Publié il y a 6 mois - Mise à jour le 05.10.2023 - Propos recueillis par François Desmeures - 13 min  - vu 1113 fois

L'INTERVIEW Régis Bayle, président du Pays viganais : "Si on ne crée pas de la richesse, on ne sortira pas ce territoire de la pauvreté"

Régis Bayle, président du Pays viganais

- François Desmeures

Il avait pris la tête d'une communauté de communes proche de la cessation de paiement, en 2020. Avec sa majorité "territoriale", Régis Bayle a la priorité imposée de redresser financièrement l'intercommunalité. Participer au développement du territoire se fait dans un cadre forcément contraint par les réalités budgétaires et une forme de paupérisation du territoire. Lui insiste sur la mutation de ce même territoire et ses perspectives de rénovation et de relance économique raisonnée, avec le soutien de l'État. Dans la majorité régionale, il se sent, comme sa présidente Carole Delga, en désaccord avec la NUPES, tout en appelant à l'union de la gauche. Entretien. 

Régis Bayle, président du Pays viganais • François Desmeures

Objectif Gard : On a beaucoup glosé sur les difficultés financières du Pays viganais quand votre mandature a commencé. Où en êtes-vous et est-ce que l'intercommunalité est en état de fonctionner ?

Régis Bayle : En état de fonctionner correctement, clairement non. Nous avons engagé, il y a trois ans, une politique de redressement de nos finances, qui commence à porter ses fruits. En 2020, le ratio de désendettement était de 28 ans, on l'a ramené à 11 ans. C'est encore trop - il faut être en-dessous de 9 ans pour ne plus être dans le rouge. On est donc toujours en réseau d'alerte. Pour en sortir - ce qui reste mon objectif avant la fin du mandat - il faudrait qu'on ait revendu la totalité des terrains de la zone d'activité de Molières-Cavaillac qui plombe encore notre ratio de désendettement. On vient de vendre la moitié de ces parcelles à la scierie, donc on a rentré 324 000 €. Mais il nous reste la moitié à vendre. On s'oriente vers une opération immobilière assez classique : on va urbaniser la moitié supérieure de la parcelle. La moitié inférieure ira à un agriculture. On espère tirer, de la partie supérieure, les 350 000 € qu'il nous manque pour rembourser les banques, dans les trois ans qui viennent, et ainsi sortir de cette situation compliqué. On ne sera peut-être plus dans le réseau d'alerte. Néanmoins, le Pays viganais ne pourra pas fonctionner normalement avant 2030. Jusque là, on aura une annuité de capital de 450 000 €, qui correspond à peu près à l'excédent qu'on dégage du fonctionnement. 

Comment conserver des marges de manoeuvre quand on connaît des problèmes financiers de ce type-là ?

On a fait le choix de ne pas toucher à la fiscalité, parce qu'on est sur un territoire où le niveau de la fiscalité - d'ailleurs ça fait partie des fragilités relevées par la direction des finances - reste supérieur à la moyenne des territoires équivalents. Mais on a rationalisé au niveau du personnel. On essaie de ne pas remplacer les départs à la retraite, même si ce n'est pas toujours possible. À la crèche, par exemple, on a quand même des règles à respecter. On a mutualisé le directeur des services. Je salue le personnel parce que, globalement, les agents ont compris la situation dans laquelle on était. C'était aussi l'intérêt d'être transparents comme on l'a été au départ. Ils ont fourni des efforts mais je reconnais qu'aujourd'hui, beaucoup de services sont en flux tendu. 

"On se bat auprès du Département, pour obtenir que les voies vertes aboutissent enfin au Vigan"

Le Viganais est aussi un territoire qui a beaucoup de besoins en matière de services, l'un des bassins d'emploi les plus sinistrés de France, où l'entrée dans l'emploi est difficile. Comment redonner de la vigueur au territoire, justement quand on a peu de marge de manoeuvre ?

