Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 16.02.2024 - Marie Meunier - 4 min  - vu 494 fois

FAIT DU JOUR Le musée du vélo au château de Bosc retrace 200 ans d'histoire du deux-roues

Claude Reynaud devant la draisienne classée Monument historique depuis 2010.

- photo Marie Meunier

Dans cinq mois tout pile, la 16e étape du Tour de France 2024 passera par le Gard avec une arrivée à Nîmes. Pour se mettre dans l'ambiance, pourquoi ne pas faire un tour par le musée du vélo installé au sein du château de Bosc à Domazan ? Vous pourrez y voir les cycles de Raymond Poulidor et Jacques Anquetil, mais aussi l'unique deux-roues classé Monument historique en France. 

Combien de deux-roues Claude Reynaud a-t-il dans sa collection ? Difficile à dire. "Le nombre n'a aucune importance. Ce que je cherche, ce sont des objets rares, voire uniques au monde", répond ce véritable passionné habitant Domazan. Pendant longtemps, il a stocké ses motos et ses vélos dans son garage. Petit à petit, son univers a envahi la maison et même la chambre des enfants. "Ça ne plaisait pas trop à ma femme. Quand ça a commencé à grincer, j'ai décidé de créer mon propre musée", relate-t-il. 

Un vélo sur lequel a pédalé Raymond Poulidor, "l'éternel second". • photo Marie Meunier

Il a ouvert en 2000, en bas de Castillon-du-Gard, à quelques centaines de mètres du fameux aqueduc romain. Deux-trois ans plus tard, Claude Reynaud a eu l'occasion d'acheter le château de Bosc, un peu à l'écart de la Nationale 100, à Domazan, son village d'origine. Il choisit d'y transférer son musée après une année de travaux pour remettre en état l'édifice et les vignes attenantes. Quelques milliers de visiteurs viennent chaque année découvrir sa collection entamée il y a plus de 50 ans. 

Première moto trouvée dans une grange à 17 ans

Le Gardois n'avait que 17 ans lorsqu'il a acheté son premier deux-roues, une vieille moto dénichée dans une grange. "J'ai voulu en savoir plus sur sa construction, pourquoi elle ne ressemblait pas aux motos des années 60", se remémore-t-il. La curiosité ne l'a jamais quitté. À chacune de ses acquisitions, il creuse pour connaître les origines de l'objet. En parallèle, il fait de recherches, lit beaucoup. Il finit même par écrire des livres sur Domazan, sur les deux-roues mais aussi sur le vin, qui a été son métier et qui est maintenant celui de son fils, Guillaume. Ce dernier a d'ailleurs repris les vignes du château de Bosc et s'est converti en bio il y a 10 ans, sans sulfite même pour des vins de garde, grâce à un procédé novateur. 

Claude Reynaud devant la draisienne classée Monument historique depuis 2010. • photo Marie Meunier

C'est un autre sujet et il y en a de nombreux au château qui réunit un parc ornementé de sculptures, le musée des enfants, celui de la moto et bien sûr du vélo. Il est niché au deuxième étage, dans quatre salles qui retracent 200 ans d'histoire du deux-roues. Eh oui, même si l'invention de la roue a plus de 4 500 ans, il a fallu attendre 1817 pour que quelqu'un ait l'idée d'en mettre deux l'une derrière l'autre. Ce n'est qu'au XIXe siècle que la draisienne fait une percée timide en France. La première apparition publique date de 1818, au jardin du Luxembourg à Paris, et ne convainc pas vraiment la presse de l'époque. Il reste très peu de ces deux-roues sans pédale encore aujourd'hui. 

