Publié il y a 1 an - Mise à jour le 30.09.2023 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 344 fois

NÎMES Quand la cathédrale nous perd dans un dédale temporel

Nicolas Bru (Photo Anthony Maurin).

Dans le cadre de la journée d’étude de l’Institut national de recherches archéologiques préventives organisée au Musée de la Romanité il y a quelques jours, le chantier de la cathédrale a été traité.

Nicolas Bru (Photo Anthony Maurin).

Nicolas Bru, conservateur des monuments historiques, en charge de la cathédrale de Nîmes, de la conservation régionale des Monuments historiques, a parlé de la cathédrale Notre-Dame et Saint-Castor : un patrimoine en constante évolution.

Après une matinée plus antique qu’autre chose, c’est avec une petite plaisanterie que débute la conférence du 21 septembre : « Là, on attaque le vif du sujet car nous arrivons au Moyen-Âge ! » Forcément que Nîmes est plus connue par son Antiquité que par d’autres époques plus tardives. La salle applaudit et l’orateur sourit.

L’édifice se dresse Place aux Herbes où l’on voit la façade médiévale de la cathédrale. Une façade relativement austère et que l’on imagine volontiers faite, refaite et reconstruite au fil du dernier millénaire. « Propriété de l’État, la cathédrale est Monument historique depuis 1906. Aujourd’hui c’est un chantier majeur d’Occitanie, le plus gros concernant les cathédrales. »

Détail de la frise du XVIIe s. Noé fait entrer les animaux dans l'arche. (Photo Marie Rochette Inrap)

Les enjeux de l’étude sont nombreux et tout n’était ni gagné ni acquis. « C’est en 2020 que tout s’est décanté, notamment pour la façade, il devait y avoir un regard archéologique si des travaux devaient être entrepris. Pour l’Inrap, on parle ici de 133 jours de travail d’équipe pour un montant de 92 600 euros soit 3 % du coût total de l’opération. Nous ne sommes pas dans une opération préventive car on ne démolit rien, mais en suivant le chantier nous réalisons une étude profonde. »

Le diagnostic sanitaire de la façade a été fait avant le projet détaillé et donc le début du chantier actuel qui a débuté en 2022. Un chantier à trois millions d’euros qui se fait en plusieurs phases. La première vient de s’achever et la fin est prévue pour 2024.

Nicolas Bru (Photo Anthony Maurin).

« C’est une opération lourde et complexe mais pour soigner et résoudre de nombreux problèmes, nous sommes à mi-chemin. Nous avons réalisé des panneaux d’information sur les palissades du chantier, nous nous réunissons tous les quinze jours pour avancer tous ensemble. »

Un peu d'histoire (Photo Anthony Maurin).

Quel était l’état préalable des connaissances sur le sujet ? « J’y travaille depuis trois ans donc je ne sais pas encore tout, mais de la période médiévale il ne reste que la façade. Dès 1840 on a voulu refaire la façade occidentale mais même Henri Révoil n’a obtenu le financement alors qu’il a pu s’occuper de l’intérieur de l’édifice. »

La façade met en avant une frise. Cette bande sculptée avait pour vocation d’informer les passants, croyants ou pas, sur leur supposée histoire. On y voit de magnifiques choses, dignes des meilleurs tailleurs de pierres. « Les sculptures sont charnues et précises, dans l’idée de celles que l’on a à l’abbatiale de Saint-Gilles, avec de beaux détails puis un raccord moins qualitatif à partir de panneaux évoquant le meurtre d’Abel par Caïn. »

Quatre moments clé du chantier

Sur la tour du cloche,r vous pouvez voir d’étroites et hautes fenêtres. Elles avaient subi trop de dégâts au fil des âges et n’ont pu être conservées. « Les baies hautes du clocher, en pierre de Beaucaire n’ont pas pu être sauvées car trop abimées. Nous avons donc restitué ou recréé ces éléments avec un travail remarquable réalisé en 2022. »

Détail de la frise du XVIIe s. la tour de babel (Photo Marie Rochette Inrap)

Deuxième étape, le nettoyage. Bonne surprise pour le chantier et merveilleuse nouvelle peau pour l’édifice qui scintille de mille feux au soleil couchant. « La consolidation et le remplacement des maçonneries de la façade ont été une tâche importante. Là aussi on s’attendait à devoir tout changer mais, finalement, nous n’avons remplacé que trois blocs parce qu’ils étaient vraiment trop abimés ! »

Quand le problème du remplacement des pierres endommagées a été traité, il fallait passer à leur restauration et à celle de l’image emblématique de la Genèse et plus encore. « La restauration de la frise sculptée est un moment fort. La partie romane, surtout, montre des détails remarquables. On a fait des carottages, on dessale en surface et actuellement on nettoie au laser. » Ne vous emballez pas, aucune marque de polychromie n’a été mise à jour. Mais cela ne veut pas dire grand-chose.

Ici une vision depuis le haut de la tour du narthex maintenant en travaux (Photo Archives Anthony Maurin).

C’est maintenant qu’a probablement lieu le plus vaste et complexe chantier. Sur le toit de la cathédrale, vous pouvez observer de lourds travaux. En effet ce que l’on appelle le narthex et qui est situé juste derrière le fronton a été fait et refait, souvent mal, ce qui a ouvert la voie à des infiltrations d’eau. « Nous terminerons par la dernière grande phase à savoir la couverture du narthex, un gros chantier ! Il n'évacuait pas correctement les eaux pluviales du fait d'une pente trop faible et d'une chape en béton aujourd'hui fissurée. »

Détail de la frise du XVIIe s. Le peuple d'Israël sous la tente au désert. (Photo Marie Rochette, Inrap)

Le fronton et la frise sculptée romane de la façade sont ainsi affectés par des micro-organismes biologiques type mousses et autres salissures noires dues à la pollution atmosphérique.

Anthony Maurin

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