On a quand même un certain nombre de projets, qu'on espère voir aboutir avant la fin du mandat. D'abord, sur la question des mobilités . On parle parfois d'enclavement au sujet du territoire. Enclavement routier, peut-être, effectivement. Mais en réalité, est-ce vraiment pénalisant pour le territoire ? J'ai un doute. Et qualifier les Cévennes de territoire enclavé, quand on sait le rôle qu'elles ont joué dans l'histoire au niveau presque mondial, l'universalisme des valeurs cévenoles, je n'aime pas ce terme d'enclavement. Néanmoins, il faut faciliter les liens entre le Pays viganais et Montpellier, et dans une moindre mesure avec Nîmes. On travaille avec la Région et le Pôle d'équilibre territorial et rural (PETR, relire ici) Causse et Cévennes. L'objectif est de renforcer les lignes directes vers Montpellier et Nîmes. On a déjà obtenu, l'an dernier, d'avoir une ligne quasi directe aux heures de pointe, matin et soir. Et on porte avec la Région un pôle d'échange multimodal, qui prendra place à l'entrée du Vigan, à côté de la maison de l'intercommunalité. De là partiront des lignes de bus ainsi que des mobilités alternatives (vélos électriques, voitures en partage, covoiturage, etc.). Avec un impératif, pour lequel on se bat auprès du Département, pour obtenir que les voies vertes aboutissent enfin sur ce pôle. Sinon, il manquera un gros élément en termes de mobilités. Aujourd'hui, on a une voie verte qui part de nulle part pour arriver nulle part. Quand je dis ça, c'est un peu excessif, mais elle va de Molières-Cavaillac à Arre, deux villages. Il faudrait au moins que cette voie verte arrive au Vigan, ce qui permetrait peut-être à nos écoliers de la Cité scolaire de venir de manière douce. Sur le tronçon Sumène - Le Vigan, des études environnementales sont en cours. On aimerait que ça s'accélère un petit peu. 

Le fait d'avoir plus de liaisons par autocar avec Montpellier a-t-il réellement un effet sur Le Vigan ?

Je pense qu'on n'a pas assez communiqué et que l'arrivée du pôle d'échanges multimodal, en rationalisant les lieux, permettra une meilleure identification de ce type de proposition.

On a aussi parlé cette année de difficultés en matière d'infrastructures. Où en est-on ?

Oui, en particulier sur les infrastructures sportives. Il y a eu l'histoire autour du stade en début d'année (relire ici). Mais il n'y a pas que le stade, il y a aussi les bâtiments dans les anciennes usines de Sainte-Euzeby, qui sont en piteux état. La halle aux sports, qui sert aussi à la cité scolaire... On porte donc des projets. Concernant le stade, on a lancé la consultation pour désigner un bureau d'étude. 

"Au stade, des travaux qui pourraient commencer à l'automne 2025"

Un bureau d'étude pour quoi faire ? Refaire le stade ?

Mon objectif est de tout remettre à plat : le stade, la piste d'athlétisme, le tennis. J'ai été élève à la Cité scolaire il y a 30 ans. Et c'était déjà comme ça, rien n'a été fait sur ce stade. Donc, on va étudier, en concertation avec les usagers, pour effectuer des travaux qui pourraient commencer à l'automne 2025, pour une première tranche. Avoir des infrastructures sportives sur un territoire, c'est un élément d'attractivité. 

"Depuis la rentrée, on a plus de cent étudiants sur Le Vigan. L'objectif est d'en avoir deux cents"

Le Pays viganais a également contractualisé avec les organismes d'État au travers du dispositif Petites villes de demain (relire ici). Qu'en attendez-vous ?

Tout un travail sur l'habitat. Aujourd'hui, on a des populations qui vivent dans des logements absolument indignes. En face, une politique ambitieuse, avec Petites villes de demain, à travers l'Opération de revitalisation du territoire (ORT) et l'Office public de l'habitat (OPH). La communauté de communes mettra quand même 90 000 €. C'est dérisoire par rapport aux 6 millions d'euros de l'enveloppe, mais c'est nous qui avons porté le projet avec une chargée de mission. Il y a aussi le projet de pôle d'enseignement supérieur, pour lequel le Pays viganais a mis des locaux à disposition de la Mairie. Inutile de vous dire qu'en tant que conseiller régional - et l'enseignement supérieur fait partie des compétences de la région - j'oeuvre autant que je peux pour que le projet voit le jour. On a déjà le campus connecté qui fonctionne très bien, avec un animateur dynamique et compétent. On a aussi l'école d'infirmières et l'école d'aides-soignants ; la licence environnementale qui va ouvrir l'an prochain. On discute avec Unîmes pour avoir les deux premières années. Depuis la rentrée, on a plus de cent étudiants sur Le Vigan. L'objectif est d'en avoir deux cents. 