Une draisienne zoomorphe, unique deux-roues classé au Monument historique en France

Claude Reynaud en a plusieurs en sa possession. La plupart demeurent anonymes. Sauf une dont il connaît toute l'histoire. Il s'agit d'une draisienne à tête de cheval, fabriquée vers 1820 par un compagnon du Tour de France charron se dénommant Urbain Alexandre d'Onzain. "Je l'ai achetée il y a 25 ans durant une vente aux enchères. Le ministère de la Culture a eu vent de cette acquisition et m'a consulté. J'ai fait un dossier et c'est encore aujourd'hui l'unique deux-roues français classé Monument historique. J'étais ravi de le faire rentrer au patrimoine national", raconte son propriétaire. Un descendant d'Urbain Alexandre d'Onzain lui a même offert d'autres objets de son ancêtre comme sa canne de compagnonnage ou son chapelet. 

Un arrêté municipal de 1869 interdisant à certaines heures la circulation des vélocipèdes dans Nîmes.

Les draisiennes ont laissé place ensuite aux vélocipèdes dotés de pédales et assemblés de manière moins artisanale. Mais ces nouveaux moyens de déplacement rencontrent quelques réticences. Si on se réjouit aujourd'hui du passage du Tour de France à Nîmes, on était à l'époque beaucoup plus rétifs. En témoigne un arrêté municipal de 1869 où le maire de la cité des Antonin, Gaston Balmelle, avait interdit la circulation des vélocipèdes sur l'itinéraire des omnibus aux heures d'ouverture du Casino. L'édile craignait "de graves accidents et (de) compromettre la sûreté publique". Cela ferait presque penser au cas actuel des trottinettes électriques. En 1869, le commissaire central de police surveillait l'avenue Feuchères, les boulevards de la Madeleine et Saint-Antoine ainsi que le pourtour de l'amphithéâtre, comme on le nommait alors. 

Un vélocipède qui a été propriété d'Yves Montand

Claude Reynaud détient un vélocipède ayant appartenu à Yves Montand. • photo Marie Meunier

Claude Reynaud détient d'ailleurs un vélocipède, véritable objet d'art orné de fines ciselures, qui a appartenu à Yves Montand. La famille du chanteur l'a cédé comme sa maison à Saint-Germain-en-Laye pour payer la succession après sa mort. En 1870, pendant la guerre, beaucoup de fabriques de vélocipèdes qui se trouvaient à Paris ont été bombardées, ce qui a stoppé pendant une dizaine d'années la production. La mode du vélo est revenue avec le grand bi, qui là encore, a posé quelques problèmes de sécurité. Sa hauteur peut rendre la chute plus brutale... La période 1895-1900 a aussi vu apparaître les premières motos. "Petit à petit, on a réduit le diamètre des roues pour diminuer la dangerosité. Sont nées les premières bicyclettes", relate le collectionneur. 

L'impression grand bi. • photo Marie Meunier

Entre 1900 et 1960, la forme du vélo d'aujourd'hui a peu évolué. Ce qui a changé, ce sont les matériaux. Dans une autre pièce, Claude Reynaud a entreposé plusieurs cyles qui ont appartenus à de grands champions accoutumés du Tour de France. On peut citer un vélo de contre-la-montre de montagne datant de 1966 sur lequel a pédalé Jacques Anquetil ou encore un de la marque Mercier où est peint sous la gaine de câble de frein le nom de Raymond Poulidor. Une pièce très rare car "l'éternel second" n'avait que deux vélos pour la saison. Et c'est loin d'être le seul trésor dans cette antre dédié à l'univers de la petite reine, dont le propriétaire en connaît un rayon.

Le vélo de Jacques Anquetil, gravé de ses initiales. • photo Marie Meunier

Informations

Le Château de Bosc, 651, chemin du Bosc, à Domazan, est ouvert tous les jours pendant les vacances scolaires de 14h à 17h30. Sinon les mercredis, week-ends et jours fériés aux mêmes horaires jusqu'au 31 mai, et tous les jours de 10h à 19h du 1er juin au 30 septembre. Tarifs : 9€ pour les adultes et 6,50 € pour les enfants de 3 à 13 ans.

Marie Meunier

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