) et 11 emplois d'avenir. Ça nous coûte 520 000 € par an. Si demain il n'y a plus les financements de l'État, je ne peux pas financer 100% de ces contrats ! Aussi, nous participons au financement de 500 emplois aidés dans les chantiers d'insertion. Ils permettent à ceux qui en profitent d’avoir un travail et de se réinsérer dans la société. 

Votre conseiller départemental et député, Olivier Gaillard, affirme que ces contrats ne sont pas efficaces…

Vous direz à Olivier Gaillard de se renseigner sur le taux de chômage ! Alors oui, ça fait de l’argent, mais il y a de l’humain derrière. Des personnes désociabilisées qui ne tapent plus aux portes pour trouver un emploi. Et puis, s’ils n’occupent pas ces emplois, qui va financer le RSA ? Le Département…

Passons à votre été… On vous a vu avec les maires du Gard, pour parler de contrats aidés et d'agence d'ingénierie territoriale. Votre campagne pour les Sénatoriales avance bien ?

(Il sourit) Les élections sénatoriales sont dans trois ans… Qui vote pour ces élections ? Les maires certes, mais aussi les conseillers départementaux et régionaux. Ce qui m'intéresse au quotidien, c'est faire fonctionner le Département.

L'un empêche pas l'autre… Vous faites de la langue de bois ! Est-ce que le Sénat vous intéresse ?

J'ai 64 ans, le mandat départemental finit en 2021. Si je suis à moitié mort, je resterai chez moi. Si la santé va bien, je continuerai. Le moment venu, je verrai ce que je fais. (...) C’est quand même marrant… Au départ, quand j’ai mis en place les contrats territoriaux, on m’a dit que c’était pour économiser de l’argent. Maintenant que l’on voit que le Département n’a jamais autant donné aux communes, on me dit que c’est dans un but électoral !

Propos recueillis par Abdel Samari et Coralie Mollaret

Coralie Mollaret

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