Et en matière de logements, dont vous évoquiez l'état ?

Des promoteurs se sont positionnés. Je sais que la Mairie a vendu à des privés l'ancienne gendarmerie impériale, des promoteurs qui vont réaliser des logements. Et comme par hasard, c'est de l'autre côté de la rue par rapport au pôle d'enseignement supérieur. 

"La Communauté de Communes va racheter aux médecins libéraux la maison de santé pluriprofessionnelle pour en faire un centre de santé public"

Que fait la communauté de communes face à la désertification médicale ?

La ommunauté de communes va racheter aux médecins libéraux la maison de santé pluriprofessionnelle pour en faire un centre de santé public. Dans le même temps, nous avons délibéré pour intégrer le GIP santé de la Région. Le but est d'accueillir des médecins salariés pour lutter contre la désertification médicale qui est en train de progresser très vite. En juin, nous avons organisé un week-end pour de jeunes internes de la faculté de médecine de Montpellier. 15 ont répondu à l'appel. Nous sommes très mobilisés sur ce sujet.

Où en est la communauté de communes sur la construction de son plan local d'urbanisme intercommunal (PLUI) ?

Il va quand même nous coûter entre 400 et 600 000 euros. Alors, je suis conscient que ça ne va pas exciter les foules. Mais pour préparer l'avenir, construire un PLUI permet d'inscrire dans l'espace la vision que nous avons d'un territoire. 

Quel type d'économie peut s'implanter en Pays viganais, justement en améliorer la richesse ?

D'abord, en termes de vision politique, je tiens - surtout après l'article du Monde (article à lire ici, sur abonnement) - à clarifier ma position : je ne suis ni dans le passéisme et la nostalgie de certains, sur l'air de "remettons des industries au Vigan". Je n'y crois pas : mon papa, qui a 89 ans, a été ouvrier et paysan, comme la plupart ici. Il ne m'a jamais exprimé sa nostalgie des 3/8 ou de la saison des foins. Quand on traverse en Jaguar et le cigare à la bouche, et qu'on voit les gens travailler de loin, on peut avoir la nostalgie d'une certaine époque... Je ne suis pas non plus dans la logique de la décroissance ou une économie complètement alternative, basée uniquement sur une économie sociale et circulaire. Je suis pour un mix. Si à un moment donné, on ne crée pas de la richesse, avec des entreprises qui vous permettront de payer, à travers leurs impôts, les équipements, on ne sortira pas ce territoire de la pauvreté. Il faut les deux. La Resssourcerie du Pont, c'est très bien, je soutiens. Mais il faut aussi des petits artisans, des PME qui viennent davantage s'installer en Pays viganais. Je participe parfois aux ateliers du PLUI et les "Jean de Florette" de manquent pas. Moi, j'ai aussi le souci des réalités - c'est mon côté "Delgaiste". 

"Sur Avèze, le long de la déviation, il faut vraiment une réflexion pour installer quelques commerçants, des artisans"

Justement, votre adjoint à l'Économie, Bruno Montet, évoquait avec Objectif Gard un terrain de cinq hectares à Avèze, sur la route de Molières-Cavaillac, où il projette d'implanter des entreprises. Le PLUI peut-il encore autoriser cela, alors que la loi Zéro artificialisation nette va s'imposer, le porter à connaisance feu de forêt, etc. Votre développement économique est-il compatible avec les nouvelles règles d'urbanisme ?

Évidemment, nous sommes contraints. On attend le SRADDET (schéma d'aménagement et de développement durable du territoire) avec impatience pour savoir comment la Zéro artificialisation nette sera traduite. Nous avons des contraintes en matière d'inondation, le PPRI (plan de préventon du risque inondation) va êre révisé dans le département ; le porter à connaissance feu de forêt... L'ancienne préfète, Madame Lecaillon, nous avait dit très clairement :  "vous êtes la première intercommunalité du département du Gard à porter un PLUI, l'État doit vous accompagner. Financièrement, vous aurez 80% de subventions." Apparemment, l'État tient sa parole. Autre engagement qu'elle avait pris, la DDTM (direction déparrtementale des territoires et de la mer) vous accompagnera avec bienveillance... Là, je dirais que j'attends de voir pour croire (sourire). On a récemment déjeuné avec le directeur, en sous-préfecture, ça s'est très bien pasé. On n'a pas l'intention de faire n'importe quoi. Mais il faut trouver des compromis. On mène aussi un travail pour identifier des friches, qui pourraient accueillir des activités économiques. Sur Avèze, le long de la déviation, il faut vraiment une réflexion pour installer quelques commerçants, des artisans. Parce qu'à part ces quatre ou cinq hectares là, aucun terrain d'un seul tenant ne fait cette surface sur tout le territoire. Je n'oppose pas agriculture et économie. Mais on ne me fera pas croire qu'il y a que ces terrains pour faire de l'agriculture. Tous les fonds de vallée de l'Arre et du Coudoulous sont bien mieux adaptés. 

"Sur le loup, faciliter les tirs de défense me semble la première chose à faire"

En matière agricole, vous étiez à la réunion, début août, sur l'estive de Camprieu (relire ici) suite à une attaque de loup. Quel regard portez-vous sur ce difficile compromis entre plan national d'actions sur le loup et maintien de l'agropastoralisme ?

Je trouve que des choses sont en train de bouger au niveau national, et je m'en félicite. Le retour du loup, on ne l'empêchera pas. Si le loup revient, c'est que l'Homme recule. La forêt a explosé en l'espace d'un siècle, ce qui favorise le retour d'espèces sauvages. Pour moi, il faut réorienter les politiques publiques pour protégér les éleveurs. L'élevage ovin est aujourd'hui une activité très fragile. Sans les primes européennes, il ne pourrait plus exister. Et c'est un métier pénible, on est sur un déclin constant du nombre de bergers. S'il n'y a plus de berger, les milieux vont se refermer et les incendies augmenter. Alors, quand on parle de biodiversité avec le loup... Même le Parc national des Cévennes, qui est souvent fustigé, a une position très équilibrée. Faciliter les tirs de défense me semble la première chose à faire. Les autres solutions ne sont pas réalistes. Le berger que j'ai installé à Arrigas avait mis un patou à un moment donné. Le patou a tué un chien de chasse et a failli tuer le chien d'un touriste. On est dans des zones habitées... Il a été obligé de se séparer du chien. 

Une réunion a eu lieu il y a quelques jours en préfecture sur la création de retenues d'eau pour l'arrosage de l'oignon doux des Cévennes. Soutenez-vous cette solution ?

L'oignon doux est un pilier de l'agriculture dans les Cévennes. mais j'ai toujours tendance à me méfier des mono-cultures. Alzon est sans eau potable depuis deux mois et demi... On est face au changement climatique, qui s'accélère. On ne peut pas faire comme si rien ne se passait. La Région a relancé les appels à projet pour les retenues individuelles. La coopérative le sait, je le leur ai dit, ils peuvent déposer des projets. Sur les retenues collectives, il n'y a pas d'opposition de principe mais ça sera au cas par cas. Mais sûrement pas pour des bassines qui iront puiser dans la nappe. Il faut se battre pour sauver l'oignon doux mais on ne peut plus l'exprimer en termes d'expansion de l'existant. Pays viganais et Causse-Aigoual-Cévennes répondent en ce moment à un appel à projet, porté par l'Agence de l'eau, pour avoir une réflexion sur la gestion sur notre territoire. 

"Jean-Luc Mélenchon porte une vision des choses qui est quand même à la marge de la République et de la démocratie"

Vous êtes, donc, également élu socialiste, au conseil régional, derrière Carole Delga qui a pris des positions très fermes à propos de la NUPES. L'Occitanie est-elle la région où la Gauche serait incapable de s'entendre ?

Quand je vois l'actualité nationale, je pense que la Gauche a du mal à s'entendre ailleurs qu'en Occitanie. Personnellement, je fais partie des rares élus locaux qui sont allés soutenir Michel Sala (élu député sous l'étiquette France insoumise, NDLR) entre les deux tours des législatives. D'entrée, j'étais dubitatif par rapport à la NUPES. Non pas par rapport à l'idée de l'union de la Gauche - j'y ai toujours été favorable - mais Jean-Luc Mélenchon porte une vision des choses qui est quand même à la marge de la République et de la démocratie. On ne peut pas dans un État de droit mettre sur le même plan les urnes et les violences de rue. La révolution est légitime quand vous êtes dans un État où les libertés fondamentales ne sont pas respectées. Le problème de la Gauche aujourd'hui - un peu comme dans les années 50-60 - c'est d'être dominée par sa frange la plus radicale. Tant qu'elle n'en sortira pas, elle est condamnée à une cure d'opposition. C'est d'autant plus grave que, contrairement aux années 50-60, il y a le danger énorme de l'extrême-Droite. 

"François Ruffin n'est pas un politique, c'est un homme qu'on aime tous parce qu'il porte avec beaucoup de sincérité la défense des plus démunis"

Vous comptez pourtant un élu France insoumise, le maire de Mandagout, Emmanuel Grieu, dans votre majorité...

Soyons clairs, l'intercommunalité n'est pas une instance politique. En 2020 s'est constituée une majorité qui voulait changer de gestion et qui portait une vision de ce territoire. Mais dans mon exécutif, il y a des gens de Gauche et des gens de Droite. Avec Emmanuel Grieu, on n'a pas du tout la même vision des choses sur ce sujet politique, on en parle parfois. C'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup, qui a de grandes qualités, et on s'est souvent retrouvé côte à côte, malgré tout, dans des combats très importants pour notre territoire, comme celui de la maternité de Ganges. Mais il ne fait pas partie non plus des plus extrémistes et se réclame beaucoup moins de Mélenchon que de François Ruffin. Si c'était lui qui dirigeait la France insoumise, la Gauche ne serait peut-être pas là. Même si j'ai un doute fondamental sur sa capacité politique à s'imposer. Ce n'est pas un politique, c'est un homme qu'on aime tous parce qu'il porte avec beaucoup de sincérité - je dirais presque avec ses tripes - la défense des plus démunis. Qu'on parle aux classes populaires, comme avec Fabien Roussel ou Carole Delga, moi, c'est quelque chose qui me touche. 

Sans Mélenchon, pour vous, une union de la Gauche reste donc possible ?

Mais elle est indispensable ! On ne peut pas gagner contre l'extrême-Droite si la Gauche n'est pas rassemblée. Mais le centre de gravité de la Gauche n'est pas au bon endroit. 

Dans la lutte contre l'extrême-Droite, la France insoumise a aussi beaucoup reproché à Carole Delga de ne pas avoir appelé à voter pour elle aux législatives, facilitant éventuellement l'élection de députés d'extrême-Droite...

C'est une fausse attaque parce que je peux vous dire que j'ai eu des contacts avec son cabinet, dans les jours précédants le second tour, et Carole Delga a toujours dit "on vote à Gauche". J'ai été parfaitement approuvé quand je suis monté à l'Aigoual soutenir Michel Sala. 

"Je souhaite, à titre personnel, que Carole Delga joue un rôle plus important"

Carole Delga est venue fêter son anniversaire à Arrigas cet été. Est-ce qu'elle se prépare réellement à l'échéance de l'élection présidentielle ?

Je pense qu'elle aime beaucoup les Cévennes et Sylvie Arnal, aussi. Ses ambitions... Je pense qu'elle est très consciente de la situation de blocage dans laquelle on est aujourd'hui et que c'est une femme qui ne jouera pas sa carte personnelle contre l'intérêt de la Gauche et de la France. Je souhaite, à titre personnel, qu'elle joue un rôle plus important. 

Plus largement, on a vécu un année sociale très mouvementée, un président de la République suivi par des casseroles et sifflé pour l'ouverture de la coupe du monde de rugby. Comment sentez-vous l'état du pays?

Très, très tendu, y compris dans les petites communes. Les gens se replient sur eux-mêmes, et on voit beaucoup d'intolérance à l'égard de l'autre. On est dans un processus de radicalisation. Je l'ai vécu récemment dans ma commune, Arrigas : on porte un atlas de la biodiversité communale, avec Alzon. Et on a eu une réunion publique très tendue sur le loup. Entre d'anciens Cévenols, très attachés à la chasse et au pastoralisme, et des néo-ruraux un peu écologistes, pour certains radicalisés, le dialogue devient compliqué. C'est une problématique qu'on retrouve dans tout le pays. Le travail des élus aujourd'hui consiste un peu à prêcher la paix civile. Il faut faire nation et celui qui ne pense pas comme moi ne doit pas forcément finir sur le bûcher. Mais je garde l'espoir d'un sursaut. La République l'a toujours emporté en France. Après février 34, il y a eu le Front populaire. 

Propos recueillis par François Desmeures

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